La Kabylie renaît de ses cendres !

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/Les Algériens n’oublieront jamais ce que la population kabyle a enduré en août dernier. Un mois durant lequel de nombreux incendies se sont déclenchés un peu partout dans cette région ravageant plusieurs villages et faisant des dégâts matériels considérables et des dizaines de pertes humaines.

Il a fallu une lutte acharnée de la population locale, des bénévoles, des membres de la Protection civile et de l’ANP pendant plus d’une semaine pour que les feux soient contrôlés et éteints en totalité.

La nature reprend ce qui lui appartient

Trois mois après le drame, la Kabylie commence petit à petit à reprendre des couleurs. Connue pour être belle, rebelle, elle était, en l’espace de quelques jours, devenue un tableau noir et blanc. Noir de par le visage affiché de ses habitants et des arbres calcinés, et banc comme la couleur des cendres qui ont dominé les paysages jadis paradisiaques. Mais les hommes et surtout les femmes kabyles ne sont pas paresseux. Des batailles, ils en ont menées des centaines par le passé. Contre la nature ou contre les hommes, ils sont toujours prêts pour le combat. La reconstruction de leurs villages a débuté au lendemain du drame. Les dernières pluies sont venues donner un coup de main à cette brave population pour qu’ensemble, ils réparent la bêtise humaine. Ainsi, la vague de froid qu’ont connue la capitale mais aussi les villes voisines dont Tizi Ouzou et Béjaïa a commence à redonner vie à ces villages bâtis en pleine montagne, au milieu des forêts.   

Les reboisements ont débuté avant les pluies

Avant même que la nature ne leur sourie, les Kabyles avaient décidé de prendre les choses en main. Fidèles à eux-mêmes et avec la solidarité qui les caractérise, les villageois, à travers les conseils de villages, les associations tels que Assirem, Ameziav N’Lahna,  ou par des actions individuelles, n’ont pas hésité à aider, chacun à sa manière les victimes directes et indirectes de ces feux. C’est ainsi que des dons d’oliviers, de figuiers et de bétail ont été faits. Beaucoup d’habitants de Larbaâ Nath Irathen, Ath Yenni, Ath Ouassif, Iwadhiyen et Béni Douala en ont bénéficié. Il suffit de prendre la route de Oued Aïssi à Ain El-Hamam, en passant par le barrage de Taksebt, Irdjen, Azzouza et For National pour s’apercevoir du changement spectaculaire qu’a connu la région en ce mois de novembre. Bien évidemment, cela ne suffira pas pour que ces malheureuses victimes tournent la page définitivement, notamment ceux qui ont perdu des êtres chers, mais ça fait quand même plaisir de voir à nouveau les champs olivâtres proliférer et les moutons et vaches vagabonder sur ces terres sacrées de Kabylie.

Le barrage de Taksebt qui commence à se remplir, l’autre bonne nouvelle

Les fortes chutes de pluie qu’a connues la région ont eu un effet positif réjouissant tous ceux qui y vivent. En effet, depuis quelques jours Taksebt, à sec il y a 3 mois seulement,  commence à se remplir. Ce barrage, qui dessert plusieurs villages et villes voisines dont Alger, est de nouveau bleu en attendant la neige qui commence déjà à habiller en blanc le mont du Djurdjura. Les habitants auxquels nous avons parlé de l’effet négatif que peuvent causer ces pluies et neiges comme le blocage des routes ainsi que les accès aux villages, ont eu la même réponse : «Ne nous portez pas la poisse. Qu’il pleuve qu’il neige, nos terres en ont besoin, et nous aussi.» 

Plusieurs événements sont programmés pour donner plus de couleurs à la région

Par ailleurs, nous avons pu apprendre que dans plusieurs villages, notamment à Boudjelil, Ath Hag, Azzouza, Ath Hali, Ikhelidjen, Ath Atteli, et Taza, plusieurs événements sont programmés pour rendre ces montagnes encore plus belles qu’elles ne l’étaient avant août dernier. C’est le cas de l’association Ameziav n’Lahna dirigée par Hadni Ghilas qui organise chaque week-end des opérations de nettoyage, de reboisements et autres volontariats dans le village situé à Irdjen. «On est le 5e village le plus propre de Kabylie, on se doit d’être à la hauteur, on n’a que cette terre, on n’a que l’Algérie», nous dira un membre de cette association. En parallèle, plusieurs activités culturelles sont inscrites au programme. Certaines associations, en collaboration avec la maison de culture de Tizi Ouzou ont prévu de grandes manifestations lors du prochain nouvel an berbère. «Tous ceux qui veulent prendre part à ses festivités et visiter par la même occasion la région sont les bienvenus. On espère que le 12 janvier prochain, toutes et tous ceux qui sont venus des quatre coins de l’Algérie nous aider l’été dernier reviendront Yennayer prochain pour célébrer avec nous cette date dans une ambiance autre que celle qui régnait en août dernier», nous dira Da Achour, paysan, mais aussi directeur d’une école privée dans la région de Fort National. Ce qu’il faut savoir, c’est que nous ne sommes qu’en automne, et contrairement aux précédentes années, les chutes de pluie ont été plus conséquentes que d’habitude en attendant l’arrivée de la neige. La Kabylie est déjà presque toute verte. Même les arbres calcinés ont commencé à se régénérer et des bourgeons apparaissent au bout des branches. Cela promet un primptemps comme on les aime et des tableaux de la nature à couper le souffle. Il est vrai que les cicatrices sont toujours là et elles le resteront, mais comme relevé un peu plus haut, les Kabyles sont un peuple fier, travailleur, solidaire qui ne fléchit jamais. Grâce à eux, et avec l’aide de Dieu, le Kabylie se relèvera et renaitra de ses cendres.

F. C.

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