Hormis la viande d’agneau et quelques produits agricoles largement consommés durant le ramadan : Pas de flambée généralisée des prix cette année

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Une virée dans un marché d’Alger suffit pour faire le constat suivant : les prix des légumes sont relativement abordables, contrairement aux viandes.

PAR ZINE HADDADI

Contrairement aux années précédentes, l’arrivée du mois de ramadan n’a pas entraîné de flambée généralisée des produits largement consommés par les Algériens durant cette période de l’année à des exceptions près. En effet, si on prend l’exemple des fruits et légumes, les prix sont pratiquement restés au même niveau au fur et à mesure que le mois de ramadan approchait. Dans le marché de Bachdjarah, réputé pour ses prix habituellement abordables, nous avons eu à constater une stabilité des prix des légumes ce week-end par rapport à la semaine passée.

Mis à part quelques produits agricoles, qui connaissent une certaine tension du fait de l’augmentation de la demande due à leur consommation importante durant le ramadan, les légumes demeurent proposés à des prix plus ou moins raisonnables.

Légumes : des prix stables à la veille du ramadan

En effet, si les prix de la tomate, de l’oignon et de la courgette, nécessaires pour la confection des plats spécifiques au mois sacré, ont augmenté à raison que le ramadan approchait, la pomme de terre, largement consommée par les Algériens est restée à une moyenne abordable. La tomate, l’oignon et la courgette ont certes frôlé, voire dépassé la barre des 100 DA. Au marché de Bachdjarah, il était possible ce week-end d’acheter la pomme de terre entre 50 et 60 DA le kilo. L’oignon vert proposé à 35 DA le kilo, la betterave et les carottes vendues entre 40 et 60 DA ont été abordables ce week-end.

Les prix d’autres légumes comme l’aubergine, le concombre, les choux, les choux-fleurs et les navets n’ont pas dépassé 100 DA le kilo. Au mois de ramadan, l’Algérien a pour habitude d’augmenter sa consommation de viandes rouges et blanches. Les prix de ces produits ont varié avec une tendance à la hausse. Le prix du poulet a connu une hausse assez sensible à l’approche du mois de ramadan. Il a dépassé 500 DA le kilo au marché de Bachdjarah et a atteint 560 DA ailleurs à Alger.

Pour les viandes rouges, les prix diffèrent selon les produits. La viande de bœuf importée d’Espagne a été proposée ces derniers jours à 1350 et 1380 DA tandis que le bifteck a atteint 1700 DA. La viande hachée a été vendue à 1100 et 1200 DA à Alger ces dernières heures. Cependant, le prix de la viande d’agneau a flambé atteignant 2900 DA le kilo.

Régulation des prix : le ministère du commerce compte sur les marchés de proximité

Le constat de la stabilité des prix dans les marchés de légumes est partagé par Souhila Abellache, cheffe de cabinet au ministère du commerce, de passage à la chaîne 3 de la radio nationale hier. Cette dernière explique la stabilité des prix des fruits et légumes par la décision prise par le président de la République dans le cadre de la loi de finances 2024 de supprimer la taxe sur la valeur ajoutée sur les produits de large consommation. La diminution de 30% des droits de douane sur l’importation des viandes blanches et rouges a également donné « des résultats », selon Mme Abellache.

« En plus des mesures comprises dans la loi de finances, l’instauration de près de 500 marchés de proximité où les producteurs peuvent vendre directement au consommateur permet de réguler le marché. Il faut également saluer l’initiative du Crea (conseil du renouveau économique algérien, ndlr). 65 opérateurs économiques ont annoncé des prix spéciaux pour le ramadan à vendre dans les marchés de proximité notamment », a-t-elle expliqué.

La représentante du ministère du commerce a toutefois reconnu des « tensions » sur les viandes rouges. Mme Abellache a annoncé que la viande rouge importée vendue à 1200 D le kilo sera disponible dans les marchés de proximité. La mesure concerne également la viande blanche, puisque « les offices tels que l’Onab (Office national des aliments du bétail, ndlr) ont été conviés à faire de la vente directe dans ces espaces », a-t-il ajouté. La réussite relative de l’encadrement des prix durant ce mois de ramadan devra pousser les autorités à faire de même pour le reste de l’année, selon Mme Abellache.

« Le ramadan est un cas d’école. Il faut que l’encadrement soit bien ficelé tout au long de l’année avec enquêtes de consommation, les plateformes de distribution, des prix encadrés avec une structure des prix qui fait l’objet d’un droit de regard », a-t-elle détaillé. La cheffe de cabinet au ministère du commerce a défendu l’approche de contrôle de la structure de prix qui permet selon elle de « remonter la chaîne depuis son commencement pour pouvoir fixer les marges bénéficiaires », notamment pour les produits qui ont bénéficié de mesures d’encouragement fiscal comme c’est le cas des viandes.

Les Algériens ne demandent pas plus que de pouvoir acheter les produits qu’ils consomment largement durant le mois de ramadan à des prix raisonnables, à leur portée. Si c’est relativement le cas pour ce qui est des légumes et fruits, les prix des viandes demandent encore des efforts pour arriver à une régulation encore plus efficace des prix qui restent à des niveaux assez élevés à quelques heures du début du ramadan. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le ministre du commerce a donné des instructions pour le suivi de la distribution et de l’approvisionnement du marché en viandes rouges, en sus du suivi et de l’évaluation des opérations de déchargement des stocks pour mieux répondre aux besoins du marché, en marge d’une réunion de coordination tenue hier pour pour évaluer la situation du marché avant le début du ramadan, indique un communiqué du ministère.

Z. H