Tebboune et le gros mensonge de «Moussa Darmanin»

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Tebboune

Dans le cadre de ses rendez-vous périodiques avec les représentants de la presse nationale, le président Abdelmadjid Tebboune a rencontré dimanche à la présidence deux journalistes  avec lesquels il a évoqué, dans les détails, tous les sujets d’actualité nationale et internationale.

Le volet relationnel avec la France a été largement abordé par le président Tebboune. «Je ne commenterai pas la question des visas car c’est une question de souveraineté pour la France à condition qu’elle respecte les accords d’Evian et les accords bilatéraux de 1968», expliquera calmement le président de la République qui haussera le ton quand il commentera les propos du ministère de l’Intérieur français qu’il nommera  «Moussa Darmanin». «Je n’accepte pas les mensonges», lancera M. Tebboune qui précisera que le chiffre avancé de 7731 clandestins algériens n’a jamais été évoqué par les autorités françaises. «Le décompte final de l’ensemble des listes qui nous ont été transmises nous amène à un total de 94 personnes dont nous avons accepté 21 et refusé 16 parce que leur dossier contiennent des anomalies comme un passage en Syrie, des cas qui n’avaient aucun lien familial en Algérie ou alors des binationaux», expliquera encore M. Tebboune. En fait, le président de la République algérienne a surtout mis à nu la démarche orchestrée par la coalition au pouvoir en France qui, à l’approche de la campagne électorale, semble avoir trouvé un nouveau mentor en la personne de Nicolas Sarkozy. Sachant que Darmanin a toujours fait partie du premier cercle de l’ex-président français, Tebboune a plusieurs fois utilisé l’expression «Karcher», histoire d’insinuer que Sarkozy fait partie des instigateurs des attaques à l’encontre de notre pays. Sur la forme, le président algérien regrette que son homologue français ait choisi de s’épancher sur les colonnes d’un journal au lieu de laisser les fonctionnaires des deux pays travailler dans la sérénité. «Ce n’est pas sur la presse qu’on règle ses choses là», s’est-il écrié.

Concernant le volet mémoriel, le président algérien énumérera l’ensemble des exactions commises par le colonialisme français. «Des aarouchs ont été décimés par l’armée coloniale ou alors, à titre d’exemple, 4000 victimes ont été comptabilisées à la mosquée Ketchaoua juste pour la transformer en église et certains pensent qu’avec un petit pardon on va effacer ça d’un revers de main», dira le président Tebboune. Ce dernier rappelle que l’Algérie exige «une reconnaissance de la France» pour les exactions commises. «Nous savons maintenant que sur les 132 ans de colonisation, il y a eu près de 5.630.000 victimes », lancera-t-il. A une question d’un journaliste sur la déclaration de Macron accusant les dirigeants algériens de surfer sur la rente mémorielle, le président algérien a demandé de «l’ihtiram» dans les rapports entre les deux nations. «Il ne faut pas oublier que l’Algérie a été un jour colonisée par la France», dira  Tebboune à l’adresse de son homologue français.

«Certes, Macron a bel et bien reconnu que le colonialisme était un crime contre l’humanité», avouera Tebboune, mais il conseillera à son homologue français de ne pas adapter son discours en fonction de la direction du vent «électoral».

C. S. 

Economie : «L’Algérie suivra le modèle italien, le français ne nous sied pas»

Rassurant et sûr de ses arguments, le président Tebboune prévoit une année 2022 relativement prospère pour l’Algérie tout en écartant toute possibilité d’endettement extérieur. «Le FMI me donne le tournis. Ils font tout pour nous pousser à l’endettement. Ils nous disent que ce n’est pas le moment des réformes structurelles alors que celles-ci sont demandées à toutes les autres nations. Parallèlement, la Banque Mondiale a loué et mis en évidence les capacités de résilience de l’économie algérienne face à la Covid. La Banque Mondiale estime que la croissance économique algérienne pourrait atteindre 2,6%, nous misons sur 4, voir 5% d’ici la fin de l’année. Je ne suis pas obligé de suivre le FMI, Je ferai ce que je jugerai bon pour mon pays». A propos des réserves de change, Tebboune a rappelé que leur montant qui était de 57 milliards $ il y a un peu plus d’un an est aujourd’hui de 47 milliards $, alors que les importations qui étaient estimées à 60 milliards sont aujourd’hui de 30 milliards $. «On va atteindre l’équilibre entre les importations et les exportations à la fin de l’année 2022», promet-il. 

«Le FMI veut coûte que coûte nous pousser à l’endettement»

Toujours en ce qui concerne l’économie, le chef de l’Etat a regretté le système obsolète de nos banques, qui, dit-il «travaille avec les mêmes outils et la même politique depuis plus de 15 ans». Il a appelé à moderniser ce secteur de manière à ce qu’il soit à jour avec le monde moderne. «Le monde a changé et les banques doivent changer», tonne-t-il. Relancé sur la question des 90 milliards $ qui circulent hors du circuit officiel, Abdelmadjid Tebboune, sans aller dans les détails ou «divulguer des secrets d’Etat», pour reprendre ses dires, a appelé les hommes d’affaires à aller déposer leur argent dans les banques, sans risque aucun d’être taxés ou poursuivis. «Il y aura amnistie, ils n’ont rien à craindre», dira-t-il.

