Crise de gaz : L’Europe s’inquiète, mais pas l’Espagne

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/Le ministre espagnol des Affaires étrangères s’est montré, à nouveau, rassurant quant aux capacités de l’Algérie à assurer ses livraisons de gaz, selon les engagements contractuels.

Répondant à certains politiques espagnoles, relayés par des médias locaux qui, tantôt s’inquiètent des capacités de l’Algérie à honorer ses livraisons de gaz vers l’Espagne, et tantôt imputent la hausse des prix du gaz au mode de transport du gaz naturel liquéfié (par méthaniers), le ministre espagnol aura été on ne peut plus clair. «L’approvisionnement en gaz algérien est totalement garanti et dans les conversations que j’ai eues avec les compagnies gazières espagnoles, ils l’ont confirmé. A aucun moment il n’y a eu de pénurie de gaz et cela ne se produira pas non plus». dira-t-il lors d’une longue interview accordée à une télé locale.

Medgaz tourne à plein régime

Depuis la fin du contrat du GME le 1er Novembre dernier, et qui permettait l’acheminement du gaz algérien vers l’Espagne à travers le Maroc, le Medgaz a pris le relais. Celui-ci dont les travaux ont démarré en 2011 ne pouvait assurer l’ensemble des livraisons imposant le recours aux méthaniers pour livrer une partie du volume convenu en gaz naturel liquéfié. Ces craintes exprimées par le gouvernement espagnol à l’automne dernier ont été dissipées lors de la visite du ministre espagnol des affaires étrangères ibérique en Algérie (octobre 2021) à travers les assurances données par l’Etat algérien et la Sonatrach quant à la capacité de Medgaz à fournir l’Espagne.  

Medgaz qui a été lancé en avril 2011 relie Beni Saf, sur la côte algérienne, à Almería, sur la côte espagnole est un grand gazoduc de 210 km construit à plus de 2.000 m de profondeur en Méditerranée, et dont l’expansion renforcera la sécurité d’approvisionnement en gaz depuis l’Algérie. Cette dernière a contribué à 42,7% de tout le gaz importé par l’Espagne en 2021. Medgaz, la société qui exploite ce gazoduc, est détenue par la Sonatrach algérienne, qui contrôle 51%, et l’entreprise espagnole Naturgy, qui détient les 49%.

L’infrastructure est devenue encore plus stratégique après que l’Algérie, en raison de différends politiques avec son voisin marocain, ait décidé le 1er novembre de fermer le gazoduc Maghreb Europe (GME), en service ininterrompu depuis novembre 1996. Medgaz est, alors, devenu la principale porte d’entrée directe du gaz algérien pour l’Espagne, et à un degré moindre le Portugal.

L’Algérie prête à passer à 16 milliards m3

La presse espagnole nous a appris hier que tous les tests de sécurités et de fonctionnements du Medgaz, après les travaux d’extensions effectués lors du dernier trimestre de l’an 2021 et qui ont coûté 73 millions $ ont été passé avec succès. Il y a quelques jours, le PDG de la Sonatrach, Toufik Hakkar, avait assuré que le 4e turbocompresseur de ce gazoduc prévoit d’entrer en service ce mois-ci. Il a en outre souligné que Sonatrach a pu remplir tous ses engagements contractuels avec la partie espagnole via le gazoduc Medgaz «sans le moindre problème». Le P-DG de Sonatrach ajoutera même que Medgaz permettra de répondre à toute demande de quantités supplémentaires, à condition bien sûr de réviser les prix et les adapter à la réalité du terrain. Mieux encore, l’APS a révélé en novembre dernier qu’une étude a été finalisée pour augmenter les capacités du Medgaz à 16 milliards de m3. La partie algérienne serait, ainsi, prête à mobiliser tous les investissements nécessaires pour atteindre cette capacité. Néanmoins, cette éventualité est conditionnée par la renégociation des contrats signés en 2020 en raison de la hausse drastiques des prix du gaz à l’international, et la conclusion de contrats à long terme que devrait boucler la Sonatrach avec ses clients traditionnels.

Le Vieux continent en état d’alerte

2021 restera dans les mémoires comme une année sans précédent sur le marché du gaz naturel, au cours de laquelle les prix dans le monde ont atteint des niveaux record. A la demande accrue en raison d’un hiver froid dans l’hémisphère nord et la reprise économique suite à l’impact du coronavirus est venu s’ajouter l’aléa d’un approvisionnement limité en gaz naturel liquéfié (GNL) en raison de la baisse des flux de la Russie et le détournement du GNL de l’hémisphère nord de l’Europe vers l’Asie et l’Amérique du Sud. L’Europe a réagi en utilisant de grandes quantités en stockage, puis en procédant à des injections dans le stockage.

Selon certains analystes, la raison principale de la hausse des prix était la réduction significative des flux en provenance de Russie, alors que Gazprom qui respecte ses engagements auprès de ses clients européens semble garder les sites de réserve potentiels hors du marché pour des raisons géopolitiques (faire pression sur le régulateur allemand et la Commission européenne) et économiques (pour maintenir les prix élevés). Et les choses ne semblent pas s’améliorer en ce début d’année 2022, les livraisons russes de gaz sont inférieures à celles de décembre.

Cependant, les Européens qui entendent faire baisser le prix du gaz par rapport aux niveaux actuels très élevés envisagent de reconstituer les réserves de gaz dès cet été. Et malgré la vigueur accrue de la production norvégienne et la perspective d’une production plus élevée que prévue de Groningen (Pays-Bas), ces stocks nécessiteront d’avantage d’importations via les pipelines en provenance de la Russie, d’Afrique du Nord, d’Iran et d’Azerbaïdjan. Des maux de tête que l’Espagne, cliente de l’Algérie ne devrait pas avoir, pas tant que le contrat entre les deux pays court toujours en tout cas. 

B. A.