L’habileté de la diplomatie algérienne

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Algérie à l'ONU

PAR DJILALI B.

Finalement, le conseil de sécurité a réussi à adopter un texte sur la Palestine sans que soit brandi le veto. Il faut reconnaître que le groupe des dix membres élus (E10) dont l’Algérie, qui est derrière cette initiative, la seconde en une semaine quasiment, a fait preuve de capacité à convaincre les membres permanents du conseil pour arriver à leur faire endosser le texte qui semble, tout compte fait, consensuel, puisqu’ayant fait l’objet de discussions dans le groupe E10 et au niveau bilatéral entre les membres de la délégation diplomatique algérienne à New York et au niveau central, à Alger, avec l’exemple de cet entretien téléphonique entre Ahmed Attaf et son homologue américain Antony Blinken autour dudit texte de son adoption.

« Le conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat pour le mois de ramadan à Ghaza, ouvrant la voie à la fin de près de 6 mois d’agression génocidaire de l’entité sioniste contre la population de cette enclave palestinienne », a rapporté l’agence APS. Pour rappel, a-t-on souligné, les Etats-Unis, qui ont utilisé leur droit de veto contre le projet de texte appelant à un cessez-le-feu, l’acheminement de l’aide humanitaire sans entraves et le rejet du déplacement des habitants de Ghaza, présenté par l’Algérie, ont adopté une position non contraignante en s’abstenant cette fois. Le texte est donc passé avec 14 voix pour une abstention. Peut-on voir ainsi dans la position américaine une évolution ?

Certainement, et elle est liée non pas à un revirement des Etats-Unis par rapport à leur soutien à Israël mais serait, sans doute, liée à l’attitude du gouvernement israélien et surtout l’attitude de son chef, Benjamin Netanyahu, qui défie toute la communauté internationale et veut mettre devant le fait accompli même ses alliés occidentaux. L’abstention des Américains au conseil de sécurité se veut un avertissement à Netanyahu qui semble privilégier la poursuite de ses opérations militaires criminelles et destructrices au détriment notamment de la vie des otages. L’union européenne a adopté une posture plus claire et tranchée. Certaines têtes de l’UE préconisent de cesser tout travail avec le gouvernement Netanyahu et de lui imposer des sanctions pour qu’il se soumette aux décisions de la communauté internationale dont un cessez-le-feu durable.

Entretien Attaf-Blinken

Par ailleurs, le vote de la résolution du E10 a été au centre des discussions entre le ministre des affaires étrangères Ahmed Ataf et le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, lors d’un entretien téléphonique lors duquel ils ont évoqué la question et le contenu de cette nouvelle résolution pour un cessez-le-feu à Ghaza. « Les deux ministres ont échangé leurs points de vue sur le développement de la situation à Ghaza en mettant l’accent sur les négociations en cours dans le cadre du conseil de sécurité autour du projet de résolution présenté par le groupe des dix (E10), dans le but d’arriver à un cessez-le-feu durable et sans condition », est-il indiqué hier dans un communiqué des AE.

Les félicitations de Pékin

La Chine avait par ailleurs annoncé son soutien au nouveau projet de résolution auprès du conseil de sécurité des nations unies exigeant un cessez-le-feu « immédiat » à Ghaza présenté par E10. La Chine avait opposé son veto au projet américain il y a quelques jours. « La Chine soutient ce projet de résolution et félicite l’Algérie et d’autres pays arabes pour leur dur travail à cet égard », a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère des affaires étrangères, cité par l’AFP. « Nous espérons que le conseil de sécurité l’approuvera au plus vite et enverra un signal fort pour que cessent les hostilités », a-t-il ajouté. Le vote, prévu samedi, a été reporté à hier, pour tenter d’éviter un nouvel échec. La délégation algérienne, sous la conduite de Amar Bendjama, avait promis de revenir à la charge après le rejet du projet de cessez-le-feu à Ghaza suite au veto américain.

Elle a adopté la stratégie du consensus en menant des discussions avec le groupe des membres élus, les 10 qui ont endossé le projet. La quête du consensus a été élargie aux membres permanents du conseil de sécurité qui ont finalement adhéré à la démarche algérienne pour mettre fin à la guerre d’Israël contre Ghaza et au drame imposé aux Ghazaouis depuis bientôt six mois. Une victoire vers la paix.

D. B.