En attendant le port d’El-Hamdania : Djen Djen, la façade incontournable pour le marché africain

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PAR NABIL M.

L’extension du port de Djen Djen dans la wilaya de Jijel permettra à l’Algérie de devenir la principale façade commerciale du sud de la Méditerranée et le point d’entrée incontournable
pour le marché africain. Cet ambitieux projet, qui concerne la partie est du port, devrait accroître l’infrastructure portuaire commerciale de Djen Djen, lui permettant de devenir un point de liaison maritime rivalisant avec les plus grands ports de Méditerranée en termes de traitement du trafic de marchandises et du nombre d’opérations d’exportation et d’importation au niveau régional et continental. Le projet a été examiné par le gouvernement en mai 2022, avec une présentation du ministre des travaux publics portant sur cette extension du port qui vise, selon le ministre, à le transformer en hub portuaire. Ce projet aura pour objectif l’augmentation des capacités du port de Djen Djen et son intégration dans le réseau des grands ports méditerranéens, selon les objectifs tracés par le gouvernement.

L’extension du port de Djen Djen est ainsi une opération stratégique destinée à augmenter le trafic de traitement des marchandises et à optimiser au plus haut niveau les opérations d’exportation hors hydrocarbures à travers des nouvelles lignes maritimes vers les pays africains. Il est ainsi prévu la réalisation de quais de liaison de 3,2 km de linaires avec un tirant d’eau de moins de 19 m de profondeur sur une zone d’une superficie de 350 ha, avec une zone logistique de 86 ha. Les nouveaux postes à quai de cette extension accéléreront le processus d’affrètement des gigantesques navires marchands et des longs porte conteneurs, ce qui réduira les frais du transport maritime.

Des délais courts et des tarifs réduits jusqu’à 25%

Pour Hassan Kacimi, expert en questions géopolitiques, « le port de Djen Djen peut devenir le plus grand en Méditerranée pouvant desservir toute l’Afrique ». Il a l’avantage, poursuit-il, d’être relié aux réseaux de transport, notamment le chemin de fer et l’autoroute est-ouest au niveau de la pénétrante de Bordj Bou-Arréridj, connectée à la route Tindouf-Zouérat (Mauritanie). Selon Kacimi, « en seulement une semaine, la marchandise peut être livrée aux pays de l’Afrique de l’Ouest, notamment le Sénégal, le Nigeria et la Mauritanie », ajoutant que le délai actuel pour l’arrivée des marchandises à ces pays à travers la voie
maritime est d’au moins 25 jours. Concernant les frais de transport, l’expert a expliqué que grâce au port de Djen Djen, les coûts du transport pourront connaître une baisse significative, atteignant jusqu’à moins de 25%. Il a aussi indiqué que d’ici fin 2024, les bateaux de grandes capacités pourront accoster le port grâce aux travaux d’extension et d’aménagement qui y sont effectués. Sur ce point, il est à rappeler que la tendance actuelle, en termes de construction navale, est orientée vers la fabrication de très grands
navires qui peuvent transporter 200.000 t et jusqu’à 25 millions d’EVP (l’équivalent de vingt pieds).

Ce projet entre ainsi dans le cadre de la démarche de l’Etat qui vise le renforcement des capacités logistiques du pays, en inscrivant plusieurs projets structurants, notamment celui de la réalisation du grand port d’El-Hamdania (wilaya de Tipaza), ainsi que l’extension des réseaux ferroviaires du nord vers le sud, en sus de la transsaharienne. La finalité étant de relier les ports algériens aux marchés africains afin de permettre à l’Algérie de se placer sur les marchés africains et de se préparer à la création des zones de libre-échange.

N. M.