Banque des Brics : le choix stratégique d’Alger

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Banque des Brics : le choix stratégique d'Alger

PAR R. AKLI

L’intérêt stratégique de l’Algérie dans sa démarche de rapprochement du bloc des Brics est désormais d’accéder à un statut officiel d’actionnaire au sein de la grande banque de ce groupe afin de bénéficier, en cas de besoin, d’éventuelles levées de fonds pour stimuler l’investissement national.

C’est en effet ce que le président de la République a tenu à préciser, lors d’une récente rencontre avec les représentants de médias nationaux, quant à la question de l’accession de l’Algérie au groupe des Brics, élargi désormais à six nouveaux membres que sont l’Argentine, l’Iran, l’Ethiopie, l’Egypte, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

En clair, l’intérêt premier de l’Algérie, a expliqué le chef de l’Etat, est d’abord d’adhérer à la nouvelle institution financière multilatérale internationale qui est la New Development Brics
Bank (NDB), qui peut offrir au pays de possibles opportunités de financement et d’investissement à des termes très favorables et moins contraignants que ceux des institutions traditionnelles de Bretton Woods que sont le fonds monétaire international (FMI) et la banque Mondiale (BM).

D’où justement le choix, en août dernier, d’envoyer le ministre des finances, Laâziz Faid, pour représenter l’Algérie au sommet de Johannesburg et engager des entretiens avec Dilma Rousseff, présidente de la NBD.

L’Algérie avait alors compris que les jeux étaient faits pour ce qui est de l’adhésion aux Brics. Le pays présentait pourtant un profil économique et géopolitique idéal pour accéder à ce groupe et bénéficiait officiellement du soutien de ses deux principaux leaders que sont la Chine et la Russie.

Or, comme l’a expliqué le président, les critères de sélection et de prise de décision n’étaient pas clairs à la veille du sommet. Finalement, le groupe des cinq a tranché pour que toute demande d’adhésion soit approuvée à l’unanimité. Il suffisait donc qu’un des membres dise non pour qu’un dossier soit rejeté et c’est ce qui s’est passé, a indiqué le chef de l’Etat.

Aussi, sans tourner définitivement le dos à une possible adhésion au groupe des Brics lors de ses prochaines étapes d’élargissement déjà prévue pour son prochain sommet en Russie, l’Algérie, a fait valoir le président, ne prévoit plus de militer dans ce sens, dès lors que sa priorité stratégique se tourne avant tout vers la finalisation de son accession à la NBD.

Une accession qui s’inscrit en droite ligne avec les intérêts du pays qui cherche avant tout à stimuler la diversification de son économie en veillant à s’ouvrir sur la grande banque des Brics, potentiellement porteuse de financements durables et sans conditionnalités astreignantes pour booster la réalisation de ses grands projets d’infrastructures et d’investissement productif.

D’où d’ailleurs l’annonce faite dès juillet dernier par le président de la République, lors de sa visite d’Etat en Chine, d’une demande officielle déposée par l’Algérie pour rejoindre la nouvelle banque de développement des Brics en tant qu’actionnaire, avec une première contribution à hauteur de 1,5 milliard de dollars.

Une adhésion dont la procédure est actuellement en phase de finalisation et qui traduit en définitive la stratégie pragmatique du pays dans l’orientation de sa diplomatie d’affaires et sa nouvelle politique de redéploiement à l’international.

R. A.