« Bâtir une économie non fondée sur la rente pétrolière  » Le grand défi de la diversification

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Hydrocarbures : l’Algérie veut muscler sa production

« L’Algérie œuvre actuellement à bâtir une économie non fondée sur la rente pétrolière… » C’est le message que le président de la République a adressé hier à partir de Lisbonne, lors d’un point de presse qu’il a animé conjointement avec son homologue portugais Marcelo
Rebelo de Sousa.

PAR R. AKLI

L’Algérie , a ainsi affirmé le chef de l’État, veut désormais construire une économie ancrée non plus sur la rente pétrolière, mais sur « le savoir et l’intelligence ». Un message qui, faut-il le souligner, dénote d’une nouvelle orientation que les pouvoirs publics tentent actuellement d’imprimer à la trajectoire économique du pays, en œuvrant pour instaurer un modèle de développement et de croissance moins tributaire de la rente du pétrole et du gaz et axé davantage sur la production nationale et la diversification des revenus du pays à l’exportation.

L’enjeu ciblé en ce sens n’est évidemment pas de tourner le dos au névralgique secteur énergétique national, qui constitue pour ainsi dire l’épine dorsale de la souveraineté économique du pays et, sans doute, son principal avantage comparatif à l’international et son atout essentiel à l’extérieur, dans un monde actuellement en proie aux tiraillements géopolitiques les plus périlleux.

Bien au contraire, l’enjeu est de mettre pleinement et efficacement à profit les atouts énergétiques présents pour amorcer une rupture graduelle et pragmatique avec le modèle économique rentier et financer ainsi que l’instauration d’une économie nouvelle et diversifiée à partir des revenus pétroliers et gaziers dont jouit encore le pays.

D’où d’ailleurs les objectifs affichés par les pouvoirs publics de doubler les exportations de gaz. D’où également le colossal plan d’investissements de 40 milliards de dollars prévu par Sonatrach pour conforter la production pétrolière du pays.

Forte du redressement de ses principaux fondamentaux économiques et financiers,
notamment la reconstitution de ses réserves de change, évaluées actuellement à près de 65 milliards de dollars, soit près de deux ans d’importations, l’Algérie aspire désormais à se servir de cette embellie, née justement des revenus instables du pétrole et de gaz, pour transformer en profondeur les structures de son économie, de sorte à l’affranchir de sa dépendance des hydrocarbures.

Tendances et nouvelles priorités

Les tendances fortes de ce dessein de transition à une nouvelle gouvernance économique commencent d’ailleurs à se dessiner à travers les nouvelles priorités que se fixe le pays à court et moyen termes, à savoir celle d’accéder à une souveraineté numérique en favorisant l’émergence d’une économie de la connaissance et, surtout, la réalisation d’une souveraineté alimentaire par une relance rapide et effective du secteur agricole.

Produire 30 q/ha de céréales, réaliser une autosuffisance en sucre, huiles, viandes et lait, constituent en effet autant d’objectifs clairement assignés aux différentes filières stratégiques de l’agriculture nationale pour parvenir à très court terme à limiter au mieux les besoins du pays en importations.

Une ambition qui passe également par la relance de l’industrie nationale et le développement du secteur des mines, avec la réalisation en cours de grands projets structurants dans cette filière stratégique, à l’instar du mégaprojet de phosphates intégré (PPI) à l’est du pays, de la mine de fer de Gara Djebilet (Tindouf) et du gisement de zinc et de plomb d’Oued Amizour (Béjaïa).

Des projets de grande envergure qui, une fois pleinement opérationnels, devraient donner à l’Algérie un statut plus prépondérant à l’export, tout en lui permettant de diversifier significativement ses revenus en devises fortes.

R. A.