Virée chez les éleveurs de moutons

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Aid El Adha plus de 2000 vétérinaires mobilisés

/A l’image de ceux de la volaille, les prix de la viande rouge ont grimpé ces derniers temps, ceux du bétail aussi qu’il soit destiné à l’abattage ou à l’élevage ! Cette situation fait craindre le pire aux citoyens à quelques semaines seulement du ramadan.

Au moment où plusieurs options sont étudiées par les responsables de ce secteur afin de faire baisser le coût des moutons, aucune solution n’a été trouvée pour l’instant. Le fait que les prix continuent de monter en est la preuve. Par ailleurs, il faut souligner que la vente a été autorisée une nouvelle fois par les autorités après que les marchés ont été suspendus durant plusieurs semaines à cause de la crise sanitaire et la hausse actuelle des prix n’a rien à avoir avec le Covid. En effet, si les prix ont flambé, c’est pour d’autres raisons, en tout cas c’est que nous avons pu comprendre suite à notre virée au niveau de quelques points de vente dans l’Ouest de la capitale. Durant notre sortie, le constat a été facile à faire, le bétail est disponible mais sans pour autant qu’une grande activité soit enregistrée. Il faut souligner aussi que ce n’est pas la période des fêtes qu’elles soient religieuses ou civiles.

Voici les prix actuels du bétail

Afin d’avoir une idée bien précise des prix, mais aussi des raisons qui ont fait qu’ils ne cessent d’augmenter, nous nous sommes rendus à Ouled Fayet, une commune de la capitale connue pour ses points de vente à longueur d’année et non pas uniquement à l’approche de l’Aïd El Adha. Durant la visite, plusieurs éleveurs nous ont reçu et le moins qu’on puisse dire est que les prix étaient presque les mêmes. En tout cas, il n’y avait pas une grande différence, à peine 2000 DA. Les moutons ayant un an ou un peu plus sont vendus à 35.000 DA, leurs prix peuvent monter jusqu’à 45.000 DA. Ceux qui sont un peu plus âgés sont proposés à 45.000 / 60.000 DA. Tandis que ceux qui sont destinés aux mariages et aux autres évènements comme pour fêter une naissance sont les plus chers. Leur prix peut aller jusqu’à 80.000 DA. D’après ce que nous avons pu apprendre également, les prix n’ont pas beaucoup augmenté ces dernières semaines puisque la hausse varie de 3000 DA à 5000 DA, pas plus. Pour certains, une telle somme n’est pas conséquente mais pas pour les vendeurs car elle peut faire annuler plusieurs opérations de vente.

Flambée des prix de l’aliment de bétail, la raison de la hausse des prix

Voulant comprendre pourquoi les prix du bétail ne cessent d’augmenter notamment ces derniers temps, les éleveurs ont été unanimes à dire que c’est dû à la hausse des prix de l’aliment. En effet, une botte de foin était achetée il y a quelques années à 800 DA, aujourd’hui elle vaut 1800 DA. C’est ce qui nous a été confié ; et ce n’est pas tout. «Tous les prix ont augmenté, nous ne pouvons plus les acheter à de tels tarifs sans que les prix des moutons et des bœufs ne soient revus à la hausse. Le commerce nous l’impose et nous sommes dans l’obligation de nous adapter, c’est pour cette raison peut être qu’il y a eu une hausse au niveau des prix», nous ont déclaré les propriétaires des lieux. En plus du coût de l’aliment de bétail, l’autre raison qui a fait que les prix grimpent, c’est le manque d’importation. Dans le cas où il y aura à l’avenir des arrivages de viande rouge ou de moutons, c’est clair que le prix du bétail ne restera pas au même niveau.

