Blé, la facture sera moins salée 

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/La bonne pluviométrie enregistrée ces dernières semaines à travers le pays redonne un certain optimisme aux agriculteurs algériens, les céréaliculteurs particulièrement, mais aussi aux responsables du secteur de l’agriculture.

En effet, l’Algérie qui importait jusqu’à 7 millions de tonnes de blé annuellement devrait, cette année, voir sa facture baisser en raison des prévisions de récoltes en hausse, ce qui implique des importations moins importantes, mais aussi par rapport aux prix sur les marchés internationaux qui commencent à reculer. L’Algérie qui a vu sa production baisser à 13 millions de tonnes en 2021 (contre près de 40 millions de tonnes en 2020), en raison de la faible pluviométrie et du stress hydrique qui ont prévalu durant la saison 2019-2020, prévoit une récolte de 27-30 millions de tonnes de blé cette saison, ce qui permettra de réduire les importations de 25%. L’Algérie qui a continué à importer du blé pour augmenter ses stocks à une période où les prix étaient à leur summum devra commencer à réduire ses importations à partir de juillet, au moment où les prix du blé devraient continuer à baisser.

Les bonnes conditions météorologiques font baisser les prix

De légères baisses sont enregistrées ces derniers jours sur les marchés internationaux, même si elles sont loin de ramener les prix à ceux en vigueur avant la pandémie où la tonne de blé était à 175 euros.

Il y a les prévisions météorologiques favorables à une bonne pluviométrie qui viendrait soulager le fort déficit hydrique qui dégrade les blés d’hiver américains depuis plusieurs mois, mais aussi les prévisions de récolte prometteuses en Russie qui ont fini par impacter les prix du blé. Ces derniers ont reculé en début de semaine. Les pluies devraient toucher également la Corn Belt (l’Iowa aux Etats-Unis) et retarder, ainsi, encore un peu plus les semis de maïs et de blé de printemps.  Du coup, le blé Euronext à échéance mai 2022 reculait de 0,50 euros/tonne, à 400,25 euros/tonne, tandis que le contrat septembre 2022 reculait de 3,75 euros/tonne, à 376,25 euros/tonne.

La Russie devrait enregistrer une moisson record en 2022/2023

Fin avril, le cabinet de conseil Sovecon a relevé de 900.000 tonnes ses prévisions de la récolte russe de blé 2022. Elle atteindrait 87,4 millions de tonnes. Un record, quand on sait que la production de 2021 a été estimée à 75 millions de tonnes. Ce potentiel de production particulièrement élevé s’explique par des conditions climatiques très favorables au blé d’hiver russe. Elles compenseraient totalement la baisse des surfaces, de l’ordre de 5% par rapport à la campagne précédente. «Le pays arrive, en outre, en bout de campagne avec un stock de report solide dans les zones portuaires», a rapporté Marius Garrigue sur Terre-net qui a rappelé que le quota d’exportation est censé prendre fin le 31 juin. Du coup, la Russie «pourrait s’imposer, à nouveau, sur la scène internationale en 2022/2023 avec 41 millions de tonnes de blé destinées à être exportées malgré les sanctions internationales, contre 32,5 millions de tonnes en 2021/22, selon le CIC.

Une flambée record des prix du blé de mars 2021 à mars 2022

Les prix des céréales ont connu une flambée exceptionnelle depuis la guerre en Ukraine. Une flambée qui a, aussi, touché les produits agricoles, et qui s’est fortement accélérée au mois de mars sur un an. C’est du moins le constat de l’Insee établi vendredi dernier. Ainsi, de mars 2021 à mars 2022, les prix agricoles à la production ont augmenté de 26,8%. «Cette hausse, due en particulier à l’envolée des prix des céréales, est inédite : la plus forte hausse sur un an enregistrée jusque-là était de 26,1% en mars 2008», souligne l’institut de la statistique dans un communiqué rendu public dernièrement. En mars 2022, le prix des céréales comme le blé tendre ou encore le maïs, a flambé de 68,6%, et celui des oléagineux de 70,8%, par rapport au même mois de l’année précédente», selon cet indice IPPAP qui mesure l’évolution des prix des produits agricoles à la première mise sur le marché. Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, les prix des produits agricoles ont aussi fortement augmenté d’un mois sur l’autre. Les céréales enregistrent, ainsi, 36,9% d’augmentation de février à mars. Elles sont poussées par les prix du blé tendre qui grimpent de 39,8% «en raison de la guerre et des sanctions internationales contre la Russie, qui affectent deux des principaux exportateurs» de cette denrée, détaille l’Insee. Russie et Ukraine assurent à elles deux 30% du commerce mondial de blé. Le conflit tire, aussi, les prix des oléagineux qui augmentent de 27,4% d’un mois à l’autre sous l’effet de l’envolée des prix du tournesol (+ 43%), dont l’Ukraine est le premier producteur mondial. Entre 2020 et 2021, les prix des oléagineux avaient déjà gonflé de 46,3%, et ceux des céréales de 21,1% en mars sur un an.

B. A.