Industrie automobile en Algérie : l’Etat trace la route

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A la veille de la publication du cahier des charges relatif à l’importation des véhicules neufs et ceux encadrant la fabrication automobile en Algérie, tel qu’annoncé par le président de la République lors du conseil des ministres tenu lundi, un conseil du gouvernement présidé par le premier ministre Aïmene Benabderrahmane a vu le ministre de l’Industrie présenter un projet de décret exécutif fixant les conditions et les modalités d’exercice de l’activité de construction de véhicules. Le communiqué du premier ministère révèle que «le projet de texte a pour objet d’asseoir une véritable industrie nationale dans la filière automobile avec la mobilisation de la sous-traitance locale et la réunion des conditions nécessaires favorisant l’implantation des équipementiers de renommée mondiale activant dans la filière automobile».

Le communiqué ajoute que «ce nouveau dispositif vise également à mettre en place les conditions nécessaires en matière de régime fiscal préférentiel à accorder, notamment aux constructeurs ayant atteint les taux d’intégration prévus par la législation en vigueur».
Attirer les constructeurs automobiles, mais aussi les équipementiers de renommée mondiale.

C’est le maître-mot pour la réussite d’un projet industriel à valeur ajoutée. Les spécialistes préconisent même de mettre en place un tissu industriel composé d’équipementiers et de sous-traitants, pour ensuite passer à la fabrication automobile.

Un exercice délicat, vu la conjoncture mondiale actuelle, la rude concurrence régionale et le déficit d’image engrangé par l’Algérie depuis deux décennies, plus particulièrement depuis 2014. Convaincre les constructeurs et les équipementiers des changements opérés dans le mode de gouvernance en Algérie ne sera pas une tâche aisée, même s’il est question de «mettre en place les conditions nécessaires en matière de régime fiscal préférentiel à accorder notamment aux constructeurs ayant atteint les taux d’intégration prévus par la législation en vigueur» et de «la réunion des conditions nécessaires favorisant l’implantation des équipementiers de renommée mondiale activant dans la filière automobile». Des avantages, tels que l’exonération des droits de douane et de la TVA étaient déjà accordés pour 5 ans dans les précédents textes. Qu’y aura-t-il de nouveau ?

Il est vrai que les atouts du pays restent indéniables. La disponibilité de l’énergie (gaz et électricité) à des prix concurrentiels, une main-d’œuvre plus de 4 fois moins chère qu’en Europe, et un nouveau code des investissements qui garantit une stabilité durant 10 ans au moins.

Il est vrai aussi qu’un semblant d’industrie automobile a été lancé en 2014 avec de grands constructeurs comme le groupe Renault, le groupe PSA, le groupe Volkswagen, le groupe Hyundai-Kia, mais le départ était faussé.

Des équipementiers sont déjà installés en Algérie, à l’image de Sarel à Oued Smar (fournisseur de pièces d’injection plastique de Renault Algérie Production, et qui exporte ses produits depuis janvier 2020), Matur Algérie à Oued Tlélat (une joint-venture algéro-turque spécialisée dans la fabrication de sièges), Sitel à Oued Tlélat (une co-entreprise entre un investisseur algérien et la filiale de Renault Leony qui fournit une variété de câbles à Renault Algérie Production) et bien d’autres. D’autres, comme Fauricia, une filiale du groupe PSA (aujourd’hui Stellantis) qui fournit des équipements à Peugeot-Citroën-DS, ou encore des équipementiers de Seat et Kia, pour ne citer que ceux-là, étaient prêts à s’implanter. Mais les conditions n’étaient pas alors réunies.

Aujourd’hui, tout ce beau monde, constructeurs et équipementiers, est dans l’attente de la publication de ces cahiers des charges pour la fabrication automobile, mais le secteur de la pièce de rechange attend aussi de voir ce qui est réservé à ce qui constituera le tissu industriel nécessaire à cette industrie mécanique.

Par Brahim Aziez