Fettouma Ousliha…L’art et la mémoire

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Comédienne, musicienne et chanteuse, Fettouma Ousliha est une artiste aux multiples talents. Fille d’un docker et d’une ouvrière, elle grandit à la Casbah durant la guerre de libération nationale, « J’étais adolescente pendant la guerre de libération, j’ai grandi au milieu de la bataille d’Alger », dit-elle. Au vu des conditions de l’époque, Fettouma quitte ses études et cherche du travail pour aider sa famille. Déterminée, elle travaille comme dactylo tout en nourrissant une passion pour le théâtre.

Sa voix puissante et sa présence charismatique attirent l’attention de Mustapha Kateb, alors directeur du théâtre national algérien. Il l’encourage à se lancer dans la chanson, ce qu’elle fit. Elle trouve également du soutien auprès des dramaturges Kaki et Abdelkader Sefiri. En 1963, elle fait ses débuts sur scène dans « L’Oiseau Vert », une adaptation de la pièce de Gozzi, suivie d’une création à caractère social « Deux Pièces Cuisine ».

Son talent s’épanouit et elle enchaîne les pièces théâtrales, à savoir « Le Cercle de Craie Caucasien » de Brecht, « L’Homme aux Sandales de Caoutchouc » de Kateb Yacine, « Le Sang des Justes » sur la révolution armée et une adaptation de « Revizor » de Gogol s’attaquant à la bureaucratie. Ces spectacles rencontrent un franc succès et consolident la réputation de
Fettouma Ousliha en tant que comédienne brillante. En 1972, elle obtient un premier rôle au cinéma dans « le Charbonnier » de Mohamed Bouamari, pour qui c’est également la première expérience de réalisation. D’ailleurs lorsqu’on lui demande le rôle le plus déterminant de sa carrière, elle répond : « Sans conteste Le charbonnier. »

D’abord parce que c’est mon premier film. Ensuite, c’est pendant le tournage de ce film que nous nous sommes connus Bouamari et moi et nous nous sommes mariés. » D’ailleurs, le couple Ousliha-Bouamari offre des pépites au cinéma algérien, à l’image de « L’héritage », « Le refus » ou encore « Premier Pas » en 1979. Sa performance remarquable dans ce dernier lui vaut le prix d’interprétation au festival de Carthage en 1980. Fettouma tourne également dans « L’opium et le bâton » d’Ahmed Rachedi, aux côtés de Jean-Louis Trintignant, Marie José Nat, Jean-Claude Berg, Rouiched, Mustapha Kateb et Sid-Ali Kouiret.

En 2006, elle est à l’affiche du film « Barakate » réalisé par Djamila Sahraoui. Sa toute dernière apparition a été dans le film « Le dernier des fous » du Français Laurent Achard. Pour l’anecdote, elle apparaît dans le clip « petit frère » du mythique I AM, groupe de rap marseillais. Figure incontournable des années fastes du cinéma algérien, Fettouma a également marqué les scènes théâtrales et musicales. Considérée comme l’une des plus grandes de sa génération, elle est la mémoire vivante de tout un pan de notre histoire.

D. M.