Islam de France : un nouveau départ

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/Le CFCM est mort, place au Forif Le paysage institutionnel hexagonal s’est doté, ce week-end, d’une nouvelle structure chargée de servir de cadre aux relations entre les pouvoirs publics français et la deuxième religion de France. 

Sans surprise, l’acte de décès du Conseil français du culte musulman a été signé samedi à la faveur d’une réunion à Paris. Un peu moins d’une centaine d’acteurs s’y sont retrouvés pour acter la fin du CFCM et la naissance du Forum de l’islam de France (Forif). En présence des représentants du bureau central des cultes du ministère de l’Intérieur – département ministériel en charge du dossier des religions -, les quelque quatre-vingts représentants de l’islam ont été les témoins d’une énième initiative gouvernementale dans ce registre de la vie publique française. 

Initiateur, au nom du gouvernement, de cette nouvelle devanture du dialogue entre les autorités françaises et le culte musulman, le ministre de l’Intérieur a qualifié le Forif d’ »instance de dialogue nationale » entre la République et les représentants de l’islam. 

Présent à la clôture de la rencontre, Gérald Darmanin a précisé les contours organiques de la nouvelle instance. « Désormais, il n’y aura plus pour le gouvernement de représentant unique du culte musulman ». Changement de taille par rapport au CFCM, le Forif sera la vitrine « des collectifs organisés par thématiques pour obtenir des résultats concrets », explique le ministre cité par la presse. Visiblement, le gouvernement français a choisi de rompre avec la démarche prônée par Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur entre 2002 et 2007 puis à l’Élysée entre 2007 et 2012, date de sa défaite électorale face à François Hollande. 

Cette énième reconfiguration institutionnelle du culte musulman était en l’air depuis plusieurs semaines. À l’aube de 2022, des groupes de travail – quatre – s’étaient réunies à deux reprises par visio-conférence. La composante de ce double conclave a été constituée par le ministère de l’Intérieur avec des représentants de l’islam. Les échanges enregistrés lors des deux réunions ont fait l’objet d’une synthèse qui a nourri une note rédigée par le bureau central des cultes et  adressée – via les préfets – aux représentants de l’islam de France. 

«Un coup de com pour macron»

Quatre sujets avaient été sériés par les pouvoirs publics dans le cadre des groupes de travail et dans la note transmise aux représentants du culte musulman, selon le quotidien Le Monde : l’organisation et le fonctionnement des trois aumôneries (prisons, armée et hôpitaux), la professionnalisation et le recrutement des imams, l’application de la loi inhérente au respect des principes de la République et la sécurité des lieux de culte et la lutte contre les actes antimusulmans. 

Les représentants du culte musulman étaient invités à soumettre des propositions avant le 27 janvier, ultime délai avant l’accélération de la démarche de Gérald Darmanin et la tenue de la première session du Forif. 

Autre changement organique notable par rapport au CFCM, le Forum de l’islam de France se réunira une fois par an. « Ce forum n’a pas vocation à être une structure permanente, mais plutôt un cadre destiné à discuter et régler avec les pouvoirs publics des difficultés concrètes auxquelles se heurtent les acteurs du culte musulman aujourd’hui », fait remarquer Cécile Chambraud en charge de ce dossier cultuel au Monde. 

Chose prévisible, cette énième reconfiguration du cadre institutionnel du culte musulman n’a pas manqué de susciter des commentaires contrastés. Bien avant la naissance du Forif, Franck Frégosi, un familier de ces questions, a épinglé cette énième initiative du gouvernement dans une tribune adressée au quotidien du soir. Chercheur au CNRS et auteur de nombreuses publications sur le culte musulman, Franck Frégosi épingle cette « nouvelle gouvernance de l’islam » et y voit une « opération médiatique » pour le président Emmanuel Macron.

Y. Z.