Processus de numérisation : Des avancées notables en attendant l’interopérabilité

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Le ministère de l’Enseignement supérieur lance deux nouvelles plateformes numériques

PAR R. AKLI

Erigé en priorité stratégique pour transformer les modes de gouvernance institutionnelle et économique, le processus national de transition numérique connaît des avancées palpables dans divers secteurs et administrations en attendant le parachèvement d’une nouvelle phase de sa concrétisation consistant à assurer une interconnexion optimale des différents systèmes d’information sectoriels mis en exploitation. Objet d’un suivi régulier par les plus
hautes autorités du pays à travers des rapports d’étape périodiques et des directives fermes et ciblées émises à chaque réunion du conseil des ministres ou de gouvernement, le passage à la numérisation marque ainsi des progrès concrets à différents niveaux, malgré l’existence de résistances et de défiances aux enjeux de transparence et de traçabilité qu’induit le principe d’une transition à des modes de gouvernance électronique.

La numérisation de l’administration et des institutions de l’Etat « se fera de gré ou de force », avait publiquement intimé le président de la République il y a une année en arrière, en évoquant des velléités de blocage et de résistance aux réformes mises en place pour garantir une gestion transparente des affaires publiques. Depuis, le processus de numérisation, qui passe par une conversion en masse de données et documents administratifs en fichiers digitalisés avec des statistiques plus fiables et des actes de gestion plus traçables, a franchi d’importantes étapes dans sa concrétisation, le chef de l’Etat ayant fixé des échéances claires en vue de son parachèvement.

« La fin du premier semestre de 2024 verra le parachèvement du projet de numérisation et l’on aura tranché définitivement cette question », avait-il ainsi signifié lors de son discours sur l’état de la nation en décembre 2023. Aussi, cette réforme stratégique amorce désormais sa phase ultime de mise en œuvre, qui consiste surtout à mettre en cohérence et à « coordonner les efforts entre les différents secteurs afin d’accélérer leur numérisation, notamment dans ses aspects liés à l’interopérabilité entre les différents systèmes d’information », comme précisé hier lors d’une réunion du gouvernement. Une nécessaire interconnexion qui permettra une meilleure centralisation des données et plateformes sectorielles disparates pour améliorer leur efficacité organisationnelle et opérationnelle en vue d’asseoir une transition numérique cohérente et globale.

Un service public plus fiable

D’où le lancement annoncé lors de la dernière réunion du conseil des ministres de la réalisation d’un centre de données national (data center) et l’approbation à cet effet d’un marché par négociation directe entre le haut commissariat à la numérisation et l’entreprise chinoise Huawei. D’où également l’élaboration en cours d’une loi-cadre pour coordonner les progrès réalisés par différents secteurs en termes de transition numérique et leur encadrement via des infrastructures sécurisées pour assurer l’interconnexion entre les différents centres et systèmes d’information sectoriels.

Une phase ultime et cruciale qui vient ainsi couronner les progrès et réalisations accomplis dans différentes domaines, en particulier les services d’état civil, la santé, l’enseignement supérieur, la justice, les impôts, les douanes, les domaines et autres. Des secteurs qui connaissent désormais une transformation numérique concrète en passant d’un modèle de gestion administrative lourde et basée sur le papier à des modes de fonctionnement modernes axés sur le digital et permettant ainsi une simplification palpable des démarches administratives et un service public plus fiable, plus sûr et à moindre coût. C’est le cas désormais dans différents services administratifs où la plupart des documents sont rapidement accessibles en ligne, de même que pour de nombreux services d’enregistrement, d’inscription et de paiement à distance qui se généralisent de plus en plus à la faveur de la numérisation à grande échelle des administrations, des organismes publics et des établissements économiques.

Gains de temps et d’argent

Une transformation numérique qui connaît des taux d’avancement de plus 75% dans de nombreux secteurs, à l’instar de celui de la santé, mais aussi celui de l’enseignement supérieur, avec la digitalisation de l’accès aux œuvres universitaires de transport, d’hébergement et de restauration, permettant une meilleure qualité de service et d’importants gains de temps et d’argent. Des progrès constatés globalement dans tous les secteurs, avec la mise en place d’une multitude de plateformes digitales dans les domaines de l’éducation, la sécurité sociale, la justice et autres et qui facilitent l’accès à différents services, tout en favorisant une réduction des coûts de gestion et de fonctionnement des administrations publiques.

Au cœur même de cette stratégie nationale de numérisation, car en première ligne pour garantir une gestion rationnelle et transparente des deniers publics, le secteur des finances a réalisé pour sa part des avancées plus que notables en termes de digitalisation de ses différents services, dont notamment ceux des domaines avec la numérisation d’une majorité des services de conservation foncières et des opérations cadastrales. De même, plus de 80 structures, dont 43 centres des impôts (CDI) et 37 centres de proximité des impôts (CPI), ainsi que la direction des grandes entreprises (DGE) ont été numérisés jusqu’à février dernier, alors que le portail numérique Moussahamatic, destiné à simplifier les démarches et obligations fiscales des contribuables en leur permettant de déclarer et de payer leurs impôts et taxes en ligne, a déjà été implémenté dans plus de 240 recettes des impôts, selon les données du ministère des finances.

Des réalisations qui reflètent en somme l’accélération que connaît ces derniers mois la mise
en œuvre de la stratégie nationale de numérisation en un temps relativement court, bien que beaucoup d’efforts restent à engager pour compléter cette transformation numérique qui prend concrètement forme et dont l’enjeu premier est d’induire une réforme en profondeur de la gouvernance politique et économique.

R. A.