Biden-Poutine : des passes d’arme au dialogue

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Joe Biden appelle à la libération immédiate du président nigérien

/Les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine, qui devaient s’entretenir hier sur la crise ukrainienne, ont renoué avec une volonté de dialogue après plusieurs mois de joutes oratoires.

« Rhétorique très agressive »

« J’ai clairement dit au président Poutine, d’une façon très différente de mon prédécesseur (Donald Trump, ndlr), que le temps où les Etats-Unis se soumettaient aux actes agressifs de la Russie (…) était révolu », avertit Joe Biden, le 5 février, un mois après son investiture. Il cite l’interférence russe dans les élections américaines, les cyberattaques et « l’empoisonnement de citoyens », en référence à l’opposant Alexeï Navalny.

Le lendemain, le Kremlin réplique : « C’est une rhétorique très agressive et pas constructive, nous le regrettons ».

Poutine est un « tueur »

Lors d’un entretien télévisé diffusé le 17 mars, Joe Biden provoque la première crise diplomatique de son mandat. 

– « Pensez-vous que (Vladimir Poutine) est un tueur ?, lui demande le journaliste. 

– Oui, je le pense », répond-il, sans préciser s’il fait référence à Alexeï Navalny. « Vous verrez bientôt le prix qu’il va payer ».

Interrogé sur les ingérences électorales russes en 2016 et en 2020, il répète que Vladimir Poutine « en paierait les conséquences ».

Moscou rappelle son ambassadeur aux Etats-Unis. Un mois plus tard, l’ambassadeur américain à Moscou rentre à Washington.

« Celui qui le dit qui l’est »

Le lendemain, Vladimir Poutine réplique : « C’est celui qui le dit qui l’est ! Ce n’est pas juste une expression enfantine, une blague (…), nous voyons toujours en l’autre nos propres caractéristiques ».

« Nous défendrons nos propres intérêts et nous travaillerons avec (les Américains) aux conditions qui nous seront avantageuses ». 

Il propose une « discussion » diffusée en direct : « Cela serait intéressant pour le peuple russe, le peuple américain et pour beaucoup d’autres pays ».

Silence américain. 

« Le moment de la désescalade est venu »

Le 15 avril, Joe Biden signe des sanctions contre la Russie « si elle continue d’interférer dans notre démocratie », en référence à la gigantesque cyberattaque de 2020.

Ces sanctions, les plus dures depuis Barack Obama, s’ajoutent à des mesures prises en mars après l’affaire Navalny.

« Le moment de la désescalade est venu », lance-t-il néanmoins, proposant un sommet bilatéral « cet été en Europe ».

Genève : 3h d’entretiens

Le 16 juin, après 3h30 d’entrevue à Genève, les deux dirigeants affichent un même satisfecit – lors de conférences de presse distinctes – sur des entretiens à la tonalité « positive » (Biden), « constructive » et sans « aucune animosité » (Poutine).

« C’était important de se rencontrer en personne », affirme l’Américain. Il met en garde sur d’éventuelles cyberattaques contre 16 « infrastructures critiques intouchables » (énergie, distribution d’eau…).

Vladmir Poutine annonce le retour des ambassadeurs à leurs postes respectifs. Ce sera chose faite les 20 et 24 juin. 

Cyberattaques russes

Le 9 juillet, Joe Biden appelle son homologue russe pour lui demander d’agir contre une vague d’attaques au « rançongiciel » attribuées à des hackers russes ayant frappé des entreprises américaines.

La discussion « s’est bien passée, je suis optimiste », déclare-t-il.

« Vladimir Poutine a noté que, malgré la volonté russe d’aider à lutter contre les cybercriminels, nous n’avons reçu ces derniers mois aucune demande » d’entraide de la part des Américains, rétorque le Kremlin.

« Sa toundra brûle mais il garde le silence »

Le 31 octobre, en plein G20, Joe Biden épingle l’absence de Vladmir Poutine. « Rien ne remplace les négociations en face à face pour la coopération mondiale ». 

Une accusation réitérée lors de la COP 26 à Glasgow : « Sa toundra brûle. Il fait face à des problèmes climatiques très, très sérieux, mais il garde le silence ».

« La toundra brûle vraiment. Mais n’oublions pas que les forêts brûlent aussi en Californie, en Turquie et ailleurs dans le monde », réplique le

Kremlin.

Le nœud ukrainien

« Préoccupé » par le déploiement de 100.000 soldats russes à la frontière ukrainienne, Joe Biden annonce fin novembre la tenue d’un entretien avec son homologue.

Niant tout projet d’invasion, Moscou dit son intention de renforcer ses forces armées en réponse à « l’activité croissante » de l’Otan à ses frontières.

A la veille de la visioconférence d’hier, le Kremlin juge qu’il est peu probable de nettoyer « les écuries d’Augias » des relations bilatérales « en quelques heures » d’entretien.

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