L’Etat augmente la ration d’orge subventionnée

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a annoncé hier dans un communiqué l’augmentation de la ration d’orge subventionnée pour le mois de février en cours, afin de permettre aux éleveurs d’ovins, de camelins et d’équins de disposer de quantités plus importantes en aliment du bétail. Ainsi, la ration d’orge octroyée au cheptel ovin qui est de 300 grammes actuellement passe à 600grammes/jour/brebis. La ration journalière du cheptel camelin reste inchangée, soit deux kg/jour/chamelle, alors que celle du cheptel équin qui est actuellement de deux kg passera à quatre kg/jour/tête. La distribution des quantités supplémentaires d’orge se fera sur la base d’une liste des éleveurs, établie par les commissions locales selon les procédures en vigueur, souligne la même source. Cette liste sera transmise aux coopératives des céréales et des légumes secs chargées de distribuer l’aliment du bétail subventionné par l’Etat aux éleveurs concernés qui peuvent aussi bénéficier d’aliment à base d’orge dans le cadre du partenariat de la triangulaire (Onab-Alviar-éleveurs), ajoute le ministère.

«A l’approche du ramadan, c’est sûr que les prix grimperont encore»

Parmi ceux qui nous ont accueillis dans leur espace de vente figure Slimane. Ce quadragénaire a toujours fait de l’élevage de bétail son métier, c’est en tout cas ce qu’il nous a fait savoir. «Depuis mon jeune âge, je n’ai fait que ça : vendre du bétail. Nous le faisons de père en fils, on a ce métier dans le sang. Mon grand-père est né ici à Ouled Fayet ; pour vous dire que nous sommes des anciens ici et nous avons vécu tous les changements qu’a connus la ville.» A propos des prix actuels du marché, il nous a dit : «Pour être franc, je ne vois pas que les prix ont beaucoup augmenté. Il y a une légère différence par rapport aux derniers mois, une différence qui ne se ressent presque pas. Oui, c’est vrai que les prix ont augmenté et ne cessent d’augmenter mais pas au point de tirer la sonnette d’alarme. Par contre, il faut s’attendre à ce qu’il y ait une flambée lors des mois à venir, le ramadan approche.»

«Il faut s’attendre à ce qu’ils chutent après la 1re semaine du mois sacré»

Slimane ne s’est pas arrêté là. «Les prix, ajoute-t-il, vont certainement grimper avant le ramadan et ça restera ainsi durant la première semaine du mois sacré, mais ça ne durera pas une éternité. Tout finira par rentrer dans l’ordre par la suite car la demande baissera et ce sera aussi le cas pour les autres aliments et non pas les viandes uniquement. Personnellement, j’ai assez d’expérience pour dire que les prix chuteront une nouvelle fois après la première semaine. S’il y a de la viande importée, c’est sûr que ce scénario pourrait ne pas être envisagé. S’il y a  assez de quantité de viande sur le marché, il se peut que les prix ne soient pas élevées». Comme à chaque année, l’approche du ramadan, tout le monde est en état d’alerte car à chaque fois il y a des débats sont lancés concernant les prix et pas uniquement ceux des viandes.

«Il est trop tôt pour parler de l’Aïd El Adha»

Interrogé sur Aïd El Adha, notre interlocuteur nous a répliqué : «Personne ne sait ce qui va se passer lors des prochaines semaines et encore moins dans quelques mois. Cette fête est encore loin, donc je ne peux pas imaginer un scénario. L’an passé, des moutons ont été vendus à 60.000 DA, ce qui est exagéré, je trouve. Je suis un éleveur et je n’ai pas peur de le dire, l’année passée les prix ont beaucoup flambé sans raison et ne venez surtout pas me dire que c’est à cause de la crise sanitaire. Il y a des marchés un peu partout à Alger ainsi que dans toutes les autres wilayas, il y a eu assez de moutons en vente et ça n’a pas empêché que les prix soient exorbitants. J’espère que cette année sera meilleure que la précédente.» En attendant que les prix se stabilisent et peut être même baissent une nouvelle fois, le marché du bétail continue de fournir le produit nécessaire mais à des sommes qui ne sont pas à la portée de tout le monde.

F. C.