Agriculture : vers la régularisation des exploitants sans carte

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Par Zine Haddadi

L’opération de recensement général dans le secteur de l’agriculture servira, en plus du domaine des statistiques, à identifier les agriculteurs et les éleveurs réels travaillant sur le terrain.
C’est en substance ce qu’a déclaré le ministre de l’agriculture Youcef Cherfa en marge de sa visite effectuée mardi dans la wilaya de Skikda.
Dans une intervention, Youcef Cherfa a évoqué la situation des agriculteurs et des éleveurs qui ne sont pas identifiés, notamment ceux qui louent des exploitations agricoles pour produire.
« Mon message pour les agriculteurs, les exploitants de terres agricoles comme les éleveurs, c’est que ceux qui n’ont pas de carte d’agriculteur et qui travaillent par le biais de la location vont bénéficier d’une attestation de recensement », a annoncé le ministre de l’agriculture.
Youcef Cherfa explique de ce fait que les exploitants de terres agricoles, comme les éleveurs qui ne disposent pas de carte d’agriculteur, sont, par le fait qu’ils soient recensés, inscrits d’office dans le fichier national des producteurs auprès des services du ministère de l’agriculture.

L’État veut connaître qui produit et combien il produit

Ces derniers pourront bénéficier des avantages que leur confère la régularisation de leur situation auprès du ministère.
C’est là une grande annonce que fait le ministre, puisque pendant longtemps le problème des producteurs non identifiés s’est posé dans le secteur de l’agriculture. Identifier les producteurs réels permet de quantifier la production et avoir des statistiques fiables sur la production.
Bon nombre de détenteurs de cartes d’agriculteurs n’ont pas de présence réelle sur le terrain tandis que des producteurs effectifs ne disposent pas du fameux sésame et passent par la location.
C’est à cette situation de flou que va mettre fin la régularisation annoncée par le ministre de l’agriculture.
Cette mesure devrait bien évidemment avoir des retombées positives sur le secteur tout entier.
En effet, quand les autorités savent qui produit et avec quelles quantités, cela va mieux aider à la régulation du marché et à lutter contre la spéculation qui provoque de temps à autre des tensions sur certains produits agricoles sur le marché.
Régulièrement, des produits agricoles connaissent une flambée puis une chute vertigineuse en l’espace de quelques jours sans la moindre explication. Les commerçants spéculateurs évoquent souvent l’indisponibilité des produits comme prétexte. L’identification des producteurs et la quantification de leur production devraient mettre un coup de pied dans la fourmilière.
La même chose pour le bétail, qu’il soit bovin ou ovin. Il est important de connaître qui produit et à quelle échelle pour avoir une idée sur la quantité du cheptel national proportionnellement aux besoins en viandes rouges.
Pour la filière des viandes blanches, l’identification et la régularisation des producteurs a été plusieurs fois évoquée par le président de la fédération nationale des éleveurs Ali Benchaiba, lors des flambées des prix du poulet qui ont été enregistrées ces derniers mois.
L’opération de recensement général de l’agriculture va, en plus de donner une visibilité sur les chiffres réels, assurer un deuxième objectif, celui de l’identification des vrais producteurs.

Les mises en garde de Cherfa

Ainsi, les stratégies dans ce secteur à l’avenir seront basées sur des statistiques fiables partant de données réelles.
Cette opération intervient alors que l’Algérie fait de considérables efforts dans le domaine agricole.
L’Algérie peut prétendre à de plus grandes ambitions dans ce secteur quand elle aura, comme elle est en bonne voie de le faire, assuré la maîtrise des chiffres.
Le président de la République lui-même avait évoqué la problématique des statistiques erronées dont disposaient les autorités et qui ont conduit au recensement général dans le secteur de l’agriculture.
Par ailleurs, Youcef Cherfa a indiqué à Skikda que les producteurs ayant bénéficié de graines de semence et de pesticides auprès des organismes publics sont tenus de déposer leur production chez les structures étatiques dédiées à cet effet.
« Le dépôt des productions est obligatoire. Ce sera inscrit dans le cahier des charges. Les agriculteurs qui ne déposent pas leur production ne bénéficieront pas des graines de semence et de pesticides l’année prochaine », a-t-il averti.

Z.H.