Ouverture du capital des banques publiques : Le coup de pression du Président

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Ouverture du capital des banques publiques : Le coup de pression du Président

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné au gouvernement d’accélérer le processus d’ouverture du capital des banques publiques afin de favoriser l’amélioration de leurs modes de gestion et de gouvernance, indique un communiqué de la présidence de la République rendu public hier à l’issue d’une réunion du conseil des ministres.

PAR R. AKLI

Le Chef de l’Etat , est-il ainsi précisé à travers ce communiqué, a instruit le gouvernement « d’accélérer le processus d’ouverture du capital social de banques publiques, sur la base de procédures rigoureusement étudiées, de sorte à favoriser le changement de leurs anciens modes de gestion, axés jusqu’ici sur des méthodes administratives au lieu de critères d’efficacité économique ».

Dans le même contexte, M. Tebboune a insisté sur l’impératif d’observer une transparence totale dans la mise en œuvre de la réforme financière, ainsi que sur la nécessité de s’adapter aux grandes mutations mondiales en lien avec ce secteur, qui tient lieu de base fondamentale pour l’économie nationale.

Le chef de l’État, précise en outre le communiqué du conseil des ministres, a également ordonné d’accélérer l’opération d’ouverture d’établissements bancaires à l’étranger, « en veillant à parachever toutes les procédures y afférentes, suivant une approche novatrice et
efficiente ».

En outre, indique la même source, le président a donné de nouvelles instructions au gouvernement afin d’œuvrer à rattraper le retard enregistré quant à la mise en place de la banque de l’habitat, et ce, en veillant à raccourcir les délais prévus pour son entrée effective en activité.

Mise au diapason…

Qualifié souvent de « mère » des réformes économiques à mener en Algérie, le processus de modernisation financière et bancaire semble entrer depuis quelques mois dans
une nouvelle phase de mise en œuvre, notamment à la faveur de la récente révision de la fameuse loi sur la monnaie et le crédit, dont l’entrée en vigueur devrait intervenir dans les quelques semaines à venir.

Au cœur de ce vaste et complexe chantier de réformes du secteur financier domestique, les opérations annoncées de privatisations partielles de banques publiques à travers l’ouverture de leur capital social à la participation privée devraient constituer un véritable déclic pour la mise au diapason du système bancaire national dans son ensemble, notamment en termes de gouvernance, de services bancaires, de collecte de l’épargne et de contribution au financement de l’investissement.

La privatisation partielle de banques étatiques, faut-il le rappeler, a déjà été envisagée à maintes reprises par le passé, notamment au début des années 2000 avec le processus engagé d’ouverture du capital social du CPA, mais cette démarche n’a jamais pu être menée au bout, en raison de nombreuses contraintes liés, entre autres, à la nature juridique de l’actionnariat de ces banques, ainsi qu’à la qualité parfois mauvaise de leurs portefeuilles de créances.

De là découle sans doute l’insistance particulière du président de la République lors de la réunion du conseil des ministres d’hier, sur les impératifs de transparence et de procédures rigoureuses à observer dans la mise en œuvre de ce processus stratégique pour la réforme des modes de gestion et de gouvernance du secteur bancaire national.

A noter que la place financière locale compte cinq grandes banques commerciales publiques, à savoir la BEA, la BNA, la BADR, le CPA et la CNEP. Malgré leurs ratios très favorables de solvabilité, gage de leur grande solidité financière, et bien que leur niveau de liquidité se soit nettement amélioré après le contexte de la crise sanitaire qui a quelque peu mis à mal leur niveau de ressources, les banques publiques, faut-il le souligner, restent très à la traîne en termes de qualité de services bancaires, de moyens de paiement modernes, de produits d’épargne innovants et de taux de bancarisation des populations.

En outre, leurs niveaux de créances non performantes ont souvent été évoqués comme étant l’une de leurs principales faiblesses, car reflétant surtout le poids des interférences bureaucratiques sur leur modes de gestion et sur la conduite de leurs politiques de crédits.

R. A.