Forum du gaz de Doha : Naissance d’un cartel sous le label vert

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/Les enjeux qui entourent la prochaine réunion des pays exportateurs de gaz qui se tiendra demain à Doha, et à laquelle le président Tebboune prendra part, sont multiples et influeront nécessairement sur le marché énergétique mondial. A 48 heures de la tenue de ce 6e sommet du Forum des paysexportateurs de gaz (FPEG), une première mouture des objectifs de la rencontre a été divulguée par la presse locale.

«La mise en place d’un mécanisme de dialogue plus efficient entre producteurs et consommateurs de gaz, à même de stabiliser et de sécuriser l’offre et la demande sur les marchés mondiaux de gaz naturel», lit-on sur les colonnes de la presse qatarie qui semble acter la naissance d’un véritable cartel du gaz à Doha. En effet, en plus des onze pays membres du FPEG dont l’Algérie fait partie, des invités de marque sont attendus pour «muscler» le sommet. Selon la presse officielle iranienne, le président iranien Ebrahim Raïssi devrait se rendre à Doha aujourd’hui. Et même le président russe, Vladimir Poutine, est annoncé comme la Guest Star du sommet. 

Naissance d’un vrai cartel

Va-t-on assister à la naissance d’une alliance du gaz, sur le modèle de l’Opep+ ? Lors d’un forum sur l’énergie tenu, il y a deux ans à Moscou, le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak avait estimé à l’époque que réguler le marché du gaz sur le modèle de l’Opep+ était une idée «rationnelle». L’Opep+ est une alliance entre l’Opep et des pays producteurs de pétrole non-membres de ce cartel tels que la Russie, qui vise à réguler l’offre de pétrole et ainsi maîtriser les prix. Les exportateurs de gaz qui se réunissent demain ont précédemment abordé la question régulièrement au sein du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG).

Contrairement à l’Opep, le FPEG a ses propres contraintes. Il ne fixe pas de quotas de production à ses membres. Avec des prix du gaz qui varient fortement d’un pays à un autre et sur un marché dépendant de gazoducs longs à construire qui lient producteurs et importateurs pour des décennies, un cartel cherchant à contrôler les prix du gaz avait plus de difficulté à s’organiser que pour le marché mondialisé de l’or noir.

Sauf que la récente crise énergétique mondiale et plus précisément européenne a changé quelque peu la donne. Face à la demande grandissante en gaz, les pays producteurs vont cette fois faire bloc pour certainement réaffirmer encore une fois à l’Europe ne pas pouvoir s’engager sur des commandes sans des contrats à long terme. Pour alimenter l’Europe en gaz, les pays producteurs doivent faire d’importants investissements, afin d’augmenter leur production. L’Union européenne (UE) était jusqu’à présent réticente à conclure des contrats de 10, 15 ou 20 ans.

L’UE accorde le label vert au gaz

Or, ce qui pourrait changer la donne c’est la récente décision de la commission européenne d’accorder le label vert au gaz et au nucléaire. Celle-ci a adopté le  2 février dernier un texte visant à créer un « label vert » pour les centrales au gaz afin de reconnaître, sous certaines conditions, leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. Le texte a pour but d’aider à mobiliser des fonds privés vers des activités réduisant les gaz à effet de serre. Il permettra de classer les investissements dans les centrales au gaz en investissements « durables » et leur octroyer les avantages de la finance verte. Un privilège qui était jusqu’ici exclusivement réservé aux énergies renouvelable.  Sachant que les besoins en énergie seront sans cesse grandissant (il pourrait atteindre 30% d’augmentation) et surtout dans le cadre de l’équilibre Carbonne globale de la planète «le gaz naturel sera la seule ressource d’hydrocarbures à faire passer sa part dans le mix énergétique mondial de 23% aujourd’hui à 27%», rapporte le dernier rapport du GECF (groupement des pays exportateurs de gaz).

Quel rôle pour l’Algérie ?

Tout comme l’ensemble de ses homologues, l’Algérie à travers, le PDG de la Sonatrach, a toujours souhaité un engagement à long terme de ses clients, européens notamment. «Les investissements dans la recherche du gaz sont coûteux», avait déclaré à ce propos M. Hakkar dans un entretien à la télé nationale. En plus de son rôle de producteur, notre pays devrait se transformer en véritable hub régional de distribution du gaz africain. Récemment, un communiqué du ministère de l’Energie annonçait que le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, et ses homologues nigérien et nigérian ont convenu, lors de leur réunion tenue mercredi à Niamey, de mettre en place une feuille de route pour le projet de gazoduc transsaharien. Le coup d’accélérateur qui vient d’être mis à ce projet vise à diversifier les sources d’alimentation en gaz naturel pour le continent européen qui restera tributaire de cette énergie sur plusieurs décennies.

C. S.