Ce sera aussi un rendez-vous diplomatique

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PAR DJILALI B.

Plus qu’un important rendez-vous de pays exportateurs de gaz qui se concertent à Alger, ce 7e sommet du Gecf revêt une autre importance particulière dans le contexte mondial actuel, marqué par une réelle volonté d’aller vers un monde multipolaire et l’émergence de nouveaux acteurs.

En plus des experts et des ministres du secteur de l’énergie, seront présents à cette rencontre  qui ambitionne de franchir un grand pas dans l’organisation de ce qui s’apparente d’ores et déjà à un cartel des exportateurs de gaz, à l’image de l’Opep, des personnalités politiques de premier rang. En effet, ce 7e forum d’Alger verra la présence de certains chefs d’Etat mais aussi, probablement, de premiers ministres en plus des ministres directement concernés par la problématique inscrite à l’ordre du jour. Et ce sera là une belle occasion pour les participants de se concerter sur l’organisation en elle-même, voire ébaucher des pistes pour renforcer la coopération intra-Gecf à travers des investissements pour renforcer le poids de ce cartel naissant pour défendre ses intérêts et faire face aux manœuvres hégémoniques, notamment américaines, pour déréguler le marché à leur avantage.

Certains pays membres de ce forum ont déjà entrepris de nouer des liens ou de les renforcer en matière de coopération et d’investissements pour développer leurs capacités de production ou, pour les nouveaux arrivés dans le domaine, à l’instar de la Mauritanie ou de l’Egypte, d’avoir accès à l’expertise de leurs homologues du forum. Des accords de coopération bilatérale ont déjà été signés par certains d’entre ces pays.

L’on peut citer à ce propos le cas de la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach, qui a adopté une nouvelle stratégie pour étendre son champ d’action en s’exportant davantage, notamment sur le continent africain. Sonatrach fait son retour en Libye où elle bénéficie désormais d’une extension du périmètre de ses activités. Elle a signé des accords
avec son homologue du Mozambique pour des activités similaires, notamment la prospection, domaine dans lequel elle a acquis une grande expérience. Il en sera éventuellement de même avec la Mauritanie, pays avec lequel l’Algérie est en entente parfaite sur les plans politique et économique.

L’Egypte, client historique de gaz algérien, est devenue producteur et membre du forum. Pour autant, elle aura besoin de la solidarité des autres pays membres pour défendre sa nouvelle position. La démarche adoptée par les responsables politiques des pays du Gecf vise à se prémunir des pressions du lobby des consommateurs, à profiter de la conjoncture favorable à des négociations des prix plus avantageuses. Cela d’autant plus que la conjoncture marquée par la guerre en Ukraine, les sanctions contre la Russie, a ouvert des perspectives pour les pays producteurs mais aussi induit des pressions. Les engagements des pays producteurs, exempts les Etats-Unis, ont réussi à réduire le déficit du volume de gaz russe, notamment pour le marché européen. Même le Qatar, principal fournisseur de
l’Asie avec l’Azerbaïdjan, s’est replié pour combler avec l’Algérie les besoins européens. Au grand dam des majors américains qui entendaient s’imposer sur ce marché. Ce 7e Gecf sera sans doute un moment pour les responsables politiques de discuter, en marge des travaux, des questions géostratégiques en lien avec la volonté des Etats du forum de créer un bloc d’intérêt commun, et de l’élargir, pour certains pays à d’autres domaines. L’on peut évoquer à ce sujet les projets communs entre l’Algérie et le Nigeria, notamment le gazoduc Lagos-Alger, la transsaharienne, les investissements algériens dans les secteurs sociaux dans les pays voisins, etc. Des initiatives volontaristes de l’Algérie ainsi que d’autres projets d’envergure que le président de la République qui préside ce 7e forum aura à discuter avec ses homologues et invités.

D. B.