Ghaza s’éloigne d’un cessez-le-feu

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Ghaza s’éloigne d’un cessez-le-feu

Par Amar R.

L’entité sioniste a repris hier ses opérations militaires dans l’est de Jabalia, un camp de réfugiés historique qui abrite plus de 100.000 personnes dans le nord de la bande de Ghaza, après une nuit d’opérations aériennes et terrestres et d’intenses bombardements, durant lesquelles 19 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées.

Ce retour des chars sionistes au nord de l’enclave palestinienne, qui intervient alors que le bilan des morts dans l’opération militaire israélienne à Ghaza a dépassé 35.000, est de nature à éloigner les chances d’un retour à la normale, comme l’atteste le mouvement palestinien Hamas.

Vendredi, Hamas a déclaré que l’entité d’occupation avait «rejeté la proposition soumise par les médiateurs» égyptien, qatari et américain, tandis que la délégation du mouvement palestinien l’avait «acceptée», en soutenant que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’était «empressé de faire capoter» les pourparlers en attaquant Rafah.

Ce rebondissement dans la situation militaire vient non seulement démentir les assertions du gouvernement fasciste de Netanyahu qui avait prétendu avoir pris le contrôle de la plupart des villes du nord de l’enclave, mais aussi prouver l’impasse dans laquelle ce dernier se retrouve faute d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé pour son offensive sur Ghaza et de plan de sortie.

 Biden provoque la colère de Hamas

D’où la conviction qui est née de l’inefficacité d’une offensive à Rafah, de l’avis même de l’allié américain, qui pour tenter de l’en dissuader, affirme qu’elle provoquerait « le chaos et l’anarchie », sans pour autant éliminer Hamas.

Le plan actuellement envisagé par Israël à Rafah « risque de provoquer d’énormes dégâts auprès de la population civile sans pour autant résoudre le problème », a alerté hier le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, tout en admettant que la guerre avait tué plus de civils que de membres du mouvement palestinien.

« Il restera toujours des milliers de membres armés du Hamas » même avec une intervention à Rafah, a-t-il déclaré.

Mais à l’évidence, l’administration Biden, bien qu’ayant publiquement menacé de suspendre la livraison de certaines catégories d’armes à Israël, a prouvé qu’elle ne pouvait se départir de son soutien inconditionnel à l’entité d’occupation. Joe Biden a affirmé, dans ce sens, samedi, qu’un cessez-le-feu était possible «demain» si les otages retenus dans la bande de Ghaza étaient libérés, provoquant la colère de Hamas.

«Nous condamnons cette position du président américain, nous la considérons comme un revers par rapport aux résultats du dernier cycle de négociations», a déclaré le mouvement dans un communiqué.

N’empêche que le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Shoukri, déclare que Le Caire poursuivrait sa médiation entre l’occupation et Hamas et a exhorté les deux parties à faire preuve de la flexibilité et de la volonté nécessaires pour parvenir à un accord.

Guterres réitère son appel à un «cessez-le-feu immédiat» à Ghaza

Pour sa part, le secrétaire général des nations unies, Antonio Guterres, a réitéré hier son appel à un «cessez-le-feu immédiat» dans la bande de Ghaza.

«La guerre à Ghaza provoque d’horribles souffrances humaines, dévaste des vies, déchire des familles et laisse un grand nombre de personnes sans abri, affamées et traumatisées», a déclaré Guterres dans un discours enregistré diffusé lors d’une conférence internationale des donateurs au Koweït.

Et de poursuivre : «Mais un cessez-le-feu ne sera qu’un début. Ce sera un long chemin pour se remettre de la dévastation et du traumatisme de cette guerre.»

«Atrocités choquantes»

Ce que confirme le rapporteur spécial des nations unies sur le droit à un logement décent, Balakrishnan Rajagopal, qui a déclaré qu’il n’avait jamais vu « de telles atrocités choquantes » dans le cadre de l’expulsion de civils de la bande de Ghaza.

L’agence des nations unies pour le logement et l’emploi des réfugiés palestiniens (Unrwa) le soutient aussi, en déclarant que les allégations d’Israël concernant l’existence de zones de sécurité à Ghaza étaient « fausses et trompeuses ».

Philippe Lazzarini, commissaire général de l’agence, a estimé que « les autorités israéliennes continuent d’émettre des ordres de déplacement forcé, également connus sous le nom d’ordres d’évacuation des zones résidentielles, ce qui oblige les Palestiniens de Rafah à fuir n’importe où ».

A.R.