Il transforme un jeu d’enfants en prière collective : Christian Estrosi au cœur d’un scandale

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Il transforme un jeu d'enfants en prière collective : Christian Estrosi au cœur d'un scandale

« Encore des atteintes à la laïcité », informe Nice Matin du 17 novembre 2023, avec un titre alarmant : « À nouveau des prières dans des écoles niçoises. » On parle ici, encore et toujours, des musulmans, de tout petits musulmans cette fois-ci puisqu’ils sont en CE2, des mini-musulmans en somme, normalement pas de quoi effrayer un grand gaillard tel que le maire de Nice.  « Christian Estrosi va convoquer les parents », claironne le journal dans son sous-titre.

Les vaillants journalistes de Nice-Matin (par la plume de Stéphanie Gasiglia) alertent les Azuréens et citent les établissements incriminés pour leur laxisme que certains « garçonnets » (Nice-Matin) ont écopé d’un avertissement bien mérité, car au même moment, « sur le réseau social TikTok, circulent des stories incitant les enfants à faire la prière dans les écoles avec des conseils pour qu’ils ne se fassent pas prendre », conclut Stéphanie Gasiglia.

Voilà, la messe est dite, et Christian nous avait prévenus. On pensait qu’il s’agissait de sa part d’islamophobie, de haine des musulmans et des Arabes, mais non, l’ennemi intérieur est bien là, il a un visage (poupin), un statut (élève), et du haut de ses huit ans et de ses 126 centimètres, il met en péril notre chère et grande laïcité.

La vérité éclate enfin

Les prières sont un « fonds de commerce médiatique » à Nice depuis juin dernier, conclut le site Arrêt Sur Image le 21/11/23 qui a mis en avant les contradictions de NiceMatin, précisant sur le site du journal, que S. Gasiglia a elle-même publié un démenti : « Non, des élèves de CE2 n’ont pas prié à l’école Pierre-Merle à Nice : il s’agissait de simples jeux d’enfants » (que l’on retrouve dans la version papier du 20/11). Mais l’emballement était déjà bien avancé et la fausse information racoleuse et raciste avait déjà été relayée par France 3 PACA, le Figaro, 20 minutes, RMC, et, ô surprise, Cnews. Il va sans dire que tout « l’arc républicain » d’extrême droite s’est délecté de cette histoire, tout comme les zemmouriens « parents vigilants » y ont trouvé des nouvelles preuves du « Grand remplacement ».

Des « prières musulmanes » dans les écoles, des élèves qui s’agenouillent « sur leur manteaux », le danger islamiste viendrait des écoles et collèges niçois, à en croire ces grands médias, les déclarations d’Estrosi étant attendues et relayées allègrement, lui-même étant érigé pour l’occasion en grand défenseur de la laïcité franchouillarde qui « ne
laisse[ra] rien passer » (13/11/23).

La mairie maintient aujourd’hui que, oui, des enfants ont bel et bienprié (lesquels ? Et où ?), tout en refusant de répondre aux questions des journalistes. Et elle fait diversion en expliquant, en gros, qu’il vaut mieux être trop vigilant que pas assez. C’est dire si le journalisme de préfecture a encore de beaux jours devant lui sur la Côte d’Azur, un servage qui se teinte progressivement d’un racisme rance mais finalement fidèle à l’esprit de Nice-Matin.

Synthèse Mediapart