El Hadj M’rizek, une légende du chaâbi disparue trop tôt

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PAR DELLOULA MORSLI

FIGURE EMBLÉMATIQUE de la musique algérienne, El Hadj M’rizek a marqué le genre chaâbi en le faisant sortir de son berceau casbaoui. Retour sur le parcours de cet artiste au talent indéniable. Né Arezki Chaïeb en 1912 à La Casbah d’Alger, El Hadj M’rizek s’intéresse dès son plus jeune âge à la musique. Il est influencé par son demi-frère, l’organisateur de spectacles Mohamed Qhiwdji qui l’initie à la musique et l’encourage à développer son talent. Ce dernier a aidé plusieurs artistes naissants à la fin des années vingt, notamment un certain El Hadj El Anka, père fondateur du châabi. Pour l’anecdote, la fratrie compte également un acteur et humoriste de renom, Rouiched. Après un apprentissage musical classique durant lequel il s’exerce au tar et à la derbouka, la mandoline alto devient son instrument de prédilection.

En 1928, il rejoint une association de musique andalouse où il côtoie le maître Cheikh Ahmed Chitane. C’est là qu’il perfectionne son chant et découvre les richesses de la poésie populaire. Ses aptitudes, caractérisées par une diction claire et un sens inné du rythme, se révèlent rapidement. Sa carrière prend son envol en 1929. Il devient l’un des interprètes les plus adulés de La Casbah, animant fêtes et célébrations. Emmenant le chaâbi en dehors de son berceau historique, il en devient l’ambassadeur auprès d’un large public.

En effet, il se produit dans plusieurs villes du pays comme Dellys, Blida, Cherchell et dans le M’zab. Sa renommée grandissante le mène jusqu’à Paris où il enregistre ses premiers disques, à savoir « Ya taha el amine », « Yal qadi tefraq », Et « Lebla fi el-kholta », à la fin des années 1930. Parallèlement à sa carrière artistique, il s’engage dans le milieu sportif en devenant vice-président du club de football du Mouloudia d’Alger en 1937. À cette équipe, il dédie la chanson éponyme qui fit un grand succès auprès des nombreux supporters des Vert et Rouge. Dans les années 1940, il se tourne vers les chants religieux suite à son pèlerinage et s’initie également à l’écriture poétique.

Malheureusement, la maladie le frappe et l’oblige à s’éloigner de la scène. Il s’éteint à Alger le 12 février 1955 à l’âge de 43 ans. Parti précocement, El Hadj M’rizek reste une référence du chaâbi algérois. Son héritage continue d’inspirer de nombreux artistes et sa musique continue à ravir les amateurs du genre.

D. M.