Vers la concrétisation d’un projet qui devrait transformer le ciel algérien

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Par Zine Haddadi
Dans sa quête de transformer son secteur de transport aérien, l’Algérie a relancé il y a deux jours un important projet en partenariat avec l’Espagne, qui l’aiderait fortement à atteindre ses objectifs en la matière.
C’est lors d’une réunion présidée, avant-hier, par le ministre des Transports Said Sayoud, en présence de l’ambassadeur d’Espagne en Algérie que la société espagnole Indra spécialisée dans la technologie d’infrastructures et l’Etablissement national de navigation aérienne ont évoqué la relance de leur projet signé en 2018 portant sur la modernisation de la gestion de l’espace aérien.
Les deux parties avaient signé en février 2018 un contrat de 47 millions d’euros qui prévoyait la rénovation des centres de contrôle, de communication et de surveillance radar.
Alors que le projet est passé par plusieurs années de gel pour des raisons de divergences de vue, Indra et l’ENNA œuvrent pour trouver une base solide pour la finalisation.
Indra qui ambitionnait en 2018 de renouveler complètement l’ensemble du système de gestion du trafic aérien en Algérie dans le cadre de l’accord signé avec l’ENNA n’avait pas pu aller au bout de son projet.
La rencontre de lundi est justement censée permettre la relance de ce grand projet dans un contexte de notable embellie des relations diplomatiques entre l’Algérie et l’Espagne.
Une technologie de pointe pour gérer le trafic aérien
Le projet en question devait faire de l’Etablissement national de la navigation aérienne l’un des prestataires de services de navigation aérienne les plus compétitifs au monde grâce à la technologie, fournie par Indra, qui lui permettrait de proposer un service de navigation au même niveau que les nations les plus avancées du monde.
La relance de ce projet offre des perspectives intéressantes à l’Algérie. Indra avait proposé un système intégré de gestion du trafic aérien exploité par l’ENNA avec des outils de dernière génération et des capacités optimales pour planifier et organiser le trafic dans l’espace aérien du pays. Le système utilise la même technologie et les mêmes capacités que d’autres systèmes mis en œuvre par Indra en Europe et est conçu pour répondre largement aux exigences strictes de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
Avec sa technologie, Indra offre à l’Algérie la possibilité de gérer plus de vols à un coût moindre avec des niveaux de sécurité dépassant largement les normes internationales les plus exigeantes. La concrétisation du projet permettrait à l’Algérie de rentabiliser au mieux sa position géographique stratégique en tant que zone de passage obligatoire pour les routes reliant les continents européen et africain.
Le système fourni par Indra dans le cadre de son projet en Algérie propose des itinéraires plus précis pour les avions, ce qui réduirait les émissions de CO2 tout en aidant à améliorer la gestion du trafic dans les aéroports du pays.
Dans le cadre des travaux prévus par le projet, il est prévu de moderniser le centre de contrôle régional d’Alger et de déployer un nouveau centre à Tamanrasset. Il a également été question d’une rénovation des systèmes des centres de contrôle d’approche d’Alger, Annaba, Constantine, Oran et de Hassi Messaoud. Pour faciliter l’adaptation au nouveau système d’automatisation et former les contrôleurs, la compagnie espagnole avait prévu de fournir à l’ENNA deux simulateurs de gestion du trafic aérien.

Indra, un leader mondial habitué de l’Algérie
Le projet prévoit également l’amélioration de la surveillance dans tout l’espace aérien du pays, pour laquelle Indra a prévu de déployer onze stations radar, équipées de quatre radars principaux et neuf secondaires ainsi que treize stations de surveillance de type ADS-B.
Indra devait équiper dans le cadre du projet en question les postes de travail des contrôleurs aériens de communications vocales numériques de type Garex 300 qui s’appuient sur un vaste réseau de 27 stations satellitaires VSAT, ainsi qu’une trentaine de stations de type VHF et plus de vingt stations de type FH. Il s’agit d’un réseau de communications numériques qui fournit une liaison sol-aire avec les pilotes, assure l’envoi de données des radars aux centres et de contrôle et facilite les communications entre différents centres de contrôle, le tout avec un degré élevé de redondance, qualité et fiabilité.
Leader mondial en matière de technologie de gestion de trafic aérien, Indra comptait déjà en 2018 plus de 4000 installations dans 160 pays. En Algérie, Indra compte déjà une présence dans d’autres domaines que la gestion du trafic aérien.
Avec la modernisation en cours de l’aéroport d’Alger, la relance de ce grand projet de gestion du trafic aérien placerait l’Algérie comme une plaque tournante du transport aérien dans la région. Ces deux projets constituent des atouts de taille d’autant plus que de nombreuses compagnies aériennes étrangères commencent à renforcer le paysage du transport aérien en Algérie tandis que d’autres devraient suivre à l’avenir.
La compagnie espagnole a déjà mené des projets de modernisation comme les systèmes de péage et l’aide à l’exploitation de l’autoroute Est-Ouest, les tunnels de la wilaya de Bouira et la ligne de tramway de Sétif.