La nutrithérapeute Asma Attalah tire la sonnette d’alarme : «Le menu du f’tour réduit fortement les bienfaits du jeûne»

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Le Ramadhan approche et la tradition veut que la table du f’tour soit garnie de tous les mets. De l’entrée au dessert, le menu est copieux. Il ravit certainement les papilles, mais qu’en est-il de son impact sur le corps après plusieurs heures de repos ? La nutrithérapeute Asma Attalah tire la sonnette d’alarme. Attention à ce que vous mettez dans vos assiettes !

Asma Attalah est nutrithérapeute au sein de la clinique Plasma plus. Elle explique que la nutrithérapie est une médecine basée sur la biochimie médicale. L’intervention du médecin nutrithérapeute se fait à l’échelle cellulaire. C’est ce qu’on appelle également la médecine fonctionnelle ou la médecine orthomoléculaire.

D’emblée, la spécialiste souligne les bienfaits du jeûne. Selon elle, c’est un mois de répit qui permet au corps de se régénérer. Il est donc en réparation.

« Lorsque nous mangeons, 80% de notre énergie sont mobilisées par notre système digestif. Donc la réparation se fait mal. Au cours des heures de jeûne, nous restaurons le système de réparation. C’est un renouvellement complet des tissus, des cellules cérébrales et de tous les autres organes. La digestion va grandement s’améliorer. La réparation du foie et des reins commence à partir du 15e jour du jeûne et elle est considérée comme une vraie détox », souligne Asma Attalah.

Ces bienfaits ont d’ailleurs popularisé ce qu’on appelle le « jeûne intermittent » qui consiste à alterner des périodes de prise alimentaire et des périodes de restrictions qui donne au corps le temps nécessaire pour faire sa réparation.

Malheureusement, les bienfaits du jeûne sont supprimés dès la rupture du jeûne. Le système digestif, qui est au repos durant presque 16 heures, doit se remettre au travail avec des aliments riches dont la dégradation demande beaucoup de temps.

« Il suffit de faire un tour aux urgences le premier jour du Ramadhan pour comprendre l’ampleur de la situation. C’est blindé par des hyperglycémies, de l’hypoglycémie, de l’hypertension, des troubles gastro-intestinaux, de l’intoxication, etc. », met-elle en garde.

Qu’est-ce qui cloche dans notre menu ?

La nutrithérapeute explique que le menu est pratiquement le même dans tous les foyers. Cette tradition culinaire, qui veut que la rupture du jeûne commence par le lait fermenté, ensuite la chorba, bourek, la viande et les gâteaux, provoque un vrai séisme dans le corps, alerte-t-elle.

« Au moment de rompre le jeûne, la plupart des gens commencent avec du lait fermenté (lben). Les produits laitiers sont très compliqués dans la dégradation et la digestion, ce qui va freiner la digestion des aliments qui vont suivre après », informe-telle.

La spécialiste note que les produits laitiers sont hyperglycémiques. Les consommer au moment de la rupture du jeûne va provoquer un pic de glycémie. Une heure après, le corps va réagir par une hypoglycémie pour créer un équilibre. C’est d’ailleurs ce qui donne cette sensation d’étourdissement et d’endormissement pendant la soirée. Asma souligne que le besoin le plus urgent pour le corps, après une journée de jeûne, est l’hydratation. Elle recommande de rompre le jeûne en prenant un verre d’eau et un fruit.

« Je tiens à préciser que les dattes sont très importantes pendant le Ramadhan c’est un fruit riche en nutriments, fibres et glucides, qui réhydrate et facilite la digestion. À condition de ne pas dépasser trois dattes. C’est une question de modération », explique Asma Attalah.

Chorba-bourek, un duo pas très commode

L’huile et la tomate sont à l’origine des reflux acides dont souffrent beaucoup de personnes pendant le Ramadhan, avertitelle. La tomate est acidifiante, qu’elle soit fraîche ou en conserve, la consommer en premier, alors que l’estomac est vide, provoque des brûlures parfois insupportables. Pour éviter ces désagréments, elle recommande une soupe de légumes où une h’rira avec une bonne graisse, comme l’huile d’olive. Aussi, les boureks doivent être cuisinés au four et réduire l’huile de tournesol.

Asma Attalah souligne que les gens ont pris l’habitude de manger les salades à la fin du repas. Alors que l’apport en fibres doit se faire avant d’entamer le plat de résistance riche en protéines.

« L’ordre est important dans la consommation du repas du f’tour. Les fibres qu’on trouve dans une bonne salade de crudités sont comme une éponge dans l’estomac. Elles procurent une sensation de satiété et nettoient nos intestins des toxines. Ensuite vient la protéine et il faut privilégier la viande blanche parce que la rouge est inflammatoire », ajoute-elle.

Prendre le repas en deux temps permet une meilleure digestion. Attendre une vingtaine de minutes entre la rupture du jeûne et la suite du repas donne le temps au corps de digérer convenablement, ajoute-elle

Vous dormez mal à cause de votre alimentation

Les problèmes de sommeil surviennent de l’alimentation. Il faut laisser passer 4 heures entre la fin du repas et le moment de se mettre au lit pour dormir. Le sommeil est un système de réparation. On dort pour récupérer l’énergie que nous avons consommée dans la journée, conseille la nutrithérapeute.

« Le corps fabrique des cellules cancéreuses tous les jours. On ne développe pas tous des cancers grâce à ce système de réparation, d’où l’importance de lui permettre de faire son travail. Si, à titre d’exemple, je prends un aliment sucré qui provoque un pic de glycémie ou une viande rouge inflammatoire, le corps est complètement désorienté. Il se retrouve à assumer plusieurs missions, à savoir faire baisser la glycémie et calmer l’inflammation. Le système de réparation est donc supprimé », explique-elle.

L’hydratation ne se fait pas par le biais de boissons gazeuses

Les boissons gazeuses trônent au milieu de la table du f’tour comme un indispensable. Même si elles donnent l’impression d’étancher la soif, celles-ci, au contraire, déshydratent le corps car elles contiennent beaucoup de sucre.

« L’hydratation est importante pour le système digestif. La réparation demande beaucoup d’eau. Il faut rompre le jeûne en prenant de l’eau et arrêter de boire pendant qu’on mange. Au cours de la soirée, il faut prendre un verre d’eau chaque demiheure ».

Le Ramadhan est le seul mois de l’année où le corps se repose et se répare, estime la nutrithérapeute. Cependant, la façon de s’alimenter durant ce mois réduit considérablement les bienfaits du jeûne et met en danger la santé des jeûneurs.