Macron «regrette» les «malentendus» avec l’Algérie et invite Tebboune à Paris

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tebboune et macron
tebboune macron

Macron veut-il mettre fin aux crispations dans les relations de la France avec l’Algérie et a-t-il «fait le premier pas» en invitant Tebboune à Paris pour participer à la conférence internationale sur la Libye

La présidence française a annoncé hier que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, était invité à la conférence de vendredi pour aider la Libye à redevenir un pays stable, notamment en préparant l’élection présidentielle prévue le 24 décembre. «L’Algérie est un acteur majeur dans la région et le président souhaite la participation du président Tebboune à cette conférence», selon un conseiller  du président français au cours d’un briefing de presse consacré à la conférence sur la Libye.

«Le président de la République regrette les polémiques et les malentendus engendrés par les propos rapportés» et «il est fortement attaché au développement de la relation» entre la France et l’Algérie, a précisé le même conseiller. Et il souhaite que la relation bilatérale se développe «au bénéfice des populations algérienne et française mais également pour répondre aux grands défis régionaux, à commencer par la Libye».

Pour rappel, Emmanuel Macron avait déclenché la colère d’Alger après des propos rapportés le 2 octobre par le quotidien Le Monde accusant le système «politico-militaire» algérien d’entretenir une «rente mémorielle» en servant à son peuple une «histoire officielle» qui «ne s’appuie pas sur des vérités». D’après le quotidien, il avait également affirmé que «la construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française?». S’en est suivi une série de décisions algériennes,  comme le rappel de l’ambassadeur algérien à Paris, pour consultations, et la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions militaires français opérant au Mali. Depuis, c’est l’escalade.

En exprimant ses regrets, le président Macron, recadré par ses conseillers, a peut-être jugé qu’il est allé très loin dans sa tentative de reprendre à son compte les thématiques chères à Zemmour et avant lui à toute l’extrême-droite française classique. Il risque même à l’avenir de décevoir son vivier électoral qui peut ne pas se reconnaitre dans un président qui avait trop prétendu la modernité et la rupture avec l’ancienne classe politique française  

Que décidera Alger ?

Le président algérien répondra-t-il positivement à cette invitation, surtout qu’elle concerne l’avenir d’un pays qui nous est cher ? Au moment où nous mettons sous presse, aucune réaction de la présidence algérienne n’est venue confirmer la présence de Tebboune à Paris, vendredi prochain. L’Algérie, qui ne s’est jamais dérobée de son rôle dans la région, peut décider de participer à cette conférence internationale avec une forte délégation sans toutefois que le président de la République ne se déplace. Mais d’autres enjeux politiques peuvent rentrer en jeu et amèneront les dirigeants algériens à vouloir marquer la présence algérienne à un très haut niveau.

Dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, Tebboune a prévenu samedi qu’il ne ferait pas «le premier pas» pour tenter d’apaiser les tensions avec son homologue français, qui a peut-être pris prétexte de la conférence sur la Libye pour envoyer un signal fort, un signal qui pourrait être interprété par Alger comme  justement le fameux «premier pas».

N. A.

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