Yacine Ould Moussa : «La sécurité alimentaire ? La menace est réelle»

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/Au lendemain des mesures prises par le Président Tebboune afin d’assurer la sécurité alimentaire des Algériens, l’expert en agriculture, Yacine Ould Moussa, revient sur cette menace et formule quelques idées pour réduire notre dépendance du marché international.

Face à la hausse des prix et la forte tension sur les produits agricoles sur le marché international, Yacine Ould Moussa, estime nécessaire de marquer la rupture avec «ces politiques d’urgence, de mesures conjoncturelles» pour mettre en place une politique publique plus structurante et plus puissante permettant de développer le secteur de l’agriculture. Selon Ould Moussa, la dépendance de l’Algérie du marché international constitue «une menace réelle à la sécurité alimentaire des Algériens». «70% de notre consommation est importée. Il est temps pour que notre agriculture trouve une place définitive, importante, conséquente et consistante de notre stratégie de développement. Il est également question d’afficher le rôle de l’agriculture dans le développement économique et social du pays pour les prochaines années comme grand vecteur de croissance», a-t-il affirmé lors de son passage à la radio nationale.  Avec 8 millions d’hectares dont 3 millions consacrés à la céréaliculture, l’Algérie dispose d’un foncier agricole important lui permettant de satisfaire une grande partie de sa consommation interne, mais l’immensité de cette richesse naturelle n’est pas traduite sur le terrain par une production importante de produits agricoles. Pour le développement de l’agriculture, l’expert identifie de nombreux facteurs importants à prendre en considération dans l’analyse de la situation du secteur. Il cite entre autres, l’inefficience des politiques publiques, la taille des terres agricoles et leurs statuts entre propriété de l’Etat, privée et des archs, la faiblesse de la pluviométrie, et les pratiques culturales traditionnelles. Pour cela, il estime nécessaire d’élargir le foncier agricole dont «75% des terres ne dépassent pas les 10 hectares», ce qui est «incompatible avec les investissements importants et l’adoption des technologies pointues pour améliorer la production»,  explique-t-il.  Outre la résolution de la question du statut des terres agricoles, pour grandir la superficie, il est important de résoudre la problématique de l’eau qui impacte la production locale. Pour cela, il affirme que les solutions ne relèvent pas de l’ordre de l’impossible et ce avec le développement de la science et la technologie qui offrent des solutions efficaces pour l’amélioration du système d’irrigation et l’encouragement de l’exploitation de l’agriculture saharienne. «L’exploitation de l’agriculture saharienne est très loin de nos capacités. Cette région peut répondre à la demande sur le marché intérieur. Il s’agit donc d’organiser notre économie et notre écosystème et surtout savoir comment articuler l’agriculture pour qu’elle soit une source de valeur», affirme-t-il. 

Valoriser le potentiel naturel et développer les filières stratégiques 

L’urgence aujourd’hui est, selon lui, d’établir une politique publique claire et durable pour le développement des filières stratégiques. «Nous avons les performances de la technologie et nous sommes encore loin d’avoir utilisé toutes ces ressources. Il est également question de la formation et de l’accompagnement des agriculteurs pour revoir nos techniques culturales pour améliorer la productivité sans, toutefois, sacrifier le patrimoine végétale et le patrimoine animal algérien», suggère-t-il. Selon ce dernier, il est temps de sortir d’une agriculture «vivrière» et passer à une agriculture qui réponde à une partie des besoins de la population. «Quand on voit certains déficits dans nos filières de base, il est nécessaire d’engager des réformes permettant de créer cette solidarité cohérente entre toutes les filières stratégiques», indique-t-il avant d’ajouter : «Il faut faire des choix stratégiques à inscrire dans la durée et soutenir l’investissement agricole, mais aussi l’implication de nos universités et centres de recherches dans le développement du secteur.»  Enfin, selon M. Ould Moussa, l’Algérie dispose d’un potentiel important lui permettant d’occuper une place importante si les autorités publiques accordent plus d’intérêt au développement du secteur et mettent en place des politiques de développement à long terme.

  1. B.