Méga investissement chinois : 7 milliards $ pour le phosphate algérien

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/Le projet des Phosphates intégré (PPI) voit enfin le jour. Cela s’est traduit par la signature, hier à Alger, d’un pacte d’actionnaires pour la création d’une société par actions de droit algérien, un partenariat entre les groupes algériens Asmidal (filiale de Sonatrach) et Manal d’une part, et les sociétés chinoises Wuhuan et Tian’an d’autre part. Le passage au dernier acte pour entamer les activités préliminaires relatives au développement du PPI, qui représente un investissement d’environ sept milliards de dollars, intervient quelques jours seulement après la visite du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, en Chine.

Dénommée Algerian Chinese Fertilizers Company (ACFC), la nouvelle société est détenue à 56% par la partie algérienne et à 44% par la partie chinoise. PPI est le premier projet intégré en Algérie dans le domaine de l’exploitation minière et la production d’engrais, et englobera le développement et l’exploitation du gisement de phosphate de Bled El Hadba et Djebel Onk (wilaya de Tébessa), la transformation chimique des phosphates à Oued Keberit (Souk Ahras), la fabrication des engrais à Hadjar Soud (Skikda) et les installations portuaires à Annaba. L’entrée en production du projet Phosphates intégré permettra à la société mixte, ACFC, de produire à terme 5,4 millions de tonnes d’engrais par an. De même, le projet permettra la création d’environ 12.000 emplois en phase construction, et 6.000 emplois directs et 24.000 emplois indirects à terme, lorsqu’il entrera en phase d’exploitation.

La sélection des deux partenaires chinois résulte d’un (nouvel) appel à manifestation d’intérêt ouvert, lancé par la partie algérienne en mai 2021.

Des revenus de 1,9 milliard $/an

Le Projet des Phosphates Intégré arrive à un moment très opportun, le conflit russo-ukrainien faisant planer de grandes incertitudes sur le secteur de l’agriculture, entre autres, en raison du poids de la Russie en matière de production d’engrais. Mais il faut rappeler que ce projet a été lancé en 2018, rencontrant de nombreux retards avant de se concrétiser. Tout avait été entamé le 26 novembre 2018, où un accord de partenariat entre les filiales du groupe Sonatrach, Asmidal et Manal, et les groupes chinois Citic et Wengfu avait être signé à Tébessa. Mais ces derniers ont dû quitter le projet en raison des exigences algériennes. Le retard a, aussi, concerné l’entreprise portuaire d’Annaba qui devait réaliser, au moins, un quai destiné à l’exportation du phosphate.  A l’origine, le projet comprenait trois complexes avec la plateforme de Oued Keberit à Souk Ahras (1484 ha) et celle de Hadjar Essoud à Skikda (149 ha, le gisement de Bled El Hadba à Tébessa (2045 ha), une station de dessalement d’eau à Guerbès (El Tarf) et le rail entre les wilayas de Tébessa et Annaba, selon la fiche technique dévoilée alors.  Le complexe de phosphate devrait garantir des revenus en devises à hauteur de 1,9 milliard de dollars/an. Sa mise en exploitation, devrait permettre la production de 6 millions de tonnes de phosphate/an et 1,1 million de tonnes d’ammoniac/an.

Hakkar : «Ça permettra à l’Algérie d’être l’un des principaux exportateurs d’engrais et de fertilisants»

Pour le P-DG du groupe Sonatrach, «le Projet phosphates intégré permettra à l’Algérie d’être l’un des principaux pays dans le monde dans l’export d’engrais et de fertilisants». Toufik Hakkar ajoutera, dans une allocution en marge de la cérémonie de signature du pacte d’actionnaires : «Actuellement, l’Algérie produit près de 3 millions de tonnes d’urée. Avec ce projet, l’Algérie produira plus de 6 millions de tonnes de produits phosphatés annuellement».  Selon le PDG de Sonatrach, ce projet comprend, également, des projets d’infrastructures connexes nécessaires pour accompagner le PPI, estimés à 5-6 milliards de dollars. Mais «ce projet va mobiliser beaucoup de ressources financières, humaines et techniques», avouera le patron de la Sonatrach qui y voit, toutefois, des impacts sociaux et économiques, notamment dans l’est du pays.  Pour sa part, le P-DG du Groupe Asmidal, filiale du groupe Sonatrach, a fait savoir que «les deux entreprises chinoises ont une grande expérience dans la technologie, la production d’engrais et l’exploitation minière du phosphate». Plus explicite, Mohamed Tahar Heouaine, expliquera qu’Algerian Chinese Fertilizers Company (ACFC) effectuera, dans un premier temps, l’ensemble des études économiques et techniques. Par la suite, une partie de la production sera orientée vers le marché local, alors que la plus grande partie sera destinée vers l’export, «ce qui fera de l’Algérie l’un des plus importants producteurs et exportateurs d’engrais phosphatés sur le plan international». Ceci, sans omettre de préciser que «ce projet utilise les dernières technologies pour une production importante de composants écologiques à moindre coût, en valorisant l’ensemble des rejets au profit d’autres secteurs tels que les travaux publics, la construction et les énergies renouvelables ».

B. A.