Lutte contre les pénuries et les flambées des prix : Le plan « anti-inflation » du gouvernement

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Lutte contre les pénuries et les flambées des prix : Le plan "anti-inflation" du gouvernement

PAR R. AKLI

Caracolant à des niveaux de plus de 9% depuis plusieurs mois, le taux d’inflation moyen en Algérie, c’est-à-dire le rythme auquel évolue l’indice des prix à la consommation, devrait commencer à reculer progressivement pour atteindre un seuil de 7,5%, selon les prévisions du gouvernement pour la fin de l’année en cours. Alimentées essentiellement par des phénomènes de dérégulation et de spéculation sur les marchés internes, mais aussi par des
effets d’inflation importée, en raison du renchérissement des produits de base sur les marchés mondiaux, les pressions inflationnistes n’ont cessé de mettre à mal les bourses des ménages algériens, participant ainsi à éroder continuellement leur pouvoir d’achat.

Dès lors, la lutte contre les pénuries injustifiées et les flambées récurrentes des prix, dont surtout ceux des produits alimentaires – qui ont connu une hausse vertigineuse de 13,2% sur les sept premiers de 2023 – est placée désormais au cœur de l’action des pouvoirs publics qui déploient en ce sens une nouvelle « stratégie anti-inflation », déclinée sur plusieurs registres.

Il s’agit en substance de trois registres essentiels sur lesquels le gouvernement entreprend
désormais d’agir pour contenir les poussées inflationnistes et garantir la disponibilité des produits de large consommation, à savoir un vaste chantier de réorganisation des marchés et des réseaux de distribution internes ; un effort conséquent de rattrapage salarial ; une réévaluation progressive de la valeur du dinar pour consolider son pouvoir d’achat face à l’inflation importée.

Garantir la disponibilité des produits de base

Ainsi, tel qu’affirmé par le premier ministre lors de son passage samedi dernier devant les députés pour défendre la politique générale du gouvernement, les perturbations liées à l’approvisionnement du marché en divers produits de base devront être jugulées « avant le 31 décembre prochain ».

Un engagement qui passe par toute une panoplie de mesures « anti-pénuries », déjà mise en place par l’exécutif selon les précisions du premier ministre, qui a notamment fait état du parachèvement de l’élaboration du projet de décret définissant les plafonds des marges bénéficiaires sur les prix des légumineuses, du riz et des autres produits alimentaires de large consommation.

Une réforme destinée à barrer la route aux spéculateurs et à laquelle s’ajoutent d’autres actions visant à garantir la disponibilité de l’offre sur le marché national à travers notamment la relance de la filière des légumineuses par l’élargissement de la superficie qui lui est dédié à 150.000 ha et la réorientation de 34 fermes pilotes vers la production exclusive de légumes secs, ainsi que la constitution d’un stock stratégique équivalent à 12 mois de consommation nationale en ces produits de toute première nécessité.

De même, une enveloppe de 331,5 milliards de dinars est réservée à la réalisation de 30 silos et 350 centres de stockage de proximité dans le cadre de la stratégie visant à renforcer les capacités nationales de stockage de céréales.  Des mesures phares qui devraient ainsi aider grandement à contrer les manœuvres spéculatives, souvent à l’origine des pénuries et des flambées de prix soudaines et injustifiées sur le marché national.

Améliorer les revenus et la valeur du dinar

Des mesures confortées du reste par des recours en cas de besoin à des opérations ponctuelles d’importation pour garantir un approvisionnement régulier et suffisant du marché en divers biens de large consommation, telles que les viandes et les céréales notamment. Tout en s’attelant à définir une stratégie efficiente de régulation des circuits de distribution à travers la réduction de la chaîne des intermédiaires et le plafonnement de leurs marges pour garantir un système de prix équilibré, les pouvoirs publics continuent également d’agir directement sur les revenus des ménages, en maintenant un niveau élevé de dépenses destinées aux transferts sociaux et en poursuivant la revalorisation des salaires pour atteindre un niveau d’augmentation global de l’ordre de 47% d’ici à l’année prochaine.

Et pour limiter l’impact de l’inflation mondiale sur les prix des produits importés, la banque centrale œuvre également de son côté à redresser progressivement la parité du dinar dont le taux de change nominal s’est ainsi accru de plus de 8% sur une année, selon les données officielles du gouvernement.

Une conjugaison d’actions qui devrait permettre en définitive de renforcer la protection du pouvoir d’achat des ménages, en veillant en même temps à contrer la spéculation et à contenir l’inflation.

R. A