L’aquaculture se développe en Algérie : Objectif 150.000 tonnes à l’horizon 2035

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L'aquaculture se développe en Algérie : Objectif 150.000 tonnes à l'horizon 2035

Face à l’épuisement des ressources halieutiques au niveau mondial, du fait de la pollution marine, des changements climatiques et de la surpêche, l’aquaculture se révèle comme l’une des meilleures options pour promouvoir une pêche durable et faire face à cette surexploitation des stocks halieutiques.

PAR BRAHIM AZIEZ

L’Algérie n’est pas restée en marge de cette politique internationale. Du coup, la stratégie
nationale s’est fixé comme objectifs de développement de l’aquaculture d’atteindre les 150.000 t/an à l’horizon 2035 (100.000 t issues de l’aquaculture marine et 50.000 t de l’aquaculture d’eau douce).

En effet, l’Algérie a orienté ses efforts ces deux dernières décennies sur l’élaboration d’une stratégie nationale de développement durable de l’aquaculture marine et d’eau douce, qui a inclus l’adoption des mesures incitatives et un support technique efficace aux secteurs public et privé.

C’est ainsi que 29 zones d’activités aquacoles prioritaires (ZAAP) ont été identifiées, dont 10 ont fait l’objet d’affectation. Ces ZAAP serviront d’assiettes de terrain pour recevoir les projets de pisciculture et de conchyliculture (élevage des coquillages comestibles).

Actuellement, il est question de 19 projets d’aquaculture marine en activité pour une production totale de 14.990 t et 21 projets d’aquaculture en eau douce en activité pour une capacité de production de 2.050 t.

Des ressources inexploitées

Il est utile de rappeler qu’en 2016, l’Algérie comptait 22 fermes aquacoles, dont 17 fermes
marines, d’une capacité de production de 10.000 à 11.500 t/an. Les choses n’ont commencé à évoluer que ces dernières années où une véritable stratégie nationale a été mise en place.

Il est ainsi apparu clair que notre pays dispose d’un volume très important en ressources
hydriques, dont la quasi-totalité reste inexploitée : un potentiel d’environ 100.000 ha de ressources hydriques naturelles ou artificielles à travers les 1200 km de côte.

La production est actuellement estimée à un peu plus de 15.000 t/an, équivalant à
un taux de 13% de la production halieutique. Les barrages ne sont pas en reste dans la stratégie gouvernementale de soutien à l’aquaculture, puisqu’ils contribuent à une production annuelle de 200 à 500 t d’espèces de poissons à valeur marchande, tels le sandre, le black bass, le barbeau ainsi que la carpe chinoise qui, en plus de sa valeur économique, joue un rôle de « purificateur » biologique.

Plusieurs fermes ont éclos à travers le littoral algérien, bien que la wilaya de Chlef arrive en tête avec une production qui avoisine les 5000 t.

D’autres projets sont en cours de réalisation, dont un complexe aquacole à Tlemcen dont la
mise en service est prévue cette année. Celui-ci est considéré comme l’un des « grands projets » du pays. Il comprend une unité de production d’aliments pour poissons, « la première du genre à l’échelle nationale », d’une capacité de 180.000 t/an, qui sera implantée dans la zone d’activités industrielles relevant du village Bendamou (commune de Maghnia), sur une superficie de 12 ha.

Il comprend également une écloserie pour l’élevage de poissons d’eau de mer à proximité de la zone d’activités de pêche maritime de Bir ElMaleh, dont la capacité de production annuelle devrait atteindre un million d’alevins, en sus d’une ferme aquacole de production de poissons de mer comprenant 100 cages flottantes sur une superficie de 445 ha, entre les communes de Ghazaouet et Marsa Ben M’hidi, avec une capacité de production annuelle oscillant entre 5.000 et 10.000 t de dorade royale et de loup de mer.

Réalisé par des investisseurs privés, ce grand projet contribuera, de l’avis des responsables
locaux, à ouvrir de nouveaux horizons pour la filière aquacole dans la wilaya de Tlemcen, en plus de la création d’un quai artificiel et d’une centaine de postes d’emploi.

3 types d’aquaculture

Trois types d’aquaculture sont pratiqués en Algérie. Il y a d’abord l’aquaculture marine avec ses trois filières prioritaires. La production escomptée est de 80.000 t, répartie entre pisciculture marine en cages flottantes (loup méditerranéen, dorade), conchyliculture (moules et huîtres creuses) et la crevetticulture marine (élevage en étangs en terre pour des essais d’espèces).

Ensuite, il est question d’aquaculture d’eau douce dont la production escomptée est de 20.000 t, entre pisciculture d’eau douce en cages flottantes au niveau des barrages et
retenues collinaires, pisciculture d’eau douce en étangs et en bassins (les espèces ciblées par ce type d’élevage sont le tilapia du Nil, le poisson chat africain, les carpes chinoises…), et la crevetticulture d’eau douce (Litopenaeus Vannamei, également connue sous le nom de crevette à pattes blanches du Pacifique).

Le choix porté pour cette espèce a pour objectif le développement de l’aquaculture au grand Sud à travers l’exploitation de l’énorme espace libre riche en eau souterraine.

B.A