La mandole, des cordes qui chantent l’Algérie

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Par Delloula Morsli

Qu’elle soit entre les mains des maîtres du chaâbi ou celles des grands chanteurs kabyles, la mandole porte l’âme de la musique algérienne. Déclinée en plusieurs formes, toutes ces variantes partagent un design fondamental commun, à savoir des cordes doubles en acier qui confèrent à l’instrument l’originalité du son émis, une caisse longue et aplatie afin d’optimiser cette résonance et un manche à frettes qui permet au musicien de jouer avec précision.

La mandole algérienne, bien que dérivée de la mandore européenne aux origines médiévales, a connu son propre cheminement. Au début des années trente, le jeune El Hadj M’Hamed El Anka se familiarise avec la demi-mandole. Cependant, insatisfait par son manque de puissance, il  décide de repenser l’instrument pour en améliorer les performances et dessine lui-même les plans d’une nouvelle mandole. Il confie, en 1935, la réalisation de son prototype à l’italien Jean Bélido, professeur de musique et artisan-luthier basé à Bab El Oued. Le cardinal voulait un instrument dont le son résonnerait, autant que sa propre voix, pour être entendu au-delà des maisons de la Casbah. Il tenait également à se démarquer de l’orchestration andalouse et affirmer sa personnalité algérienne à travers un nouveau genre musical qui allait naître en même temps que son instrument phare, le chaâbi.

Depuis sa création, la mandole algérienne a su séduire de nombreux musiciens à travers les générations. Instrument principal du chaâbi algérois, plusieurs noms ont contribué à son essor après El Anka. Il s’agit entre autres d’El Hadj M’rizek, Boudjemaa El Ankis, Ezzahi et plus récemment, Mohamed Rouane. La mandole est également un élément essentiel de la musique kabyle, dans ses variantes chaâbi et traditionnelles. D’ailleurs, Cheikh El Hasnaoui ou encore Lounes Matoub ont participé à sa popularité à travers leur musique.

Plus qu’un simple instrument de musique, la mandole est un héritage artisanal précieux. De génération en génération, des luthiers passionnés transmettent leur savoir-faire dans la fabrication de ces instruments uniques. Des artisans d’Alger, de Tizi-Ouzou et d’autres régions d’Algérie s’investissent pour préserver cette tradition, créant avec dévotion des mandoles qui continuent de charmer les mélomanes du monde entier.

D.M.