Tensions sur les traitements anticancéreux: L’Etat enquête

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Ali Aoun évoque des mesures

Les pénuries des traitements anticancéreux préoccupe les autorités. Ces derniers ont diligenté une enquête pour déterminer les causes.

Refusant à chaque fois d’utiliser le mot pénurie lorsqu’il évoque le sujet des médicaments anticancéreux en lui préférant celui de tension, Ali Aoun, ministre de l’Industrie pharmaceutique, compte bien mettre les choses à nu en ce qui concerne ces tensions à répétition qui ont privé les malades de leurs protocoles thérapeutiques.

En visite d’inspection à Alger, le premier responsable du secteur a tout d’abord rappelé l’impact de la crise sanitaire de Covid-19 qui a fait tourner le monde au ralenti durant plus de deux années sur la production des traitements anticancéreux. «La crise de Covid a laissé des traces. Les plus grandes usines du monde ont dû réduire leurs capacités de production en raison des tensions sur les matières premières», a-t-il expliqué.

650 millions € d’importations

Mais selon Ali Aoun, la pandémie mondiale est loin d’être l’unique responsable de ces tensions, en annonçant qu’une enquête va être ouverte concernant la destination de ces traitements dont la facture d’importation s’élève à 650 millions d’euros annuellement. «Ce sont des sommes faramineuses. Où partent ces médicaments ? Nous allons enquêter», a-t-il lancé. Il cite notamment un médicament pour la prostate dont la boîte de 30 comprimés coûte 380 millions de centimes avant de poursuivre : «Nous savons où partent ces médicaments. La PCH va maîtriser la situation.»

Aussi, le ministre n’a pas manqué de souligner que la gestion des stocks n’est pas toujours au top. «Les tensions existent mais il y a une mauvaise répartition. Il y a des difficultés dans la distribution. Au niveau des hôpitaux, il y a de la non-gestion des médicaments en général», a-t-il dit.

Le ministre a dans ce sens affirmé que son département travaille dur pour assurer la disponibilité des traitements cancéreux de jour comme de nuit. Toutefois, il a tenu à préciser que seules 15 ou 16 sortes sont concernées par ces tensions sur un total de 121.

Traitements anticancéreux: Le calvaire des malades

Véritable calvaire pour les malades condamnés à une mort lente, le manque de traitements anticancéreux est devenu aussi une véritable hantise pour les praticiens de la santé qui sont nombreux à crier leur ras-le-bol. C’est le cas de Pr Kamel Bouzid, président de la société algérienne d’oncologie médicale et chef de service oncologie au centre Pierre et Marie Curie, qui avait dénoncé en octobre dernier ces tensions.

«Le manque de traitement anticancéreux est un problème que jusque-là la tutelle peine à résoudre correctement. Je vous cite l’exemple du méthotrexate qui était en rupture. L’Algérie avait reçu un don de 12.000 boîtes de l’Afrique du Sud mais ce médicament ne sert à rien tout seul, car il a besoin d’acide folique, de sérum bicarbonaté et de bandelettes de réactifs pour la chimie des urines ! Sachant que ces 12.000 flacons ne tiendront qu’une semaine en Algérie !», avait-il fait savoir sur un plateau télévisé.

Pour sa part, la professeure Houda Boudiaf, chef de service d’oncologie pédiatrique du CHU Mustapha, a exprimé en début de mois sa détresse face aux malades, en qualifiant la situation d’«inacceptable».

«En tant que praticiens, nous n’avons pas le médicament et la drogue de chimiothérapie pour appliquer et respecter le protocole de chimiothérapie», avait-elle confié lors d’un entretien accordé à un journal électronique.

Déterminé à faire le grand ménage dans le secteur, Ali Aoun avait déjà sous-entendu avoir perdu le contrôle sur la destination de ces médicaments anticancéreux en faisant allusion à des parties étrangères qui font de la revente.

Aujourd’hui, c’est une véritable guerre que le ministre a déclarée à ce genre de pratiques, y compris celles des produits cabas.

Par Wafia Sifouane