La compagnie souffle sa 60e bougie : Sonatrach, belles réussites et grosses ambitions

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PAR ABDELLAH B.

La compagnie nationale des hydrocarbures a fêté avant-hier son 60e anniversaire, dans une conjoncture mondiale porteuse de nouveaux défis. En effet, depuis la nationalisation des hydrocarbures en 1971, Sonatrach a fait du développement des hydrocarbures son
cheval de bataille pour à la fois répondre à la demande locale et garantir des ressources en devises via les exportations pour permettre au pays de mener sa politique de développement. Et pour s’adapter aux nouveaux paradigmes et préserver sa position sur la scène internationale, le groupe affiche de nouvelles ambitions en s’engageant sur plusieurs fronts.

En effet, la compagnie publique élargit son portefeuille d’investissement au-delà du secteur de l’énergie et des énergies nouvelles et renouvelables pour atteindre l’hydraulique,
l’agriculture ou encore l’industrie minière et d’autres.

2024-2028 : un plan d’investissement de 50 milliards $

Intervenant à cette cérémonie de la célébration du 60e anniversaire du groupe, le PDG Rachid Hachichi, qui a fait une rétrospective des réalisations du groupe depuis sa création en 1963, dévoile les grands axes d’un programme ambitieux permettant à Sonatrach de préserver sa position parmi les leaders sur la scène régionale et internationale. Il évoque un plan d’investissement de 50 milliards de dollars sur la période allant de 2024 à 2028.

Un budget colossal qui permettra à la compagnie publique de relever l’un des plus importants défis, celui du renouvellement des ressources et l’amélioration de la production. Sur les « 50 milliards de dollars réservés par Sonatrach à son développement durant cette
période, 36 milliards de dollars sont orientés vers le développement de la branche exploration-production », a-t-il souligné.

L’orientation des investissements vers l’activité de l’amont pétrolier et gazier s’explique, selon ce dernier, par la croissance de la demande locale d’une part et l’engagement de l’Algérie pour l’amélioration des exportations et répondre à la demande de ces clients en la matière. Outre le renforcement des capacités d’investissement du groupe, Hachichi table sur l’investissement étranger pour booster la production du pays, notamment dans le secteur gazier où Sonatrach est appelé à jouer un rôle prépondérant dans les décennies à venir.

Sur ce point, Hachichi affirme qu’une « batterie de mesures a été prise, que ce soit dans le cadre de la loi sur l’investissement ou celle sur les hydrocarbures avec l’objectif d’attirer des bailleurs de fonds étrangers pour investir dans l’amont pétrolier et gazier en Algérie ».

La pétrochimie au centre des intérêts

Outre l’amélioration de la production des hydrocarbures, l’un des objectifs majeurs de la compagnie pour les années à venir est l’amélioration de la performance de la filière de l’industrie pétrochimique. Dans ce sens, le PDG du groupe affirme que Sonatrach « aspire à développer son portefeuille d’investissement par l’extension de ses activités dans le domaine des industries pétrochimiques, à travers la production du polypropylène, le lancement des travaux de réalisation de l’unité de production du méthyltert-butyl éther (MTBE) ».

Dans le même volet, le groupe fixe comme objectif de transformer près de 53% de la production de pétrole brut du pays dans les années à venir.

Décarbonations et EnR

En fait, le marché énergétique mondial connaît des mutations accélérées, Sonatrach s’est retrouvée dans l’obligation de s’adapter à la nouvelle donne. Celle de l’amélioration de la production des énergies fossiles, le gaz en particulier avec le recours à la technologie de décarbonation, d’une part et de l’autre le lancement dans la bataille des énergies nouvelles et renouvelables.

Une manière de garder un œil vigilant sur l’évolution du marché énergétique et de répondre aux nouveaux besoins du marché. De ce fait, en matière de décarbonation, le groupe s’est engagé dans la réalisation d’un programme important visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre à moins de 1% d’ici à 2030, indique le premier responsable du groupe.

Il s’agit donc de la modernisation des installations de Sonatrach pour faciliter les activités de récupération du gaz torchés d’un côté et le recours à l’énergie solaire pour réduire la
consommation du gaz. Sur ce point, le groupe a déjà défini les objectifs à atteindre en évoquant le recours à l’énergie solaire dans 80% des installations énergétiques d’ici à 2030.

L’engagement du groupe sur cette voie s’explique par deux facteurs essentiels, le premier est en lien avec l’engagement climatique du pays visant la réduction du gaz à effet de serre et le deuxième est en relation avec le marché traditionnel de Sonatrach qui se dirige vers les énergies propres dont le gaz à faible carbone.

Pour ce qui est des énergies nouvelles et renouvelables dont l’hydrogène en particulier, Sonatrach s’apprête également à marquer de son empreinte le marché international, en lançant quatre projets avec des partenaires étrangers. Il s’agit de projets pilotes, portant sur la production et la canalisation de l’hydrogène, une manière de préparer les
compétences du groupe à s’adapter à cette nouvelle ressource énergétique.

Le groupe est donc appelé à jouer un rôle crucial dans le développement de cette ressource
d’énergie future dont l’Algérie dispose d’importantes potentialités.

A. B.