Ils importent des « produits cabas » : Ces « beznassia » prêts à tout pour maintenir leur activité

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PAR M. MANSOUR

BIEN QUE des mesures draconiennes aient été prises pour endiguer le phénomène, les vendeurs opérant dans le marché parallèle, communément appelés « beznassia de produits cabas », s’emploient avec une ingéniosité redoublée à les contourner pour maintenir leur activité. Un petit tour dans certaines enseignes, d’ailleurs bien connues, permet de constater la persistance de la vente de ces produits figurant, pourtant, dans la liste des articles interdits à l’importation. Cette marchandise provient souvent du marché parallèle alimenté par les vendeurs de produits cabas. A la question de savoir comment ils parviennent à l’introduire malgré les mesures rigoureuses des autorités, un tiktokeur a fourni quelques éléments de réponse renseignant sur des pratiques machiavéliques.

Un véritable stratagème !

Le premier constat à faire est que l’exercice est ardu et complexe. Il implique de nombreuses variables, qui, en substance, requièrent de concilier les gains à faire dans les transactions de change, ceux récoltés sur la pesée des marchandises à l’aéroport, tout en amortissant les dépenses journalières et celles liées aux billets d’avion. De plus, une compréhension du fonctionnement des services de contrôle semble indispensable.
Dans une vidéo diffusée sur le réseau social, un tiktokeur, désigné dans cet article sous le prénom de Moumen, a énuméré toutes les astuces utilisées par ces vendeurs, en commençant par rappeler que les voyageurs en partance d’Algérie ont le droit de transporter hors du territoire national une somme ne dépassant pas 7500 euros.

« Premièrement, il est requis de déposer la somme de 7500 euros auprès de la banque
nationale d’Algérie (BNA), pour une période de 48 heures, avant de procéder à leur transfert vers la banque de l’agriculture et du développement rural (BADR), où ils doivent demeurer pendant 24 heures. Une fois ce laps de temps écoulé, il convient d’effectuer un retrait en demandant un bon, lequel servira de justificatif auprès des agents de contrôle à l’aéroport de départ », a-t-il expliqué.

Des bénéfices sur le change

Ce qui suscite l’étonnement, c’est que non seulement ces vendeurs de produits cabas parviennent à réaliser des profits substantiels sur les marchandises importées, mais également qu’ils réussissent à générer des gains dans les transactions de change en Turquie. « L’avantage avec l’euro, c’est que dans le pire des cas, tu peux réaliser un bénéfice de 300 DA sur 100 euros lors d’un échange. » Bien entendu, ces transactions s’effectuent entre vendeurs, en dehors du circuit officiel.

En ce qui concerne les marchandises générant les bénéfices les plus importants lors de la revente en Algérie, Moumen recommande d’importer des consoles de jeux et des manettes. « Elles se vendent comme des petits pains en Algérie. Il existe même un ressortissant syrien résidant en Algérie, spécialisé dans ce domaine. Il les rachètera sans aucune difficulté », a-t-il affirmé. Et de continuer en conseillant à ceux qui envisageraient de s’engager dans de telles activités, pourtant illégales, de nouer des contacts en Algérie, avec les enseignes vendant des friandises importées. « Proposez leur vos services en expliquant que vous leur rapporterez la marchandise au prix affiché dans les magasins en Turquie et que, de leur côté, ils doivent seulement s’acquitter du montant de pesée à l’aéroport. »

Des bénéfices sur la pesée des marchandises

L’auteur de la vidéo, visiblement expérimenté dans le commerce des produits cabas, a ensuite recommandé de négocier un tarif de la pesée légèrement inférieur à celui fixé par les agences, tout en étant un tantinet supérieur à celui imposé aux voyageurs. Pour ce qui est de la répartition des poids de la marchandise, il explique que sur les 56 kg autorisés, seuls 48 sont véritablement exploitables, compte tenu du poids des valises vides. Sur cette quantité, il recommande l’achat de 15 kg de friandises, ce qui, lors de la pesée, équivaut à des frais s’élevant à 19.500 DA.

Il suggère, par la suite, de procéder de la même manière en achetant 15 kg de produits cosmétiques. Là encore, il recommande de négocier le tarif de la pesée avec les enseignes algériennes intéressées, en réclamant 1400 DA par kilo, au lieu des 1500 DA exigés par les agences et des 1300 DA imposés aux voyageurs. Le reste du poids serait comblé par des articles de prêt-à-porter. En effectuant une estimation rapide, en tenant compte des dépenses requises pendant les trois jours de voyage et du prix du billet d’avion qu’il est nécessaire de réserver au moins un mois à l’avance pour obtenir le meilleur tarif, il parvient à la conclusion que le vendeur de produits cabas réalise un bénéfice de 20.000 DA par voyage, ce qui est considérable compte tenu des jours de travail.

M. M