Il insiste sur la nécessité de statistiques fiables : Tebboune veut en finir avec les chiffres qui « mentent »

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Par : Akli. R

EN FINIR avec les chiffres trompeurs et les statistiques approximatives pour garantir un comportement économique rationnel et une mise en œuvre efficace des décisions de politiques publiques… C’est l’une des priorités essentielles mises en avant, samedi dernier, par le président de la République lors de sa traditionnelle entrevue avec des représentants de médias nationaux.

« Nous n’avons pas de vrais chiffres… », a ainsi lancé sans ambages le chef de l’Etat en évoquant certaines réalités mal appréhendées au sein du secteur agricole national. Un déficit d’évaluations rigoureuses qui impacte très négativement la cohérence des décisions de réformes et de gestion dans les filières agricoles, mais pas que… Un déficit auquel les
pouvoirs publics entreprennent néanmoins de remédier tant à travers le parachèvement du processus de numérisation qu’en œuvrant à doter l’économie nationale d’outils statistiques fiables.

« Pour la première fois, nous essayons d’établir un recensement effectif de nos richesses agricoles, qu’il s’agisse de la production céréalière, de celle de légumes secs, de cheptel, d’arbres fruitiers ou autres », a fait valoir en ce sens le président de la République, en déplorant ouvertement et sans détour le manque de statistiques économiques fiables dans le domaine agricole et autres. « On tâtonne et c’est un problème plus que sérieux… », qui date de très longtemps, a-t-il relevé, en indiquant que « pour la première fois, l’on découvre certains chiffres fictifs qui étaient pris en compte même lors de réunions du Conseil des ministres et autres ». Aujourd’hui, a-t-il cependant assuré, « nous commençons à nous rapprocher de la réalité ». Une fois parachevé, le processus de numérisation, au même titre que celui d’élaboration de statistiques rigoureuses dans le domaine agricole et dans d’autres secteurs, « joueront un rôle essentiel », a-t-il affirmé.

Il s’agira ainsi, selon le chef de l’Etat, de garantir non seulement « une meilleure visibilité » dans la conduite des politiques publiques, mais aussi de faire valoir une gestion et des « comportements économiques rationnels », en évaluant plus rigoureusement les vrais besoins du pays, notamment en termes d’importation de certains biens alimentaires comme les céréales, la poudre de lait et autres produits de première nécessité.

« Il faut revoir notre économie dans ce sens », car la chose économique ne se mesure pas à l’œil ou sur de simples visions superficielles, a-t-il expliqué en ajoutant que « la comptabilité nationale prouve beaucoup de choses ». Le point positif aujourd’hui, a noté le chef de l’Etat, est que « pour la première fois, nous ne sommes pas en contradiction avec les évaluations statistiques des institutions internationales, telles que le FMI, la Banque mondiale ou la FAO qui, désormais, corroborent nos chiffres économiques, à l’exemple de ceux relatifs à la croissance, dont le taux de 4,2% est confirmé ainsi comme étant effectif ». Cela prouve que « nous sommes réellement sur la bonne voie », a signifié en définitive le chef de l’Etat.

De fait, convient-il de rappeler, dans son dernier rapport d’évaluation sur l’économie algérienne, publié vendredi dernier, le Fonds monétaire international (FMI) avait situé le taux de croissance économique de l’Algérie en 2023 à un niveau de 4,2%, soit un chiffre conforme aux données officielles du gouvernement. Toutefois, l’institution financière internationale n’a pas manqué d’évoquer dans le même rapport la nécessité d’améliorer le système des statistiques en Algérie afin de mieux éclairer l’élaboration des politiques publiques.

Les administrateurs du Fonds ont exhorté les autorités algérienne « à améliorer la couverture et l’actualité des statistiques, avec le soutien du renforcement des capacités du FMI, afin de mieux éclairer l’élaboration des politiques », a ainsi indiqué l’institution de Bretton Woods dans son rapport.

A noter qu’une vaste mise à plat de l’outil statistique national a été mise en chantier ces derniers mois, avec comme objectifs, l’élaboration d’un référentiel national de concepts et définitions statistiques clairs, le lancement d’une plateforme dynamique en vue de l’amélioration de la collecte et de l’exploitation des indicateurs liés à différents secteurs, ainsi qu’une révision des grands comptes de la nation, soit de la photographie statistique de ce que celle-ci produit, investit, importe et épargne et autres grands agrégats de la comptabilité nationale, dont le rebasage du Produit intérieur brut (PIB). Une réforme dont la finalité est de parvenir à terme à doter le pays d’un tableau de bord fiable et sûr pour un suivi rigoureux des principaux indicateurs statistiques et une gestion plus efficiente des politiques publiques.

A.R