Amar Laskri, des films et des combats

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Par Delloula Morsli

La 4e édition du festival du film méditerranéen de Annaba ne saurait être une fête du septième art sans rendre hommage à l’un des réalisateurs les plus emblématiques de la ville et du pays, le regretté Amar Laskri.

Enfant de Annaba, Amar Laskri s’est imposé comme un fervent défenseur du réalisme révolutionnaire dans le cinéma algérien. Son œuvre a profondément marqué les esprits et l’imaginaire collectif des Algériens, notamment avec le cultissime ”Patrouille à l’Est”. Né en 1942, Amar s’engage dans le mouvement national, participant activement à la grève des étudiants de 1956 et rejoignant les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN), d’abord dans la Wilaya II puis dans la base de l’est de la ville tunisienne de Ghardimaou. C’est cette expérience au cœur de la lutte pour l’indépendance qui nourrira son engagement artistique et son approche cinématographique.

Un cinéma réaliste au service de la mémoire

Diplômé en réalisation cinématographique de l’académie de Belgrade en 1966, Amar Laskri s’affirme comme un pionnier du réalisme révolutionnaire. Son œuvre explore les réalités de la guerre de libération et de la période coloniale, rendant hommage aux sacrifices des combattants et mettant en lumière l’oppression du peuple algérien. En 1971, Amar Laskri signe son chef-d’œuvre « Patrouille à l’Est ». Ce film poignant retrace la mission d’un groupe de moudjahidine, illustrant leur quotidien dans le maquis et incarnant les valeurs et l’humanité de ces derniers pour la liberté. « Patrouille à l’Est » est aujourd’hui une référence incontournable du cinéma algérien, marquant durablement son histoire, notamment avec les cris d’alerte du regretté Layachi Hadjadji et la fameuse réplique “yaw aalikoum leblindi !”. Cette œuvre a rassemblé des comédiens de renom comme Hassan Benzerari, Hadj Smaïl, Mohamed Esseghir, ou encore Noureddine Meziane

 Un militantisme à toute épreuve

Au-delà de sa carrière cinématographique, Amar Laskri s’est illustré par son engagement militant. Il a présidé le syndicat national des cinéastes et techniciens du cinéma dans les années 1980 et a dirigé le centre algérien pour les arts et l’industrie cinématographique (CAAIC) quinze ans plus tard. Son dévouement à la cause algérienne l’a également conduit à créer la fondation Moufdi-Zakaria et celle de « l’amitié algéro-vietnamienne ». Disparu le 1er mai 2015, Amar Laskri laisse derrière lui un héritage artistique et militant inestimable. Son cinéma, empreint de réalisme et d’humanisme, a contribué à perpétuer la mémoire de la lutte pour l’indépendance. Son engagement passionné et son dévouement à la cause du cinéma algérien font de lui une figure incontournable de l’histoire culturelle du pays.

D.M.