Le gisement de zinc-plomb de Béjaïa entrera en production en 2026 : L’Algérie profitera d’une chute mondiale de la production

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Le gisement de zinc-plomb de Béjaïa entrera en production en 2026 : L'Algérie profitera d'une chute mondiale de la production

Le gisement de zinc et de plomb Tala Hamza (Oued Amizour à Béjaïa), dont la mise en chantier de l’usine de traitement a été effectuée en novembre dernier, fait partie des projets miniers structurels et prometteurs de l’Algérie.

PAR NABIL M.

Prévue d’entrer en production en 2026, la mine d’Oued Amizour, qui dispose de l’une des plus grandes réserves mondiales en zinc et plomb, estimée à 54 millions de tonnes de minerai, dont 34 millions de tonnes exploitables sur une durée de vie de 20 ans, fera son entrée dans un contexte marqué par une progression lente de la production mondiale et une hausse de la demande. La mise en chantier du gisement intervient, comme par un heureux hasard, dans une tendance marquée par la fermeture de plusieurs gisements arrivés à terme, notamment en Australie, la multiplication des usages à base de zinc qui, en plus de la galvanisation de l’acier, prépondérant, gagne en application dans les composés chimiques et les pièces moulées sous pression, et qui renforcent la demande globale et dont la conjonction a conduit à la hausse des prix.

C’est un constat établi par des experts réunis en octobre dernier, lors des travaux d’une conférence nationale sous le thème « raréfaction des ressources minières et positionnement de l’Algérie », organisée à l’université de Béjaïa. Ils ont affirmé par l’occasion que « c’est une opportunité pour l’Algérie d’améliorer ses plus-values », soulignant avec force, voire enthousiasme l’importance de ce projet.

Un marché mondial de zinc et de plomb en stagnation

Considéré en étant le 4e métal le plus produit au monde après le fer, l’aluminium et le cuivre, les réserves mondiales de zinc en 2021 étaient estimées à environ 250 millions de tonnes, selon le US Geological Survey. Sa production dans le monde est estimée à 13,8 millions de tonnes par an, sachant que ce produit minier est une ressource non renouvelable, dont les réserves connues sont surtout en Australie (24%), en Chine (18%) et au Pérou (10%).

Le prix du zinc est à son plus haut niveau depuis plus de dix ans, alors que la production mondiale a chuté en 2016 et 2017, suite à la fermeture de mines importantes en fin de vie en Australie et en Irlande. Malgré une reprise de la production en 2017, l’offre en zinc sur le marché mondial reste insuffisante. La Chine est le plus gros producteur mondial de zinc, avec plus d’un quart de la production mondiale, dont elle consomme elle-même un tiers. Toutefois, sa production est entravée par des mesures visant à réduire la pollution. Selon certaines études, les gisements exploitables de zinc dans le monde, à un coût acceptable, seront épuisés en 2025.

Aucune nouvelle mine de plomb n’a été ouverte depuis 20 ans

Quant au plomb, la production mondiale est estimée à plus de 4,7 millions de tonnes par an. La Chine est le plus gros producteur et en même temps le plus gros consommateur de plomb dans le monde, en raison de son industrie mécanique, du fait que les trois quarts de la consommation de plomb sont destinés aux batteries et accumulateurs. Les batteries utilisées pour les vélos électriques, à titre d’exemple, ont représenté environ 20% du total de la consommation chinoise de plomb raffiné.

Dans le monde, le stock de plomb est estimé à 79 millions de tonnes, avec des réserves qui sont surtout en Australie (30%), en Chine (14%) et aux USA (10%). La consommation mondiale de plomb a connu un léger recul en 2009, est repartie à la hausse en 2010 et 2011 enregistrant une croissance de 10% grâce à la production chinoise (+27 %) qui a pu compenser la baisse de production de l’Australie, du Pérou et des Etats-Unis. Les principaux producteurs de plomb sont la Chine avec 34% de la production mondiale, les Etats-Unis avec 16%, l’Allemagne 4,8 % et le Royaume-Uni avec 3,8%.

Il est à noter qu’aucune nouvelle mine de plomb n’a été ouverte depuis 20 ans, alors que des études estiment qu’avec le rythme de la consommation actuelle, les réserves de plomb seront épuisées d’ici 2030. Il est ainsi fort de constater que le lancement en production du gisement de zinc-plomb de Tala Hamza, qui prévoit d’extraire deux millions de tonnes par an, dont 170.000 t de concentré de zinc et 30.000 t de plomb, passibles d’augmentation, ne fera que renforcer les performances du secteur des mines en Algérie et la création d’une valeur ajoutée en soutien aux efforts de diversification de l’économie nationale.

N. M.