Gaz : l’Algérie incontournable pour l’Italie et l’Espagne

0
25
gaz pipeline

Après l’arrêt avant-hier du gazoduc russe Nord Stream 1 pour des travaux de maintenance qui dureront au moins 10 jours et la réduction d’un tiers des approvisionnements de Gazprom, toute l’Europe craint qu’un blocage total des flux en provenance de Moscou survienne cet été. «Ce sera un hiver à risque», prédit la presse européenne. Ce le sera un peu moins pour l’Espagne et l’Italie, deux gros clients de l’Algérie.

Alors que la Russie continue de réduire les flux de gaz, le gouvernement italien travaille sur un plan pour garantir le stockage nécessaire en prévision de l’hiver, dans le cadre d’accords avec des pays tiers et la construction de nouvelles unités de regazéification. L’Italie prenait environ 30 milliards de mètres cubes de gaz à la Russie, donc la réduction annoncée par Moscou vaut environ 10 milliards de mètres cubes. Mais le gouvernement italien assure que la situation serait sous contrôle, grâce aux sources alternatives trouvées ces derniers mois en Azerbaïdjan et surtout en Algérie et qui pourraient couvrir un éventuel arrêt depuis Moscou à court terme, alors qu’à moyen terme, la stratégie concerne plusieurs pays. C’est pourquoi des plans de rationnement et d’austérité de la consommation sont à l’étude.

Stockage de gaz, 26% des réserves manquent à l’Italie

À ce jour, l’Italie a accumulé environ 64% des stocks maximum, mais les réserves d’ici la fin de l’année doivent atteindre 90% pour faire face à la période de consommation la plus élevée de l’année. Et pour éviter le rationnement en maintenant le niveau d’alerte au niveau un, sur une échelle de trois, le seuil des 80-85% doit être atteint d’ici octobre. L’idée est d’utiliser les flux de gaz supplémentaires obtenus grâce à une série de nouveaux accords pour cette année et la prochaine, dont le plus important est celui signé avec l’Algérie, et concéder quelques petits sacrifices pour les citoyens et les entreprises. Le ministre de la Transition écologique Cingolani lui-même l’a expliqué : «S’il était déjà possible d’abaisser la température moyenne de chauffage d’un degré et de réduire la période d’activation des radiateurs d’une heure, environ 1,5 à 2 milliards de mètres cubes de gaz seraient économisés».

L’Algérie 1re source d’approvisionnement de l’Italie

L’année dernière, l’Italie a importé 72,7 milliards de mètres cubes de gaz, répartis comme suit : 40% provenaient de Russie, 29% d’Algérie, 10% d’Azerbaïdjan, 4% de Libye et 3% d’Europe du Nord. 13,5% étaient plutôt couvertes par le GNL. Aujourd’hui, ces chiffres ont changé, la part de la Russie est descendue à 26%, grâce aux accords conclus par le gouvernement à partir d’avril avec l’Algérie, l’Égypte, la République du Congo et l’Angola, ainsi que les coupures d’approvisionnement établies par Moscou. En mai, donc, la principale source d’approvisionnement est devenue l’Algérie (30%), suivie de l’Azerbaïdjan (13%), de la Norvège et des Pays-Bas (10%) et de la Libye (3%), tandis que 17% provenaient du GNL… Sur 31,7 milliards de mètres cubes de gaz importés, les plus fortes hausses ont concerné l’Algérie (+ 0,3%), l’Azerbaïdjan (+ 103%), les Pays-Bas et la Norvège (+ 211,3%), tandis que le GNL progressait de 19,2%. Au total, c’est 5,2 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires que Draghi a fait gagner à son pays compensant les 4,8 milliards perdus de la Russie et de la Libye.

L’aveu de dépendance à l’Algérie du PDG d’Enagaz

Avec l’un des niveaux de stockage de gaz les plus élevés d’Europe, avec 73,2% de remplissage des entrepôts souterrains, l’Espagne n’est pas encore à l’abri. C’est ce qu’a indiqué hier le PDG d’Enagas, Arturo Gonzalo Aizpiri, lors de la présentation aux analystes du plan stratégique de l’entreprise pour la période 2022-2030.

«Au 1er août, le niveau devrait être de 71%. Il est prévu que 26 méthaniers supplémentaires arrivent en Espagne en juillet, ce qui représente 26 térawattheures (TWh) supplémentaires de gaz, qui, avec le gaz qui arrive d’Algérie par le Gazoduc Medgaz nous donne un grand confort», a-t-il assuré avant d’d’insister sur le fait que cela «ne signifie pas qu’Enagas, en tant que gestionnaire du système gazier espagnol, ne surveille pas l’évolution des choses au jour le jour».


Y. C.