Des spécialistes mettent en garde contre la banalisation d’Omicron

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/Au moment où le nombre de contaminations au Covid-19 continue son ascension fulgurante, les experts mettent en garde contre un éventuel effondrement du système de santé, et cela, en raison de l’inconscience des citoyens.

En effet, partant du fait que le variant Omicron présente une forme d’infection moins létale que le Delta, on assiste un véritable relâchement concernant le respect des gestes barrières. Considérant l’infection au variant Omicron comme bénigne et ne représentant aucune complication, ils sont nombreux à ne plus tenir compte des mesures préventives. Un comportement condamné par le Professeur Djidjik, chef service immunologie au CHU de Beni Messous qui met en garde contre le fait de traiter l’infection à l’Omicron avec légèreté. Il explique que le variant Omicron présente une forme moins grave dans les pays ayant enregistré des taux de vaccination élevés et qui ont permis à leurs citoyens une immunité contre ce variant, ce qui n’est pas le cas de l’Algérie qui affiche un taux de vaccination honteusement bas.  Dans ce sens, il a rappelé l’importance de la vaccination qui demeure l’unique moyen de lutter contre le virus en déplorant la réticence des citoyens face au vaccin disponible en quantité suffisante.

«La vaccination des enfants et des femmes enceintes sera tranchée prochainement»

Un avis partagé par son homologue, le Pr Lyès Akhamouk, membre du comité scientifique chargé du suivi de la pandémie qui a indiqué que l’atteinte d’une immunité collective par le biais d’une contamination naturelle est une fausse idée qui va nous mener directement vers l’effondrement du système sanitaire déjà saturé. Intervenant sur les ondes d’une radio régionale, l’expert a affirmé que le nombre d’hospitalisations liés au Covid-19 s’élève à 5000 et cela à travers le territoire national en annonçant l’ouverture progressive d’autres services Covid selon la demande. Indiquant que le variant Omicron touche à plus de 20%, les enfants que le variant Delta, le Pr Akhamouk a aussi affirmé que la vaccination des enfants et femmes enceintes est actuellement débattue par le comité scientifique qui tranchera sur la question dans les prochains jours. Aussi, l’expert a souligné que la 3e dose de vaccination ou dose de rappel est considérée aujourd’hui comme indispensable surtout pour les personnes âgées et immunodépressives. Il aussi rappelé la possibilité de demander sa 3e dose de vaccin à 4 mois au lieu de 6 mois après la 2e dose.

Aussi, si le Pr Kamel Djenouhat a déclaré que le nombre de contamination quotidienne dépasse les 20.000 cas par jours, le Pr Akhamouk a affirmé que le nombre officiel donné est loin de refléter la réalité car il ne prend en compte que les tests PCR.

Qualifiant la situation sanitaire d’«inquiétante», le comité scientifique a appelé les citoyens à contribuer à rompre la chaîne des contaminations pour préserver le système de santé qui est déjà à bout.

W. S.

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Le personnel médical à bout de souffle, dénonce

«Nous n’avons même pas de bavettes»

Face au déferlement de la 4e vague de Covid-19 avec un variant Omicron qui se propage rapidement, l’armée blanche crie son ras-le-bol. Au moment où le Pr Djidjik, membre du comité d’experts chargé du suivi du Covid déclare que 50% du personnel médical est malade, le président du Syndicat algérien des paramédicaux affirme que le chiffre est bien supérieur. «50% ? Moi, je dis que plus de 80% du personnel médical ont été contaminés par le coronavirus. Il y a des personnes qui depuis le début de la pandémie ont chopé le virus 2 à 3 fois. Actuellement, avec le variant Omicron, les travailleurs du secteur sont en train de tomber un à un face à l’indifférence de la tutelle», a déclaré Ghachi Lounes, président du SAP. En plus de la saturation des hôpitaux, le syndicaliste rapporte un manque de moyens flagrants surtout pour ce qui concerne le dépistage du Covid et la protection du personnel. «Nos structures hospitalières sont dépourvues des moyens les plus simples. Je ne comprends pas pourquoi le ministre dit que nous sommes prêts alors que nous n’avons même pas de bavettes disponibles.  Est-il normal que les travailleurs du secteur achètent avec leur propre argent leurs moyens de protection contre le Covid tels que les blouses, les bavettes et le gel désinfectant ?» s’est-il indigné. Mais encore, le syndicaliste a tenu à souligner une véritable incohérence dans la gestion de la prime Covid en précisant que les travailleurs ayant été contaminés par le virus et ayant bénéficié d’un congé maladie ne peuvent prétendre à la prime Covid.

«Quand on tombe malade, on perd la prime Covid !»

«Ce qui se passe est incroyable, c’est comme si pour la tutelle, le personnel de santé ne doit ni tomber malade ni avoir besoin de se reposer. Si un travailleur est contaminé par le virus et qu’il décide de prendre un congé maladie pour se reposer, il va se retrouver non seulement avec une ponction sur salaire mais il n’aura aussi plus le droit à la prime Covid», déclare Ghachi Lounes.

Face aux chiffres inquiétants du Covid, le syndicaliste a déclaré que les hôpitaux sont surchargés en appelant les citoyens à faire preuve de plus de vigilance. «Les hôpitaux sont saturés nous recevons aussi bien des adultes que des enfants. Même si les complications se font rares, le nombre d’hospitalisations est important», dit-il. Pour ce qui est de la prise en charge, notre interlocuteur nous a confié qu’elle reste bonne relativement. «Malgré les pénuries de médicaments, on arrive quand même à soigner les gens, c’est déjà une bonne chose», a-t-il conclu.

W. S.