Ouagadougou retrouve le calme

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Des centaines de manifestants sont descendus hier dans les rues de Ouagadougou pour afficher leur soutien aux putschistes au lendemain du coup d’Etat au Burkina Faso qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, dont l’ONU a demandé la « libération immédiate ».  « Nous avions demandé à plusieurs occasions le départ du président Kaboré qui n’a pas entendu cet appel. L’armée nous a entendus et compris », se réjouissait Lassane Ouedraogo, un manifestant de 43 ans et militant de la société civile. « Pour nous, ce n’est pas un coup d’Etat. C’est une libération de notre pays qui était dirigé par des incompétents », renchérit Julienne Traoré, une enseignante de 30 ans. Certains manifestants brandissaient des drapeaux malien et russe, appelant à une coopération avec Moscou comme le régime militaire de Bamako le fait depuis plusieurs mois. En dehors de cette manifestation, la vie semblait avoir repris son cours normal à Ouagadougou : le grand marché, les commerces ou les stations-services étaient ouverts, sans présence militaire notable. Lundi après-midi, une quinzaine de militaires étaient apparus à la télévision nationale pour annoncer « mettre fin au pouvoir » de M. Kaboré, président depuis 2015. Le pouvoir est désormais aux mains du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) et son homme fort, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, commandant de la 3e région militaire qui couvre notamment la zone est, une des plus touchées par les attaques jihadistes.

Incertitude

Le MPSR qui a instauré un couvre-feu de 21h à 5h (locales et GMT), fermé les frontières, dissous l’Assemblée et suspendu la Constitution, a promis « un délai raisonnable » pour un « calendrier de retour à un ordre constitutionnel accepté de tous ».  Mardi, on s’interrogeait toujours sur le sort du désormais ex-président Kaboré, dont l’ONU a réclamé hier la « libération immédiate ».  La même incertitude planait sur le sort du Premier ministre Lassina Zerbo ainsi que plusieurs responsables du précédent gouvernement. Ni l’ex-parti au pouvoir, ni l’opposition n’ont réagi depuis la prise de pouvoir des militaires. Le MPSR assure de son côté, sans le nommer, que « les opérations se sont déroulées sans effusion de sang et sans aucune violence physique sur les personnes arrêtées qui sont détenues dans un lieu sûr dans le respect de leur dignité », sans donner de noms. Ramener la paix au Burkina Faso ne sera pas une mince affaire pour le MPSR, tant le pays s’est enfoncé ces dernières années dans une infernale spirale de violences jihadistes. La majorité de son territoire, en particulier l’est et le nord, sont le théâtre d’attaques quasi quotidiennes des groupes affiliés à Al-Qaida et l’Etat islamique.