Washington tourne la page Zelensky

0
272
JIM LO SCALZO/UPI/MAXPPP - Ukraine President Volodymyr Zelensky meets President Donald Trump in the Oval Office at the White House in Washington DC on Friday, February 28, 2025. Trump and Zelensky are expected to discuss options for U.S. support for Ukraine's security and establishing a joint economic fund. Photo by Jim Lo Scalzo/UPI

Par Djilali B.

 

Washington semble avoir tranché la question ukrainienne et tourné la page Zelensky. Trois responsables américains ont abordé le sujet hier pour défendre l’option du président Donald Trump pour la paix en Ukraine, pour brocarder la méthode «vide» des soutiens européens à l’Ukraine, réunis à Londres, et enfin pour exclure le président Zelensky qui s’est avéré, à Washington, n’être pas l’homme qui cherche la paix et les intérêts de son peuple.

Le chef de la diplomatie américaine a estimé hier, partant de l’analyse du comportement de Volodymyr Zelensky à Washington, qu’il était animé d’une volonté de «parasiter» le processus de paix initié par le président Trump. Marco Antonio Rubio a indiqué qu’on ne peut pas aboutir à la cessation des hostilités sans s’asseoir à la même table pour négocier. Le responsable américain accusera le président ukrainien de vouloir poursuivre la guerre considérant qu’il est trop tôt de mettre sur la table les garanties sur la sécurité pour l’Ukraine alors qu’il est utile de prendre d’abord langue avec l’adversaire. Rubio a insisté sur ce préalable et celui d’écouter aussi les conditions de Moscou. Le Secrétaire d’Etat à la défense, bon soldat de l’administration et adepte de la méthode Trump, a, lui, enterré, politiquement, le président ukrainien, estimant qu’il n’est pas un responsable avec lequel «on peut travailler» au moment où sa succession et ses potentiels successeurs sont autour de la table et font l’objet de discussions.

Par ailleurs, le conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz Chael, a enfoncé ses homologues européens, sans doute les quinze, pilotés par la France et le Royaume-Uni, réunis à Londres pour discuter des garanties de sécurité réclamées par l’Ukraine, en disant, alors qu’il avait pris attache avec eux, qu’aucun d’eux n’a fourni une idée sur les moyens d’aboutir à un cessez-le-feu. Selon lui, ils ne sont pas disposés à travailler pour un cessez-le-feu.

Les Européens veulent en fait envoyer des troupes sur le sol ukrainien avec le risque de faire des provocations et saper l’éventuel accord de paix, garanti par les Etats-Unis. Il rejoint ainsi l’avis du ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, qui a déclaré que la présence de troupes européennes en Ukraine n’est pas une manière de s’attaquer aux raisons qui ont conduit à l’opération spéciale. Surtout lorsque l’on sait que le divorce entre l’UE, le Royaume-Uni et la Russie est consommé. Particulièrement entre Moscou, Londres et Paris. Londres n’est pas un partisan de la paix, il est derrière le recul de Zelensky sur l’accord d’Istanbul conclu entre Russes et Ukrainiens. La France d’Emmanuel Macron est accusée de tergiversations et d’être versatile dans ses positions. M. Lavrov a tranché en disant que l’Europe persiste à inciter le pouvoir de Kiev à la guerre. Cela, au moment où, a-t-il souligné, Washington a déclaré vouloir mettre fin au conflit.

 

Escalade

Toutefois, face à cette claire volonté d’escalade qui a nourri les partisans de l’Ukraine, plutôt les soutiens du président Zelensky, qui se recrutent dans l’UE et Londres qui a quitté l’Union, des voix parmi les 27 ont quitté les rangs pour rejoindre le chœur de la paix.

Les lézardes dans les murs de la maison Europe sont clairement apparues lors du récent sommet de Paris qui a réuni… huit membres de l’UE et le Royaume-Uni. D’où l’appel, hier, de la présidente du gouvernement italien, Giorgia Meloni, à l’unité de l’Union, d’éviter les divisions et la compréhension, in fine, du va-t-en guerre anglais, Keir Starmer du choix de ceux qui ont volontairement manqué le rendez-vous d’hier. Il a reconnu que certains pays ont choisi de ne pas rejoindre les 15. L’objectif est, selon lui, d’élaborer un plan de paix à présenter à Washington. La situation économique, notamment son industrie militaire, ses divisions internes et le nouveau train de sanctions à imposer à la Russie ont eu leur part de débats houleux. En cause, deux raisons : la hantise du retrait d’un contingent militaire américain présent sur le continent pourrait affaiblir l’Europe, militairement déjà en panne, sans le soutien de Washington. De nouvelles sanctions contre la Russie vont aggraver la crise économique qui n’a épargné aucun des pays engagés dans cette stratégie édictée par l’administration Biden.

Pendant ce temps, ont précisé Serguei Lavrov et un responsable de la Maison Blanche, cités par les médias, Russes et Américains poursuivent leurs discussions au niveau diplomatique et des experts. Alors que l’Europe occidentale continue de s’enfoncer dans l’impasse.