L’Algérie ciblée par les fake news

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/«L’information fausse, manipulée ou subvertie, c’est une arme». Non détrompez-vous, cette phrase n’est pas extraite d’un synopsis d’une série américaine de cyber espionnage, son auteur n’est autre que l’actuel ministre des Armées du gouvernement Macron, Florence Parly.

Mercredi dernier au siège de l’Etat major des armées de la République française, la ministre de la Défense a présenté sa nouvelle stratégie de lutte informatique d’influence. Placé sous le commandement direct de l’Etat major des armés, cette nouvelle politique confirme la volonté assumée de l’armée française de ne pas limiter son action à une «simple veille numérique». Désormais, le vocabulaire affiché par Parly parait beaucoup plus décomplexé. L’armée française assume dorénavant que son commandement de la cyberdéfense (Comcyber), diffuse des contenus pour «induire en erreur» l’ensemble de ses prétendus adversaires.  Pour être plus clair, la terminologie assumée par la ministre de la Défense est on ne peu plus clair. «Dénoncer, contenir, affaiblir ou discréditer, y compris par la ruse, une attaque informationnelle». Telles sont les missions assumés par Parly qui se transforme en l’espace d’un moment en une espèce de propagandiste-guerrier 2.0. Il faut sans doute rappeler que les forces armées françaises ont été officiellement et publiquement mises en cause par la direction de Facebook. Le 15 décembre dernier, une conférence de presse d’un dirigeant de Facebook a clairement annoncé avoir «démantelé un réseau de faux comptes associés à des individus ayant des liens avec l’armée française, et se livrant à des activités de propagande sur le réseau social, ainsi que sur Instagram.» 84 profils, six pages et neuf groupes, dont certains étaient actifs depuis 2018, ainsi que quatorze comptes Instagram ont été supprimés. A l’époque, le journal Le Monde a même évoqué un rapport détaillé, publié par l’université de Stanford et l’entreprise d’analyse des réseaux sociaux Graphika, ou des chaînes YouTube et des comptes Twitter semblaient être liés à cette opération. La cible de l’armée française avait été clairement déterminée. Les faux comptes incriminés étaient exclusivement présents en Afrique. Les pays concernés ont même été identifiés par Facebook. Le Mali, le Niger, la Centrafrique, la Côte d’Ivoire, le Burkina et… l’Algérie ont été cités par le rapport du géant américain. Au diable, les droits de l’homme, au placard le droit international humanitaire, la France assume sur le papier avoir déclenché une cyber guerre dont une des cibles n’est autre que l’Algérie.

Wagner, Polisario, guerre des clans : les éléments de langage des trolls

Du côté d’Alger, le plan d’attaque a été démasqué puis condamné publiquement. Début octobre, le porte-parole du ministère des AE algérien a «souligné» le rôle du patron de la DGSE  dirigé par l’ancien ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, dans la gestion de «l’action marketing» visant à vendre le complot impliquant l’Algérie dans le déploiement de la société Wagner au Mali. Ne laissant pas la moindre place au doute, le représentant algérien avait clairement signifié que l’action a été menée au profit du Maroc par des sites d’information qualifiés de «misérable marionnette». Insinuant de fait que la Direction générale de la sécurité extérieure française tirait les ficelles. Retraçant un ensemble de sujets traités par les marionnettistes, il nous a été facile de repérer un ensemble de sujets visant à semer le trouble au sein de la société algérienne. Pendant des semaines,  il a été question de l’effondrement des capacités de production de la Sonatrach, alors que Hakkar annonçait ces derniers jours des chiffres record pour cette année.   Sur le plan politique, les Algériens ont lu sur leur compte Facebook ou entendu sur des vidéos Youtube de certains «influenceurs» des prétendus frictions entre la présidence et le commandement de l’ANP. Sur le terrain, l’action quotidienne du président de la République ainsi que celle du chef d’Etat major montre un tout autre scénario.  

«Qui tue qui» saison 2 ?

D’autres sujets ont été distillés et de nombreux autres vont continuer à être déversés sur la toile algérienne. Quant on lit les déclarations de la ministre des Armées, on voit que le leitmotiv de la démarche française n’est autre que «convaincre les acteurs d’une crise d’agir dans le sens souhaité». Il parait évident que la «main de l’étranger» commence à avoir du sens pour l’ensemble des citoyens algériens qui devront faire preuve de discernement au quotidien. L’Etat français, a travers son nouveau commandement cybernétique, vient de déclencher une guerre dont la cible, selon les rapports de Facebook, seront les citoyens africains en général et les Algériens en particulier. Ces derniers, ceux qui ont survécu à la décennie noire, ont déjà gouté à la guerre de désinformation de l’époque avec le fameux slogan «qui tue qui» inspiré par Mitterrand, le président français de l’époque et relayé par tous ceux qui avaient intérêt à dédouaner les terroristes de leurs crimes et par la même enfoncer les forces armés algériennes. Aujourd’hui, ils se présentent sous d’autres appellations et évoqueront des sujets sensibles pour le citoyen algérien. Les trolls vêtus de leurs tuniques bleu blanc rouge vont essayer de titiller les Algériens sur la question du séparatisme, des crises sociales ou des sujets de souveraineté nationale. Sauf que cette fois l’ennemi est débusqué et les futurs crimes seront forcément signés.

C. S.

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Tebboune : «Il faut plus d’efforts pour lutter contre les guerres de 4e génération» 

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a affirmé hier que notre pays nécessitait davantage d’efforts pour acquérir les outils de contrôle des méthodes et des connaissances, nécessaires à la lutte contre les guerres de quatrième génération qui ciblent l’Algérie.

Dans un message adressé à la corporation médiatique en célébration de la Journée nationale de la Presse, le chef de l’Etat a indiqué qu’avec « la consécration de la liberté de la presse et la valorisation de ses démarches visant à s’adapter à l’ère du numérique, « … nous avons besoin de « davantage d’efforts pour acquérir les outils de contrôle des méthodes et connaissances, nécessaires à la lutte contre les guerres de quatrième génération qui ciblent l’Algérie ».

Ces guerres, a-t-il poursuivi, « s’inscrivent dans le cadre de plans aux facettes multiples s’attaquant à l’existence de notre pays voire à son identité séculaire à travers des complots savamment orchestrés pour saper le décollage de l’Algérie nouvelle, déterminée à recouvrer son rôle pionnier à l’échelle régionale, et la place qui lui sied dans les foras internationaux ». Et d’affirmer « la patrie des Chouhada est prise pour cible par de nombreuses parties conspiratrices qui recourent à des méthodes d’espionnage et de guerre cybernétique intensifiées, s’employant à porter préjudice à l’histoire et à la mémoire de la nation… L’Algérie avortera ces tentatives vaines grâce à la vigilance des Algériennes et Algériens, et aux lignes de défense chevronnées de la nation auxquelles adhèrent les enfants du secteur de la presse nationale avec leur haut sens de professionnalisme et leur engagement indéfectible ».

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