/Le marché de la téléphonie mobile en Algérie connaît une agitation ces dernières semaines. En effet, les prix des Smartphones ont chuté après avoir connu une flambée vertigineuse juste après la fermeture des frontières en raison de l’épidémie du Coronavirus en 2020.
Afin de connaître les raisons qui ont fait que leur valeur s’écroule subitement, nous nous sommes rendus à Belfort, un quartier de la commune d’El-Harrach, connu pour être la destination de tous ceux et celles qui souhaitent réaliser de bonnes affaires grâce aux nombreux magasins et aux bazars consacrés aux produits high-tech. C’est dans la matinée d’hier que nous avons débarqué dans le grand boulevard. Sans surprise, il n’y avait pas grand monde, moins que d’habitude en tout cas. Une fois sur place, notre tournée des boutiques a commencé avec comme objectif d’essayer de savoir ce qui a changé ces derniers jours pour que les vendeurs soient obligés de revoir les prix de leurs produits à la baisse.
«L’effondrement du pouvoir d’achat, la raison principale»
Parmi ceux qui nous ont accueillis dans leur boutique, figure Karim. A bientôt 40 ans, il est dans le domaine depuis plus d’une décennie. Interrogé à propos des raisons de la chute des pris, il nous a dit : «Les Smartphones ont perdu de 5% à 20% de leur valeur, donc on peut dire que c’est une chute considérable. Pour être franc, un tel scenario était prévisible. Il y a eu une immense baisse de la demande depuis plusieurs mois déjà, ce commerce demeure encore dans une phase de stagnation sans précédent marquée par une offre beaucoup plus importante comparée à la demande. Cela nous a obligés, nous les commerçants, à réduire les tarifs appliqués sur les différents types de téléphones après avoir tiré la sonnette d’alarme à maintes reprises. A ce rythme-là, beaucoup seront obligés de changer de domaine car nous avons beaucoup de frais comme le loyer, le transport de la marchandise… Certains ont des employés qu’ils doivent payer à chaque fin du mois et si nous ne parvenons pas à redresser la situation, nous serons obligés d’opter pour une autre activité.» Notre interlocuteur ne s’est pas arrêté là, puisqu’il a ajouté : «La baisse appliquée aux prix relève principalement de l’effondrement du pouvoir d’achat. De nos jours, changer de téléphone portable n’est plus une priorité et c’est compréhensif. La chute des prix a coïncidé avec l’arrivée du mois de ramadan où les dépenses doublent. Dans quelques heures, il y aura un nouvel événement incontournable : l’Aïd El Fitr. Les gens auront des dépenses supplémentaires puisqu’il faut de nouveaux habits pour les enfants, des gâteaux, etc. ce n’est pas la bonne période pour vendre nos produits.»
«L’achat en ligne et la levée des taxes sur l’importation ont aggravé la situation»
Même si la majorité des vendeurs que nous avons rencontrés ont été du même avis que Karim en affirmant que l’effondrement du pouvoir d’achat est la principale raison de cette situation, ils n’ont pas hésité à avancer d’autres arguments. Pour Sofiane, «ce phénomène a surgi suite à la levée des taxes sur l’importation par des particuliers via les colis postaux». Et d’enchaîner : «De nos jours, vous pouvez acheter un Smartphone tout en restant chez vous. Il suffit juste d’avoir une carte Visa ou MasterCard. Vous vous rendez sur les sites internet mondiaux tels qu’Aliexpress, Amazon ou eBay pour choisir votre produit, le payer puis attendre à ce qu’il vous soit livré jusqu’à ce votre domicile.» Il faut préciser aussi que la reprise des vols ces derniers temps a permis l’entrée de différents types de téléphones intelligents en quantités importantes. «Grâce à l’importation «cabas», l’offre est devenue importante par rapport à la demande. De ce fait, le faible ratio des achats a donc entraîné la baisse des prix enregistrée à l’heure actuelle», nous dira Ayoub d’un air amer.
Les réparateurs, les grands gagnants !
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Si les vendeurs ont été affectés par cette baisse des prix, les réparateurs, eux, en sont les plus grands bénéficiaires. En effet, nombreux sont ceux qui préfèrent de nos jours réparer leur téléphone mobile plutôt que d’en acheter un nouveau. Karim que nous avons rencontré en premier à Belfort nous l’a confirmé : «Aujourd’hui, c’est les réparateurs qui se frottent les mains et qui sont les grands gagnants car les gens optent pour une réparation plutôt qu’un nouvel achat. La réparation revient moins chère et ça les arrange. A une certaine période, les réparateurs étaient dans l’impasse mais ce n’est plus le cas maintenant, beaucoup se sont relancés et ont pu faire de bons chiffres d’affaire. La pièce est disponible et à un bon prix, donc on préfère retaper son Smartphone à plusieurs reprises plutôt que de s’en offrir un neuf. C’est des choix et chacun fait ce qui l’arrange le mieux. Je suis dans le domaine et je vois que ces derniers temps les réparateurs sont plus sollicités que les vendeurs.»
Samsung et Apple toujours en tête d’affiche
Pour ce qui est de la baisse des prix, il faut savoir que toutes les marques ont été touchées. Ainsi, l’appareil qui coûtait 28 millions de centimes est à 24 millions à présent et là c’est du iPhone 13 Pro Max qu’il s’agit. Même s’ils sont destinés à une catégorie spéciale, les produits de la marque américaine Apple sont les plus demandés. Son concurrent direct n’est autre que Samsung avec sa série Note et Galaxy. Pour concurrencer leur rival, les Asiatiques peuvent compter sur le Galaxy S20 Ultra dont le prix est de 167.000 dinars. Celui du Samsung Z Flip 3 varie entre 166.000 DA et 138.000 DA. Dans la gamme moyenne, c’est Oppo et Xiaomi qui se partagent le marché. Le Reno 6, lancé il y a quelques mois est disponible à 76.000 DA et c’est la tête d’affiche de la marque Oppo. Xiaomi, eux, disposent de plus de choix. Le Xiaomi 11T 5G coûte 77.500 DA pour la version Ram 8 Go et 256 Go et 72.500 dinars pour le 128 Go. Le prix du Poco X4 Pro 5G est de 53.400 DA. Tous ces téléphones revenaient à des prix plus élevés, leur valeur a baissé mais sans que cela relance leur vente jusque-là. C’est en tout cas le constat fait lors de notre virée au paradis de la téléphonie mobile.
F. C.
