Alger-Ankara : l’alliance qui fait trembler l’axe Rabat-Tel-Aviv 

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Erdogan le mois prochain en Algérie

L’accueil auquel a eu droit le Président Tebboune à son arrivée à Ankara a été suivi d’une campagne féroce nourrie exclusivement de fake news, orchestrée par des parties hostiles à l’Algérie. Le Maroc, Israël et leurs relais, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont tenté et espéré, à l’aide de photos retouchées, et d’une armée de «mouches électroniques», minimiser l’impact de cette visite, dans le but de réduire le rôle, pourtant évident, du Président algérien dans les évènements internationaux, mais pas que. L’axe Rabat-Tel-Aviv est comme contrarié, voir même apeuré par la consolidation des relations algéro-turques, et ce, à bien des égards.

Accueilli par le vice-président turc à l’aéroport d’Istanbul, le Président Tebboune a été attaqué sur le fait qu’il n’a pas eu les honneurs qui sied à son rang. Affirmation vite démentie, le lendemain par la réception majestueuse du Président algérien par son homologue, Recep Erdogan au palais présidentiel comme le veut le protocole turc et comme ce fut le cas avec, sinon mieux, tous les invités étrangers, de Poutine à Merkel en passant par le Président israélien lui-même, trivialement accueilli par un protocole au passage ! Comme leurs précédentes, la polémique s’était vite dégonflée, mais les deux questions qui restent sans réponse sont : pourquoi Tebboune est la cible de ces attaques à chacun de ses déplacements internationaux et surtout, pourquoi cette visite inquiète, plus que les autres, ces gens-là ?  A propos du Président, il est clair que sa gestion des crises régionales au Mali, en Libye et en Tunisie et la médiation sur le conflit du barrage de la Renaissance, en plus de son affirmation face à la Françafrique, lui ont fait prendre de la hauteur en Afrique et même au-delà. Mais son épaisseur diplomatique, il l’a acquise et renforcée par le deal gazier avec l’Europe, le bras de fer avec l’Espagne, l’ouverture sur les pays du Golfe persique et le dialogue d’égal à égal avec la puissance étasunienne. Rien que la semaine dernière, Tebboune a eu des consultations au sommet avec la Russie sur une crise qui menace le monde et son équilibre, le tout en refusant de faire le compromis de la normalisation tout en maintenant sa politique neutraliste et équilibrée et l’agenda de la tenue du sommet arabe à Alger. Aujourd’hui, on peut, sans aucun doute l’affirmer, sous Tebboune, le poids de l’Algérie s’est vu décuplé en à peine deux années. Cette dimension mondiale retrouvée est accréditée, si besoin est, par le niveau des attaques, notamment leurs auteurs.

A propos de l’alliance Alger-Ankara et la panique qui a visité Rabat et Tel-Aviv, faisant escale dans quelques capitales européennes où sont cachés quelques subversifs et bloggeurs rémunérés par Rabat, elle peut être expliquée par l’importance des accords signés, la nature des échanges et des relations existants entre les deux pays et aussi, le poids de ces deux Nations réunies dans la résolution des conflits régionaux, tels que le Sahara Occidental, la Palestine, le Mali et le Sahel. Il est important aussi de noter la politique monétaire d’Erdogan, très contestée par le voisin de l’Ouest, qui a porté -et continue toujours- un coup dur à l’économie marocaine. Cette dépréciation de la livre turque se traduit par une amélioration de la compétitivité-coût des produits et services turcs, qui, à l’export vont se vendre beaucoup moins cher que les biens marocains du même genre, toute chose étant égale par ailleurs. Cela crée un effet d’éviction étant donné que les produits exportés par la Turquie sont assez similaires à ceux du Maroc. Dans les secteurs tels que le textile, la Turquie est en train d’asphyxier le Maroc. La même chose peut être dite du tourisme, ou la destination Turquie est depuis quelques années plus prisée que le Maroc, toujours à cause de la politique monétaire prônée par Erdogan. Au milieu de tout ça, l’Algérie continue son avancée, puisque dans une dizaine de jours, le Président Tebboune devra se rendre en Italie, la porte d’entrée qu’il a lui-même choisie pour l’UE, pour un nouveau challenge et de nouveaux horizons. Pour terminer, on rappellera ce qu’a dit Paul Gauguin dont les toiles ne souffrent d’aucune retouche : « La vérité ne se dégage pas de la polémique, mais des œuvres qu’on a faites».

S. H.