Vers l’inscription du henné comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité

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Par Latifa Abada

 

La 19e session ordinaire Comité de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel se réunira du 2 au 7 décembre pour examiner les candidatures de 63 éléments portées par 90 Etats pour inscription sur les Listes de la Convention. Parmi ces candidatures l’inscription du henné comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Parmi ces candidatures, 58 concernent la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Le dossier du henné, intitulé «Le henné : rituels, esthétique et pratiques sociales», a été soumis par l’Algérie aux côtés des Emirats arabes unis, le Bahreïn, l’Egypte, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, la Mauritanie, le Maroc, Oman, la Palestine, le Qatar, l’Arabie Saoudite, le Soudan, la Tunisie et Yémen.

«L’élément henné s’incarne dans une mosaïque de pratiques artistiques, rituelles, cérémonielles et sociales dans tous les Etats soumissionnaires. Le henné est une variété d’arbre à feuilles caduques qui pousse dans les régions chaudes. Ses feuilles, récoltées deux fois par an, sont mises à sécher pendant 10 à 15 jours, avant d’être broyées et transformées au moyen d’une variété de méthodes et d’outils», peut-on lire sur le dossier de candidature.

Les pays soumissionnaires expliquent dans leur démarche que le henné est couramment utilisé par les hommes et les femmes lors des cérémonies de mariage dans tous les pays participants. Lors de ces événements, une soirée est consacrée aux rituels du henné, connue sous le nom de «la soirée du henné». Ces rituels peuvent parfois durer plus d’une soirée. Le henné est également associé à plusieurs artisanats traditionnels, notamment la fabrication de paniers à partir des branches d’arbres à henné et le tannage du cuir à partir de feuilles de henné broyées.

 

Les vertus médicinales

Les feuilles et la pâte de henné sont toutes deux utilisées dans le traitement de certaines maladies de la peau. Les communautés des Etats soumissionnaires, citent que leur population utilise également le henné à des fins médicinales pour soigner les talons crevassés causés par le travail agricole et le pacage, pour soulager la fièvre et les maux de tête et pour dissimuler les cheveux gris.

Sur le volet «durabilité environnementale», les 16 pays soutiennent que les activités associées à l’élément du henné ont contribué à l’utilisation efficace de nombreuses ressources environnementales locales et à leur durabilité, y compris l’utilisation de plantes locales comme additifs à la pâte de henné, tels que le citron vert séché, l’hibiscus, le ziziphus, le café, l’écorce de grenade, le thé, le musc, les clous de girofle et l’eau de fleur, qui donnent au henné la couleur souhaitée.

Parmi les mesures de sauvegarde cité par l’Algérie pour la préservation de ce patrimoine, des réunions et des ateliers organisés dans plusieurs villes algériennes, notamment celles de Médéa, Béjaïa, Ouargla, Biskra et Timimoun.

«Les rituels et les pratiques du henné s’accompagnent souvent de différentes formes d’expressions orales telles que le chant, la chanson, les proverbes et la poésie. Les pratiques associées au henné sont anciennes et ont été transmises de génération en génération dans tous les pays participants. Elles comprennent les connaissances liées à la culture et à l’entretien de l’arbre à henné, au séchage et au broyage des feuilles de henné, à la préparation de la pâte de henné et aux méthodes utilisées dans le cadre de son utilisation artistique», précise la demande de candidature.

La Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité reconnaît et promeut la diversité des pratiques culturelles et savoir-faire portés par les communautés. Elle compte à ce jour 611 éléments pratiqués dans 140 Etats. L’inscription incite toutes les parties prenantes à mettre en œuvre des actions de sauvegarde en lien étroit avec les pratiquants.

Pour rappel, l’Algérie a déposé une demande auprès de l’Unesco, pour l’inscription du dossier «Costume féminin de cérémonies dans le grand Est algérien : savoirs et savoir-faire associés à la confection et à la parure de la gandoura et de la melehfa», sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.