De la nationalisation à la mise en place de projets structurants. Mines : l’Algérie impose sa souveraineté

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Par Djilali B.

Le recouvrement de l’indépendance aurait été un objectif inachevé sans le recouvrement de la souveraineté du pays sur ses richesses et ses ressources naturelles, sachant que la principale motivation de la colonisation était de faire main basse sur ces richesses.

A peine libérée de la colonisation, l’Algérie a entrepris de faire revenir sous sa coupe des segments entiers de l’économie et de la culture naguère exploités par les autorités françaises ou des colons. Pari difficile, étant donné la féroce résistance française pour contenter les Algériens, fraîchement libérés, de l’indépendance politique. Fallait-il alors procéder par étape, en commençant par la nationalisation des mines, le 6 mai, 1966, suivie, l’année d’après, plus exactement le 11 mai 1967, par la création de la société nationale de recherches et d’exploitation minières, Sonarem. Et c’est à juste titre que le ministre de l’énergie et des mines, M. Arkab, qui présidait ce jeudi une cérémonie dédiée à cette occasion, affirmait que «le recouvrement par l’Algérie de sa souveraineté sur ses richesses minières a été rendu possible par la détermination des patriotes loyaux, des travailleurs, des cadres et des compétences nationales».

L’industrie de transformation pour rééquilibrer l’équation

Cependant, l’œuvre, dans ses intentions, n’a pas été achevée, dans la mesure où, à ce sujet, l’économie n’a pas décollé, restée dépendante d’une stratégie extractive, sans véritable industrie, transformant, au fil du temps, la vocation du pays, en économie rentière qui se nourrit de l’exportation de ses ressources à l’état brut.

L’Algérie, qui a pris conscience de son retard en matière d’industrie liée à ses ressources, du coût élevé de ce retard, a entrepris de «rééquilibrer l’équation», si l’on peut dire, pour tirer davantage profit de ses ressources en mettant en place une stratégie industrielle afférente, une législation attractive pour les investissements, pour sortir de la dépendance directe de l’exportation «des bruts». Raison pour laquelle M. Arkab a évoqué, dans son discours, ce jeudi, «la nécessité d’augmenter la valeur ajoutée du secteur des mines, ce qui permettra de réduire la facture des importations et de développer plusieurs filières industrielles». Il a déclaré à ce propos : «Nous sommes tous conscients de ce que peut apporter le secteur des mines pour enrichir de nombreuses industries de transformation en matières minières, d’où l’impératif d’augmenter la valeur ajoutée de ce secteur vers un niveau beaucoup plus élevé. »

Réduire les coûts et la dépendance de l’étranger

Ceci devrait réduire les importations et permettre à l’Etat d’économiser des millions de dollars et de générer des revenus à travers l’amélioration des différentes industries telles que le marbre, le carbonate de calcium, le barytine, le feldspath, le kaolin, le zinc, et l’or.

Quel bénéfice peut tirer le pays, avec même des contrats avantageux, dans l’exploitation et l’exportation du phosphate pour se retrouver ensuite dans la catégorie des importateurs de ses dérivés, dont les engrais utiles pour l’agriculture ? Parce que la sécurité et l’autosuffisance alimentaires dépendent aussi de la capacité du pays à réduire sa facture d’importation des engrais et semences que la mise en place d’une industrie locale peut assurer.

Le ministre a d’ailleurs rappelé la directive du président de la République relative à l’encouragement, au développement et à la modernisation des activités agricoles, à travers la production locale d’urée et d’engrais phosphatés sous toutes leurs formes, sans recours à l’importation, en vue de garantir l’approvisionnement alimentaire national de manière permanente et stable afin d’atteindre la sécurité alimentaire.

C’est dans le même sens que verse la nouvelle vision concernant le secteur des mines, qui repose sur des projets intégrés incluant à la fois la recherche et l’exploration, l’exploitation et l’adossement de ces activités à une industrie manufacturière pour transformer les matières premières pour l’exportation. Il s’agit entre autres, rappelle-t-on, de la mine de fer de Gara Djebilet, la mine de zinc et de plomb d’Oued Amizour-Tala Hamza (Béjaïa), de phosphate de Bled El-Hedba (Tébessa) et d’Oued Kebrit (Souk Ahras).

Cette optique participe incontestablement de l’assise de la souveraineté du pays sur ses richesses par la maîtrise du processus de leur revalorisation pour réduire à la fois les coûts et la dépendance de l’étranger. Parce qu’en définitive, les conflits et crises actuels, les pressions et les nouvelles formes de guerre versent toutes dans un même objectif : l’exploitation des ressources minières dont ont besoin et dont dépendent toutes les industries aujourd’hui.

D.B.