«Le changement de monnaie était envisageable, mais…»

Toujours sur le même sujet, Tebboune est revenu sur les origines de cette problématique. «En 1991, on était fauchés, on s’est donc endettés et on a donné des autorisations à tout le monde pour importer des médicaments et de la nourriture, sans vraiment surveiller les opérations, des gens se sont enrichis, leur argent est resté hors circuit. On va discuter avec ces gens là, ça fait partie des règles du jeu, parce qu’on ne peut pas concevoir que 85% de l’argent soit entre leurs mains alors que l’investissement public est à 80%… ils travaillent avec notre argent… La même chose s’est passée en Italie à la fin de la seconde guerre mondiale, ils ont négocié avec les «riches» qui détenaient des petites entreprises familiales et relancé leur économie pour devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. Une économie forte basée sur les petites et moyennes entreprises.» Et d’ajouter : «C’est d’ailleurs ce pays qu’on doit suivre et non la France. On n’est pas comme la France, on est  comme l’Italie qui est une référence dans la transformation alimentaire et autre… L’Italie était à 85% dans l’informel en 1945, ils sont à 15% aujourd’hui, c’est l’exemple à suivre».  Avant de clore le sujet économie, Abdelmadjid Tebboune a confirmé que le changement de monnaie était envisageable comme solution au problème, mais qu’il ne voulait pas en arriver là. «On m’a effectivement proposé de changer de monnaie, mais personnellement, je ne veux pas en arriver là», dira-t-il sans pour autant écarter l’idée de manière catégorique.  

Pouvoir d’achat : «Des spéculateurs sont utilisés par des issabate»

Abdelmadjid Tebboune n’a pas manqué d’aborder le volet relatif au pouvoir d’achat des Algériens. A ce propos, il dira que la baisse de l’impôt permettra un rehaussement des salaires. Il dira tout de go que «l’ennemi de l’économie est l’impôt. On a baissé les impôts de manière à ce que les salaires se relèvent de 25%, mais cela n’a pas suffi». Tout en reconnaissant le  relèvement du niveau de vie à l’échelle internationale, le président Tebboune s’offusquera qu’il y ait des hausses des prix souvent injustifiées, à l’image du secteur de l’agroalimentaire. Il donnera comme exemple le cas des pates alimentaires qui sont subventionnées à travers la semoule, mais aussi l’eau et  l’électricité…

Pour Abdelmadjid Tebboune, l’explication réside dans des arrières pensées. «Lorsque les prix de produits comme les pois chiches, les lentilles et autres petits pois augmentent au niveau international, nous faisons en sorte, avec l’OAIC, de ne pas répercuter ces hausses sur le citoyen», dira le président de la République qui ne semble pas admettre que les prix d’un produit local augmentent, comme cela est le cas pour les fruits et légumes dont les productions étaient excédentaires. «Cela signifie qu’il y a des spéculateurs qui sont utilisés par des groupes mafieux (issabate) pour créer la zizanie et perturber les citoyens», affirmera-t-il tout en avertissant que des mesures fermes seront prises : «J’ai décidé, et j’ai instruit le ministre de la Justice, qu’on ait dimanche prochain sur la table du conseil des ministres, une loi criminalisant les individus qui touchent à la stabilité du pays avec des peines de 30 ans minimum, et qui peut aller à la perpétuité». 

Crise sanitaire : «Moi-même, je me suis fait vacciner»

Questionné au sujet de la vaccination obligatoire, le président de la République estimera qu’elle n’est pas encore envisagée. «Je ne pense pas qu’on va avoir recours à la vaccination obligatoire car on doit comprendre pourquoi nous assistons à toute cette réticence autour de cet acte qui est la seule voie de salut», dira-t-il. Néanmoins, il ne laissera aucun doute quant à la nécessité de se faire vacciner. «Moi-même, je me suis fait vacciner et j’ai eu ma dose de rappel comme bon nombre d’Algériens», annoncera le magistrat numéro 1 du pays qui estimera que «la rumeur a pris le pas sur l’analyse scientifique. On tente de nourrir la peur en relayant des informations infondées laissant sur le bas côté les explications techniques des spécialistes du domaine de la médecine», expliquera M. Tebboune qui indiquera que «tous les pays du monde font la course à la vaccination et nous, nous devons remercier Dieu de pouvoir disposer de quantités suffisantes de doses pour la vaccination de nos concitoyens. Nous avons importé ce qu’il faut et à cela va s’ajouter la production nationale».

Avant de clore ce sujet, M Tebboune exhortera «le citoyen à penser à lui et son propre entourage proche et peu importe si c’est l’Etat ou pas qui appelle à la vaccination», car avertira-t-il : «Nous ne sommes pas à l’abri d’une autre vague. Ce n’est pas exclu.»

Il a aussi dit

– Jamais, il n’y aura de base militaire étrangère sur la terre sainte d’Algérie

– Celui qui touche à la Tunisie touche à l’Algérie  

– Le chef du MAK est un terroriste, le pays qui le protège doit l’extrader. 

– Notre position vis-à-vis de la Libye n’a pas changé

– La présence des Russes au Mali est une affaire malio-malienne

– Le Maroc est un pays extentionsite et agresseur

– Une usine de drones israélienne au Maroc ? Ce n’est pas une nouveauté 

– On a demandé à la Ligue arabe d’enlever le point de «la médiation entre l’Algérie et le Maroc» de l’ordre du jour de son assemblée  

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