La littérature algérienne d’expression française a donné naissance à de nombreuses plumes talentueuses. Parmi elles, l’écrivaine Yamina Mechakra. Alors que son œuvre ne compte que deux romans, elle est considérée comme l’une des meilleures romancières maghrébines. Elle nous a quittés le 19 mai 2013.
PAR DELLOULA MORSLI
C’est à Meskiana , près d’Oum El-Bouaghi, que naît Yamina Mechakra le 17 janvier 1949. Dès son entrée à l’école primaire des filles en 1956, elle se distingue par son imagination féconde. A l’indépendance, la jeune fille rejoint le collège Chanzy à Constantine avant d’être transférée au lycée El-Houria où elle obtient son baccalauréat. Etudiante en psychiatrie à l’université d’Alger, Yamina Mechakra s’est lancée dans l’écriture de son premier roman, « La grotte éclatée », en 1973. Cette période fut marquée par sa rencontre avec Kateb Yacine, qui préfaça d’ailleurs le roman. « Etudiante enthousiaste, ayant pratiqué la médecine sociale et la psychiatrie, elle a écrit ce livre au milieu d’une vie cruelle et tourmentée.
Ce n’est pas un roman, et c’est beaucoup mieux : un long poème en prose qui peut se lire comme un roman », écrit l’auteur de « Nedjma ». Publié en 1979, après de multiples révisions, « La grotte éclatée » se révèle être une œuvre originale et intemporelle. Ce premier roman lui offre la notoriété et la reconnaissance de ses pairs. Bien qu’elle n’ait jamais cessé d’écrire, elle ne publie son second livre « Arris » qu’en 1999. La formation de Mechakra en tant que psychiatre imprègne profondément ses deux romans. Folie, névrose, délire et étrangeté hantent les voix narratives, qu’il s’agisse de l’infirmière dans « La grotte éclatée » ou de la mère dans « Arris ».
Cette exploration des profondeurs de la psyché humaine confère à ses personnages une complexité troublante. Malgré sa brève carrière littéraire, Yamina Mechakra a laissé une empreinte indélébile sur la littérature algérienne. En septembre 2018, le ministère de la culture et des arts lance le premier prix Yamina Mechakra. Il s’agit d’un prix littéraire qui concerne les œuvres d’écrivaines algériennes écrites en arabe, tamazight et en français.
D. M.