Virée à la cité universitaire pour filles d’Ouled Fayet : «Le drame de Boudouaou ne doit plus se reproduire»

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/Un nouveau (mé) fait a animé l’actualité ces derniers jours ! Le week-end passé, plus exactement dans la nuit du vendredi au samedi, quatre étudiantes ont été sauvagement agressées par un groupe d’individus dont un maçon de 31 ans qui exerce dans un chantier voisin et qui était armé d’un marteau, a pris d’assaut la résidence universitaire Aïcha Chenoui à Boudouaou. Les services de sécurité, ayant été contactés assez rapidement, ont vite appréhendé les agresseurs.

Quelques jours après cet incident, nous nous sommes rendus à Ouled Fayet, une commune connue pour ses résidences universitaires réservées aux filles puisqu’il y en a trois dont une en travaux suite au drame qui a eu lieu l’année passée. Une fois sur place, nous avons réussi à accoter quelques étudiantes. La première que nous avons approchée poursuit ses études à l’ENS Bouzaréah. Répondant au nom de Mounia et originaire de Tizi Ouzou, elle nous a dit à propos de l’incident du week-end passé : «J’ai appris ce qui s’est passé une fois que l’information a été partagé sur les réseaux sociaux. C’est inacceptable. En tant qu’étudiante, je déplore ce qui s’est passé et je suis solidaire avec les victimes de ce lâche comportement.»

«Ici, je ne me sens pas en danger»

Et d’ajouter : «Pour être franche, personnellement, je ne me suis jamais sentie en danger. Je ne suis pas à ma première année, il n’y a jamais eu d’incident ici. Je me sens en sécurité et je ne suis pas la seule puisque mes amies ne m’ont jamais fait part d’une quelconque inquiétude. J’espère que la sécurité sera renforcée en dehors de la capitale pour que nous n’ayons plus à entendre parler de tels incidents à l’avenir. Pour ce qui est de la vie dans les résidences universitaires, elle n’est pas si dure. S’il y a une chose à améliorer, je dirais que c’est la restauration et l’hébergement. Il faut faire des efforts pour que nous soyons dans de meilleures conditions. Certes, les repas sont assurés mais on peut espérer mieux. Les lits et les matelas doivent être changés, les blocs, quant à eux, ont besoin d’être rénovés et entretenus.» Même constat fait par Soumeya, native d’Aïn Defla. «Je peux dire que je suis ancienne dans la résidence universitaire, je fais une licence d’anglais et côté sécurité, je n’ai aucun reproche à faire. Nous nous sentons en sécurité. À Ouled Fayet, les agents veillent au grain pour qu’aucun dépassement ne soit enregistré et ils sont à remercier. Pour ce qui est de l’incident de Boudouaou, bien sûr que nous regrettons ce qui s’est passé. C’est malheureux d’en arriver là. Ce n’est pas facile pour des jeunes filles de vivre une telle mésaventure, un incident commis dans un lieu censé être très bien sécurisé. Je souhaite un prompt rétablissement aux blessées, j’espère que ça servira de leçon et que la sécurité soit plus renforcée en dehors de la capitale. Il faut se mettre à la place des filles, que ressentent-elles à présent ? Ce qu’elles ont vécu est tout simplement affreux. J’ai aussi une pensée pour les membres de leurs familles, à ceux des étudiantes hébergées dans cette cité. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Donc en mon nom et au nom de toutes celles qui étudient loin de chez elles, nous souhaitons que la sécurité soit meilleure pour que nous n’aurons jamais à vivre une telle situation. Ceux qui ont osé faire ça doivent écoper d’une lourde sanction afin qu’ils servent d’exemple.» Pour ce qui est de la vie quotidienne dans la résidence universitaire, elle a révélé : «Il y a des progrès à faire notamment côté hébergement et dans la restauration. Des travaux d’entretien s’imposent au niveau de certains bâtiments. Des fois, nous sommes confrontés au problème de l’absence d’eau chaude et c’est un peu gênant, donc nous lançons un appel pour qu’une solution soit trouvée.»

«Ce qui s’est passé à Boudouaou est un cas isolé»

En plus des étudiantes, nous avons pris attache avec une employée de la résidence universitaires d’Ouled Fayet et cette dernière a longtemps hésité à se confier avant d’accepter de le faire sous couvert de l’anonymat. «Après ce qui s’est passé ces derniers jours à Boudouaou, je préfère ne pas révéler mon identité. Pour répondre à vos questions, sachez qu’il n’y a jamais eu de problème d’insécurité dans notre résidence, ni dans les autres de la capitale. Dieu merci, la situation est sous contrôle et tous ceux qui exercent dans ce domaine font de leur mieux pour bien accomplir leur mission. Ce qui s’est passé dans la wilaya de Boumerdès est un acte isolé. Il ne faut pas dramatiser, mis à part cette agression il n’y a jamais eu de problème ni à Alger ni dans une autre région.»

Portes fermées à 19h

Ce qu’il faut savoir de la vie que les étudiantes mènent dans ces résidences, c’est qu’elles sont obligées de regagner leur lieu d’hébergement avant 19h. Pour accéder à la cité, il faut bien évidemment présenter un badge. Par contre, une étudiante peut ne pas passer la nuit dans sa chambre sans avoir de comptes à rendre à personne. «Les filles sont majeurs et vaccinées, elles peuvent mener la vie qu’elles veulent sans avoir aucun problème avec la direction des cités universitaires. Si l’une d’elles ne se présente pas pour passer la nuit dans sa chambre, elle ne sera pas inquiétée car aucune loi n’exige leur présence», nous a révélé l’une des filles que nous avons croisées hier en fin de matinée.

Dans les résidences universitaires pour filles, les portes se ferment quotidiennement à 19h. Si une étudiantes se présente après cette heure, elle sera autorisée à rentrer mais sa carte d’étudiante sera confisquée par les agents de sécurité et elle sera appelée à la récupérer au niveau de l’administration. Une fois qu’elle se présentera, elle sera appelée à s’expliquer sur la raison de son arrivée tardive à son lieu de résidence et un avertissement lui sera adressée. En cas de récidive, elle risque tout simplement l’exclusion à moins qu’un des membres de sa famille se présente en sa compagnie. C’est ce que nous avons appris d’une source officielle. Cette dernière nous a révélé qu’il y a des exceptions puisqu’une étudiante en médecine à qui il arrive de travailler le soir ou une athlète qui pratique du sport peuvent obtenir une dérogation pour rentrer tardivement. Elles ne seront délivrées bien sûr qu’avec un ordre de mission dans le cas où la personne concernée exerce dans le domaine médical. Les sportives sont appelés également à obtenir une lettre de leur club pour avoir ce «privilège».

F. C.