Le dialogue inter-malien en faute de participants : Bamako dans l’impasse

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Par Djilali B.

Le dialogue inter-malien lancé par les autorités de transition en lieu et place de l’accord d’Alger qu’elles avaient décidé d’enterrer n’emballe pas grand monde dans la sphère politique.

Ce dialogue réinventé se voulait un processus malien sans médiation pour ramener la paix qui était déjà relative dans le pays. Le comité chargé de piloter l’entreprise a effectué des rencontres avec des cadres qui relèvent plus de l’administratif, présentés d’ailleurs comme des partenaires. Il y a aussi dans cette démarche des autorités maliennes cette tentative d’impliquer des représentations diplomatiques dans ce processus.

Bien entendu, des parties ciblées n’ont pas été forcément favorables à l’option de Bamako, en premier lieu pour avoir exclu particulièrement les groupes rebelles du nord, catalogués, sans préavis, de groupes terroristes, mais aussi les partis politiques attachés à la légitimité constitutionnelle, partant du principe et l’engagement énoncés par les putschistes de rétablir cet ordre constitutionnel dans un délai de 24 mois, après le second coup de force opéré par Goita.

Si la junte a réussi à faire adhérer des pans de la société ainsi que quelques réfugiés, il n’en demeure pas moins que quelque 40.000 à 50.000 réfugiés sont hors jeu de la démarche des patrons de Bamako.

En effet, la légion du nord avec ses rebelles et ses habitants a, selon les comptes rendus médiatiques, en majorité rejeté l’offre, particulièrement en raison de l’offensive militaire appuyée par les éléments du groupe russe Wagner, sous prétexte, est-il dit, d’instaurer la sécurité et de rétablir l’ordre à travers le territoire national ; beaucoup dans le nord, rebelles et réfugiés, notamment ceux installés en Algérie et en Mauritanie, sollicités dans ce cadre, ont réclamé la participation des premiers concernés, à savoir les représentants des groupes rebelles, des représentants des communautés pour donner une véritable dimension et consistance à l’éventuel accord qui découlera de ce nouveau dialogue.

En voulant intégrer la catégorie des réfugiés dans le dialogue, les maîtres de Bamako ont sans doute omis d’inviter leurs représentants communautaires, dont certains étaient signataires de l’accord d’Alger et qui ont d’ailleurs réaffirmé leur attachement à sa mise en œuvre rejetée sans argument par les putschistes.

Un simple alibi pour gagner du temps

En effet, d’emblée, étaient exclus les groupes du nord, signataires de l’accord d’Alger, qui avaient par ailleurs réclamé son application – réduisant ainsi ce processus à un simple alibi pour gagner du temps pour la junte militaire, avait d’ailleurs expliqué un réfugié malien à Tamanrasset, en Algérie.

Par ailleurs, les partis politiques, signataires de la déclaration du 31 mars pour un retour à la légitimité constitutionnelle, partant du principe que les putschistes avaient établi un calendrier pour organiser des élections, ont volontairement et sans raison reporté le calendrier électoral. Les partis signataires de cette déclaration sont, par décret, interdits d’activité politique.

Face à cet acte que les formations politiques considèrent injuste et injustifié, ces partis ont saisi la cour suprême  pour annuler ce décret.

«Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024 informent l’opinion publique du dépôt d’un recours auprès de la cour suprême a l’effet d’annuler le décret qu’elles jugent tyrannique et liberticide du 10 avril 2024, portant suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations, par l’entremise d’un pool d’avocats constitué pour la cause», lit-on dans le communiqué rendu public par les partis concernés. Ces partis ont par ailleurs rejeté le dialogue initié par les putschistes et salué l’élan du refus du dialogue initié par les autorités en place.

D.B.