Au salon Djazagro, cap sur l’agriculture biologique

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Le salon professionnel de l’agriculture Djazagro s’est ouvert hier aux 23.000 visiteurs attendus pour cette nouvelle édition. Résolument tourné vers le développement de la filière agroalimentaire, le salon regroupe tous les acteurs de la chaîne de production, locaux et internationaux, notamment les équipementiers, producteurs d’emballage et équipement d’hygiène et sécurité alimentaire.

Ce sont 600 exposants issus de 28 pays qui prennent part à cette 21e édition, 41% d’entre eux représentent des entreprises de matériels et équipements pour processus agroalimentaire. La participation algérienne représente 27%.

Comme à chaque édition, le salon met en place «l’agora des experts», un espace de conférences autour de thématiques liées au secteur de l’agriculture. Ce cycle de rencontres  s’est ouvert lors de cette première journée, avec un exposé autour de l’agriculteur biologique et l’importance de la certification.

Cette conférence a été animée par Brahim Seddiki, manager au sein de l’organisme de certification Biocert. Il explique que la certification biologique est un label qui englobe une série d’exigences dans le processus de fabrication du produit, son impact environnemental, les produits utilisés, etc.

D’emblée, l’expert déplore l’inexistence de législation en matière d’agriculture biologique en Algérie. Il estime que le secteur gagnerait à développer ce segment car il y a un grand potentiel non exploité.

«En Algérie, on compte plus de deux millions d’agriculteurs, avec une superficie de terre qui ne dépasse pas les 2 ha. Ce sont de petites fermes qui sont dans l’agriculture biologique sans le savoir. Comme ils ne produisent pas à grande échelle ils n’ont pas besoin de recourir au produit de synthèse ou les organismes génétiquement modifiés. Mais malgré ces produits sains, il est difficile pour eux de commercialiser leurs produits. Avec une certification bio, ils pourront aspirer à l’exportation.»

Selon cet expert, les producteurs qui se tournent vers la certification sont ceux qui exportent. Cela résulte de l’exigence des clients.

«Nous, en tant qu’organisme, on certifie les produits algériens sur la base de l’organisation internationale de l’agriculture biologique et pour les exportateurs selon les référentiels des marchés ciblés. En Algérie, le produit bio ne trouve pas d’acheteurs, la commercialisation des produits agricoles n’est pas organisée. Le marché algérien dépend des détaillants et non pas des grandes surfaces. Si on avait de grandes surfaces, le produit bio marcherait mieux», déplore-t-il.

La solution, selon Brahim Seddiki, est la mise en place de coopératives où se réunissent les petits agriculteurs avec des produits labélisés bio.

La certification pour l’exportation

Il y a un manque d’information sur les aliments. Le bon étiquetage assure une bonne commercialisation du produit, assure l’expert. Brahim Seddiki donne l’exemple du marché mauritanien qui est demandeur de produits agroalimentaires algériens mais qui se voient interdits d’entrée à cause de la défaillance de l’étiquetage, souligne-il.

L’expert affirme que seules les entreprises dont la croissance économique, environnementale et sociale est inclusive réussissent à long terme.

«Notre expérience sur le terrain nous a démontré aujourd’hui que pour intégrer l’exportation il faut miser sur la certification. Nous avons certifié une petite entreprise, Bomais, spécialisé dans la transformation de figue de Barbarie. Celle-ci, grâce à cette certification, a réussi à décrocher un marché au Royaume-Uni.»

Pour que cette agriculture biologique se développe, l’expert insiste sur la nécessité de vendre pour les Algériens. Dans cette optique, l’organisme Biocerts a créé une base de données des entreprises et des produits certifiés et contrôlés.