Tebboune préside une réunion préparatoire du 7e sommet du GECF. Après le coup tordu de la COP28 de Dubaï : Le lobby du gaz organisera sa riposte à Alger

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Dans un peu plus de deux mois, l’Algérie accueillera le 7e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du forum des pays exportateurs de gaz (GECF). Afin de garantir son succès, Abdelmadjid Tebboune a présidé hier une réunion préparatoire du sommet.

PAR NABIL M.

Prévu du 29 février au 2 mars 2024 à Alger, cet événement rassemblera 19 pays membres de cette organisation intergouvernementale qui contrôle 73% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel, 43% de la production commercialisée, 55% des exportations par gazoduc et 50% des exportations de GNL.

Si l’Algérie a été choisie pour accueillir sur son sol cet important rendez-vous planétaire, c’est parce qu’elle figure parmi les cinq principaux producteurs mondiaux de gaz, en compagnie de la Russie, l’Iran, le Qatar et le Venezuela.

L’Algérie est également considérée comme premier pays africain exportateur de gaz naturel, ce qui représente autant d’éléments qui prouvent clairement le respect dont jouit l’Algérie au sein du forum et la reconnaissance de son rôle de pionnier dans le secteur du gaz.

Plusieurs questions seront abordées

De plus en plus convoité par les pays industrialisés, notamment européens, le gaz naturel s’est imposé comme moyen indispensable dans le développement durable et la transition énergétique, d’où l’importance de ce forum, pour formuler et proposer les meilleures solutions dont le monde a besoin pour sa sécurité énergétique.

Ainsi, les questions qui seront évoquées lors de ce sommet concerneront principalement le développement durable en matière de production de gaz, mais également l’amélioration des infrastructures de transport et d’exportation du gaz et le renforcement de la coopération commerciale entre les Etats membres.

La rencontre sera aussi une opportunité pour aborder la question du marché mondial du gaz et les perspectives de son développement sur les court, moyen et long termes. Les Etats membres auront ainsi à formuler des propositions pour assurer leur capacité à planifier et à gérer de manière indépendante les ressources de gaz.

Dans ce sens, le forum d’Alger tentera d’installer un mécanisme de dialogue entre les producteurs de gaz et ses consommateurs, dans le but d’assurer la sécurité et la stabilité de l’offre et de la demande sur les marchés mondiaux du gaz. Il a aussi comme objectifs d’appuyer les intérêts des Etats membres à investir dans leurs ressources en gaz naturel, la concrétisation d’un développement durable et efficace, sans oublier la prise en compte de l’environnement.

Le gaz, «énergie du présent et du futur»

Lors du dernier sommet du GECF, tenu l’année passée à Doha au Qatar, Abdelmadjid Tebboune avait indiqué, dans son allocution, que le gaz naturel « est l’énergie du présent et du futur, car il s’agit d’une énergie propre, flexible et accessible, voire la meilleure en matière de protection de l’environnement, aux côtés des énergies renouvelables ».

Dans le contexte de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique, le gaz continuera sans doute à jouer un rôle central en tant qu’énergie pour le développement durable, en raison notamment de la croissance de l’économie mondiale, qui fera augmenter la demande d’énergie de 22% d’ici à 2050, dont 36% de hausse pour le gaz naturel.

Les technologies éprouvées, telles que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone, peuvent rendre le gaz naturel encore plus propre, notamment pour la production d’électricité et les principales industries à forte intensité d’émissions, comme l’acier, le ciment et les produits chimiques.

L’approbation par la commission européenne de l’introduction du gaz naturel dans « le label vert » pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2030 et 2050 permettra d’assurer un avenir prometteur pour cette source d’énergie. Un feu vert européen pour le gaz naturel fossile qui fera booster les investissements dans ce secteur, sachant que l’Algérie, à travers Sonatrach, inclut dans sa politique énergétique la préservation de l’environnement. Elle a adhéré complètement à la dynamique internationale de lutte contre le changement climatique et de lutte contre l’empreinte carbone, en offrant des solutions palpables, conformément à ses engagements dans le cadre de l’accord de Paris et l’agenda de l’ONU 2030.

Du côté de la Cop 28, les signaux positifs sur l’industrie du gaz réconfortent les pays producteurs. A l’issue de presque quinze jours de négociations, les 195 participants se sont mis d’accord sur un texte qui reconnaît que « les carburants de transition peuvent jouer un rôle en facilitant la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique ».

Un passage qui prouve que le texte ouvre la voie à une exploitation prolongée du gaz. Mais cela n’a été possible qu’après une rude bataille contre les lobbys du nucléaire et autres qui ont tout fait pour faire passer leur « sortie des énergies fossiles » dans le texte final. C’est dire que le sommet du GECF, qui sera la première réunion des pays gaziers après la Cop 28, sera l’occasion de mettre en place une stratégie à même de contrer ces lobbys qui ne
manqueront pas de revenir à la charge.

N. M.